Festival Art Sonic (Dagoba + No One Is Innocent + Suicidal Tendencies + The Decline ! + The Toy Dolls + Nobody's Straight) le 20/07/2012, Festival Art Sonic, Briouze

Dagoba + No One Is Innocent + Suicidal Tendencies + The Decline ! + The Toy Dolls + Nobody's Straight (report)
Autant vous le dire tout de suite. Le Art Sonic 2012, il a failli se faire sans le Fatbastard. Non, je n’étais pas malade, non ma mère non plus, ma petite cousine ne fêtait pas son bac non plus. J’ai tout simplement zappé la date. Une bonne vieille loose. La faute à un festival de Dour trop puissant, trop dur, trop durement puissant. Heureusement, une fan des Wampas a pu me remettre sur le bon chemin : « tu vas te sortir les doigts de l’oignon et puis tu vas venir, de toute façon, tu n’as pas le choix. A moins que tu veuilles te faire appeler ad vitam le LOUZ’EURE ». Autant dire que ça a été réglé fissa, j’ai déjà assez de blases pourris pour en rajouter comme cela.
Oui, parce que Briouze, c’est de l’exotisme pur. Avec une odeur de frais bocages en plus. Un festival à la cool, aux racines punks trempant dans l’Orne. Oui, l’Orne, le six un ! Horns up ! Faut avouer que l’ambiance y est super détendue : la hype, on ne connaît pas (de toute façon à quoi ça sert si ça ne se boit pas, hein ?).
Il faut bien se motiver comme on peut, car au vu de la programmation, cette édition s’avère certes costaude mais pas originale pour un sou. C’est bien simple, les têtes d’affiche, je les ai toutes vues en concert au moins deux fois cette année (oui, je me la raconte, je sais). Voir Suicidal Tendencies est toujours bonnard, mais c’est la quatrième fois en un an, quand même ! Il ne manque plus que Shakaponk et 1995 et on a la programmation-type du festival de 2012. Voilà, c’est dit.

Le vendredi a une programmation toute légère en termes de timing. Tant mieux, parce que Briouze n’est à côté de rien, il faut du temps pour y aller. Art Sonic, ça se mérite. Arrivant sur le site pendant les dernières minutes du Pied De La Pompe, sorte de allstar band de la chanson pseudo contestataire et festive, une petite visite du festival s’impose. C’est vite réglé, puisque l’implantation est strictement la même qu’en 2011: deux scènes de bon aloi, un bar/snack qui pue le graillon (au passage sans aucune alternative à la saucisse frite ; les végétariens locaux doivent être déportés en Bretagne faut croire), un stand merchandising et puis c’est tout. En clair, comme dirait Michel, tout pour la musique (même quand un concert est pourri).
S’enchaîne alors le concert, ou plutôt le show de Airnadette, regroupant le meilleur du air guitar hexagonal. Sur le papier, ça peut être carrément drôle. Sauf que là, c’est uniquement sur le papier. Sorte de zapping du grand n’importe quoi ambiancé par Thomas VDB, le show s’avère ultra tiédasse avec un titre toutes les 25 secondes sans une once de propos. On passe de AC/DC à ABBA en passant par les Queens Of The Stone Age et Van Halen. Et ça dure, ça dure. Plus d’une heure à supporter ça. Ça bouffe à tous les râteliers, il n’y a quasiment aucune communion avec le public (à part le « est-ce que vous êtes chauds ? » de rigueur), bref on s’emmerde sec. Qui dit sec dit bière. Et donc on attend, parce que le bar est sempiternellement pris d’assaut : minimum 10 minutes pour la divine pinte.
Pas grave, faut enchaîner. Et là, ça ne rigole plus. Place aux patrons : Suicidal Tendencies ! Comme d’habitude, les mecs sont au taquet pour livrer leur punk metal sur-speedé. La surprise est de voir Mike Clark absent, remplacé par un frêle gratteux (si quelqu’un a son nom). Mais rien de grave : ce groupe-là joue toujours aussi bien, malgré la centaine de dates qu’ils doivent faire tous les ans. Car oui, après une sacrée traversée du désert, le gang de Cyco Miko revient fort, une véritable leçon de groove punk, à l’ancienne. Immense respect. Comme à l’accoutumée, le plateau finira envahi par les fans les plus imbibés. Sorte d’apothéose bordélique.
Vous ne m’en voudrez pas si je vous fais un fast forward pour le concert de Dagoba. D’une part parce que je ne supporte pas du tout ce que les marseillais proposent (du neo-thrash réchauffé) et ensuite, j’ai un estomac. Et c’est mon organe le plus important ce soir-là (j’ai laissé mon cerveau à la maison).

