TAD : le grunge primaire - Retour sur les années Sub Pop records

TAD : le grunge primaire Retour sur les années Sub Pop records  (dossier)
 

 

Injuste grand oublié populaire de la célèbre scène grunge issue de la septentrionale ville de Seattle, Tad n'a peut-être pas eu un grand succès populaire à l'instar des Nirvana, Soundgarden et consorts mais reste un groupe majeur pour les connaisseurs de cet âge d'or.

Ses trois premiers albums sortis chez Sub Pop records sont aujourd'hui ressortis dans une version remasterisée (par Endino) et enrichie. Une belle occasion d'appuyer sur la fibre nostalgique des fans de cette scène et de retrouver compilées, quelques joyeuses raretés.C'est aussi l'occasion de découvrir pour certains des disques qui sont le témoignage d'une époque charnière, offrant le chaînon manquant entre le hardcore des 80's et le rock des 90's. Le mix parfait d'un genre musical qui a brassé des millions de dollars en gueulant dans un micro et en faisant hurler les guitares.

 

"God's balls"

 

Il y a quelque chose de presque metallique dans ce premier album. Entièrement écrit par Tad Doyle (expliquant sa prééminence sur la pochette), enregistré avec le fameux jack Endino (qui s'est notamment occupé de Soundgarden, Screaming trees, Mudhoney et le premier Nirvana), les 35 minutes de ce disque (à l'origine) sont particulièrement rugueuses. Le hardcore des caves n'est pas encore digéré, la rage est dans le chant, la guitare est habitée et le son volontairement sale aux côtés d'instruments plutôt bruyants. Le remaster lisse aujourd'hui tout ça, mais ce quelque chose venu des tripes ne se perd pas en nettoyant le son.
Ce "God's ball" a donc encore de sacrés relents du Hardcore urbain avec ses paroles débitées dans une colère noire salement broyée, accentuée par des airs maladifs et son aspect noisy brutal.  
Néanmoins, l'intérêt pour ce disque tend à se tasser à mesure que défilent les pistes. Le beuglement de Doyle a tendance à lasser, tourner en rond et finalement ne laisse des traces que pour le mysticisme de cet album : symbole d'un genre qui meurt, d'un autre qui naît et dont la création est le fruit d'une émulation musicale alors en plein essor (nous sommes en 1989). Avec le recul on retrouve un disque imparfait mais mythique, avec tout de même trois titres bonus qui n'ont pas volés leur place...
La première version de "Tuna car" est savoureuse, quant à "Daisy" et "Ritual device", ils étaient sur le premier 7" du groupe : il serait pour le coup, presque bon de débuter ce disque par la fin...

 

 

 

 

 

"Salt lick" (EP)


Un an plus tard parait "Salt lick".
Aux manettes ? Steve Albini. Le nom est déjà bien connu en 1990, il a notamment touché à "Surfer Rosa" des Pixies. Le choix de cet "ingénieur du son" permet de canaliser légèrement les éructations vocales de Doyle. Cela n'empêche pas le disque d'être aussi vibrant que son prédécesseur et de continuer dans la même veine. on retrouve tout de même plus de clarté dans la guitare. Le mauvais goût volontaire demeure : ce disque a le goût d'une pizza froide dans lequel on a enfoncé quelques mégots. On croque dedans en sachant parfaitement qu'on va tomber tôt ou tard sur quelque chose de désagréable, mais c'en est presque hypnotisant. Pendant près de 20 minutes on retrouve donc la même rage mais avec un son plus riche et plus profond (la batterie a plus d'ampleur). L'écriture et l'interprétation semblent plus fines mais gardent ces airs crados à la croisée des chemins punk/hardcore/metal qui font de Tad un groupe à part entière sur une scène où les clones semblent se multiplier.
À la même époque la scène de Seattle commence à avoir un sérieux succès mais tend aussi à adoucir ses sonorités...
La version enrichie de la réédition comprend 4 titres issus de Face B et de splits que les fans seront heureux de retrouver (et que les néo-fans n'auront pas à chercher).

 

 

 

 

 

           

"8-way Santa" (la pochette originale  / la pochette pour la réédition fin 2016)

 

Nous sommes en 1991, soit seulement deux ans après "God's ball", ce "8-way Santa" est encore un symbole de la verve de Doyle, mais l'écriture s'est définitivement affinée, voire presque..."adoucie". Cela n'empêche pas Tad d'être encore sacrément velu, il demeure d'ailleurs toujours plus sale qu'un "Nevermind" sorti dans le même temps et enregistré par le même producteur. Butch Vig aux commandes, ce disque bénéficie d'une certaine propreté accentuée par le remaster. Mais "8-way Santa" est clairement l'album le plus abouti de Tad. Encore une fois le bon goût n'est pas au rendez-vous avec son horrible pochette (dans la version originale), et Doyle n'est toujours pas un poéte, mais son travail d'interprétation est assez impressionnant. Ainsi, "Jack" ou "Jinx" sont de vrais tubes en puissance, on retrouve un travail sur les refrains jamais vu dans la bande, ainsi qu'un véritable effort de travail sur les mélodies !
Mais Tad n'a pas foncièrement changé : il a juste évolué, il s'est enrichi, se veut plus catchy que brutal, parvient à être plus accessible sans être tendre et populaire. 
On peut alors reprendre l'expression classique selon laquelle Tad "ne fait pas de compromis", car quand s'il y en a, ils ne sont que cosmétiques.


Suite à ce disque, Tad a quitté le label (à l'époque totalement) indépendant Sub Pop pour Giant records (branche de la Warner), un passage sur une major qui n'a pas entamé son côté "subversif", mais ça, c'est une autre histoire dans la vie d'un groupe dont la séparation fut actée en 1999, mourant ainsi en même temps que la décennie qui l'a porté.

 

 

 

 

Tracklists des disques réédités

 

 

 "God's balls"


1. Behemoth
2. Pork Chop
3. Helot
4. Tuna Car
5. Sex God Missy (Lumberjack Mix)
6. Cyanide Bath
7. Boiler Room
8. Satan’s Chainsaw
9. Hollow Man
10. Nipple Belt
11. Ritual Device - (from “Daisy” 7” single) 
12. Daisy - (from “Daisy” 7” single) 
13. Tuna Car (Unreleased) 

 

 

"Salt lick"


1. Axe to Grind
2. High on the Hog
3. Wood Goblins
4. Hibernation
5. Glue Machine
6. Potlatch
7. Loser (from “Loser” 7” single) 
8. Cooking With Gas (from “Wood Goblins” 12” & “Loser” 7” single)
9. Habit Necessity (from “Dope Guns N Fucking in the Streets” 7” single on Amphetamine Reptile) 
10. Damaged (from Pussy Galore split 7” single) 

 

"8-way Santa"

 

1. Jinx
2. Giant Killer
3. Wired God
4. Delinquent
5. Hedge Hog
6. Flame Tavern
7. Trash Truck
8. Stumblin’ Man
9. Jack  
10. Candi
11. 3-D Witch Hunt
12. Cranes Café
13. Plague Years
14. Pig Iron (from Jinx 7” single) 
15. Nuts ‘N’ Bolts (Unreleased)
16. Delinquent (8-Way Santa Jack Endino demos) 
17. Giant Killer (8-Way Santa Jack Endino demos) 
18. Wired God (8-Way Santa Jack Endino demos) 
19. 3D Witch Hunt (8-Way Santa Jack Endino demos) 
20. Eddie Hook (from U.S. “Jack” CD & all German “Jack” releases – 7”, 12” & CD – and from 8-Way Santa Butch Vig sessions) 

 

Il existe également un LP bonus (en édition limitée) offert à l'achat (simultané) des trois rééditions sur le shop de Sub Pop.


A1. Ritual Device (from “Daisy” 7” single)
A2. Daisy (from “Daisy” 7” single)
A3. Tuna Car (Unreleased)
A4. Loser (from “Loser” 7” single)
A5. Cooking With Gas (from “Loser” 7” single)
A6. Habit Necessity - (from “Dope Guns N Fucking in the Streets” 7” single on Amphetamine Reptile)
A7. Damaged (from Pussy Galore split 7” single)
B1. Pig Iron (from “Jinx” 7” single)  
B2. Nuts ‘N’ Bolts (Unreleased)
B3. Delinquent (8-Way Santa Jack Endino demos)
B4. Giant Killer (8-Way Santa Jack Endino demos)
B5. Wired God (8-Way Santa Jack Endino demos)
B6. 3-D Witch Hunt (8-Way Santa Jack Endino demos)
B7. Eddie Hook (from U.S. “Jack” CD & all German “Jack” releases – 7”, 12” & CD – and from 8-Way Santa Butch Vig sessions)

photo de Tookie
le 13/05/2017

2 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 16/05/2017 à 09:41:23

Good job !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/05/2017 à 13:45:55

Du rock de rednecks trop gras pour avoir bénéficié de l'engouement pour la "scène".

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