La particularité (oui, il y en a une quand même !) du festival Art Sonic, c’est de nous sortir chaque année une exclu tout droit sortie des années « rock alternatif ». L’an dernier c’étaient Les Sales Majestés. Cette année ce sont The Toy Dolls. Avec un look pouvant les faire passer pour les NOFX british, le trio avoine une heure durant son imposante discographie. Bien qu’un poil rincés, les mecs jouent à l’énergie. Mais les faire jouer entre une et deux heures du mat’, faut avouer que le quidam s’est déjà mis au chaud, il ne reste alors que les vrais, les fans et les épaves (les trois peuvent se regrouper en une seule et même personne). C’est dommage, leur punk parodique, même suranné, claque fort malgré un son perfectible. Allez, on lance les paris pour le groupe punk de l’année prochaine. Perso, je vote pour Satanic Surfers ou Les Sheriff.
S’ensuivent alors deux sets electro. Comme d’hab’ : boum boum boum, tchak, tchak, tchak.

Les journées du samedi du Art Sonic peuvent sembler parfois longuettes. Les concerts commençant vers 17:00, il faut alors savoir tromper l’ennui. Pour mes voisins de camping, cela signifie s’alcooliser à bon train. Je vous passe le laïus digne d’un reportage de W9 traitant des dégâts du binge drinking sur la jeunesse française, mais faut avouer que l’ambiance du camping donne un avant-goût de fin du monde. Vraiment. Direction la civilisation et la petite bourgade de Briouze, histoire de se changer les idées et d’avaler une pizza chez des charmants restaurateurs locaux, ravis d’accueillir par chez eux un événement de cette taille (message subliminal aux riverains des autres festivals : « STFU ! »).
La tâche d’ouvrir les hostilités sabbatiques incombe aux indigènes du coin : Nobody’s Straight. Avec un punch digne d’un Momo Ali de 1974, les Alençonnais défendent becs et ongles leur nouvel album Bicéphale (produit chez Monsieur S. Buriez tout de même !). Son massif, énergie intarissable, le set hardcore à la française du combo, même un poil prévisible, met très vite en jambes les quelques centaines de festivaliers présents. Bonne surprise pour un groupe catalogué « découverte régionale » ; il faut avouer que Nobody’s Straight n’a plus grand chose à envier à de plus grosses écuries pourtant signées. Le normandycore peut compter sur ce digne représentant.
Montée en puissance oblige, les Rennais de The Decline ! prennent le relai. Ceux que l’on pourrait considérer comme les french Dropkick Murphys sont une des grosses attentes de la journée pour ma part. Souffrant d’un relatif manque d’affluence devant la grande scène, le quintet ne se démobilise pas pour autant. Et ça joue, ça joue même carrément. Le son est pourtant hyper mal équilibré, limite crado, voire même carrément perrave, mais les compos prennent le dessus. The Decline ! propose un high quality punk rock de pubs, plein de sing-alongs et de bro’ hymns, donnant une forte envie de lever les bras et de renverser sa bière sur le voisin au passage. Le son est nase ? On s’en fout, de toute façon c’est pas pire que dans un rade de seconde zone ! Je propose quand même de faire une collecte pour payer un audioprothésiste au sound tech. Il me tarde de revoir ce groupe dans de meilleures conditions. Ne serait-ce qu’avec une Guinness à la place d’une Kro par exemple.

Décidément, cette édition 2012 fait la part belle aux vétérans de la scène française. Avec Didier Wampas et No One Is Innocent, ce sont deux parcours antagonistes des vingt dernières années s’affrontent. La bande à Kemar commence. Et elle a bien compris qu’il était très compliqué de ne défendre que le dernier album sur scène. Nous aussi. Et ils ont bien fait. Proposant plutôt une revue de discographie bien sentie avec « La Peau » comme point d’orgue, les No One prouvent bien que leur réputation de groupe de scène n’est plus à faire ; à défaut d’être un groupe de studio. Revival nineties bien sympathique. Sans être une réconciliation non plus. Avec des dernières saillies peu flatteuses, le combo a dû mal à faire autrement que de vivre sur son passé. Preuve en est de la réaction du public qui n’a réagi que sur les tubes du groupe. C’est bizarre d’assister à ce genre de choses, un public qui vient uniquement pour assister à deux titres et qui s’emm… le reste du temps. Presque un pincement au cœur de voir ainsi un groupe que l’on comparait aux Rage Against The Machine il y a quinze ans et qui maintenant réagit plutôt que d’agir.
À l’inverse, Didier Wampas paraît encore plus trublion et chaud patate que jamais. Le chantre du yéyé punk a beau s’être fait lourdé de sa maison de disque, tombé dans l’indie le plus total, il n’en reste pas moins un des rares survivants du rock français. De tout ça, je pense qu’il s’en cogne comme de sa première paire de boucles d’oreilles. Qu’on apprécie ou pas le bonhomme, il faut avouer que c’est un expert en foutage de bord… de bazar. Trop fort ! On peut avoir assisté à 30 concerts du Wampas, sans pour autant avoir tout vu. OK, il chante aussi bien que ma mère après deux coupes de mousseux, mais sa performance sur scène est jubilatoire : danse de Saint Guy, pogo avec la foule, sueur de poney slave, tout y passe !
Je vous passe les shows de Carmen Maria Vega et du groupe de reggae français du moment, Danakil. Entre les trémoussements crispants d’un côté et les oyoyos démagogiques de l’autre, j’ai préféré me poser du côté du bar VIP avec les copains. Oui, je fais partie de la caste haute du festivalier, nananère ! En même temps, pour ceux qui se demandent ce qu’il se passe de l’autre côté de la barrière Héras, vous ne ratez pas grand-chose. Non, ça n’a rien à voir avec le lupanar suintant l’excès de produit psycho actif de vos rêves ! C’est juste un bar avec des sièges et une déco chamarrée pour se poser, voilà. Chill out, quoi. Celui du Art Sonic sert d’ailleurs plus aux officiels et autres partenaires pour se tenir loin de la plèbe, histoire de siroter un ballon de Chardonnay. C’est tout. Pas vraiment une ambiance à faire tourner les serviettes, en somme. Ah si, l’intérêt que j’y ai trouvé a été de pouvoir profiter de toilettes dignes de ce nom. Et quand on est en festival, c’est loin d’être du superflu, croyez-moi. Je pense que vous me comprendrez, surtout les filles !
Les fesses propres et un bol de nouilles au curry plus tard, la soirée est déjà bien entamée. Il est pas loin de minuit et les parigots de Stuck In The Sound prennent en main les débats. Alors, pour être clair, ce groupe, qu’on le veuille ou non, c’est THE révélation de l’année en termes de power pop hexagonale. De toute façon, difficile de les avoir raté cette année, puisqu’ils sont partout. C’est la troisième fois que je les vois cette année (ma réputation de hardcore kid en prend un coup !), et comme d’hab, les Stuck In The Sound sont des tueurs. Leur dernier album schlingue peut-être l’electro pop grandiloquente, mais le quatuor retrouve son côté organique en live. C’est péchu, ça joue à l’anglaise forcément, mais avec une présence vraiment bonnarde. En festival, ce groupe est parfait comme césure entre la journée rock et la nuit electro.
La fin du samedi verra notamment les vétérans de Groundation et le trio Toxic Avenger mener les troupes vers l’aube. Mention spéciale à Toxic Avenger qui propose un mix intéressant entre de l’électro hype et du rock noisy. C’est original, ça sonne pas mal. On attend cependant que l’amalgame finisse par prendre, c’est plutôt un feuilleté d’empilement de bonnes idées sans vrai lien, pour l’instant.

Fiou ! Ça en fait des choses à dire, finalement ! Moi qui avais peur que ce Briouze 2012 soit un peu léger au niveau de l’intensité. En termes de fréquentation, il faut avouer que ça a été un peu le cas. Festival, ton univers impitoyable ! Difficile de survivre dans ce paysage devenu ultra concurrentiel quand on n’est qu’un festival « à taille humaine » (je cague sur cette expression !) face aux machines à headliners sponsorisées. La force du Art Sonic, c’est son identité, son indépendance et son ambiance. Organisateur du festival : fais en sorte de garder cet esprit. Comment vais-je faire pour manger de bonnes pizzas les samedis de festivals sinon ?
photo de Geoffrey Fatbastard
le 21/09/2012

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