GENERAL LEE + EVERY REASON TO + THE ART OF KEEPING SILENT + ASTRO le 13/04/2006, L'Espace B, Paris (75)

GENERAL LEE + EVERY REASON TO + THE ART OF KEEPING SILENT + ASTRO (report)
Ouverture des portes prévue à 19h, c'est vers 19h15 que je me pointe devant la salle – qui se trouve être un vulgaire bistrot lambda si on omet la salle de concert qui se situe tout au fond du lieu. Là, j'apprends qu'on est en pleine balance et les mecs de THE ART OF KEEPING SILENT (ou T.A.O.K.S) me racontent qu'ils en sont à leur 3e aller/retour en caisse pour aller chercher du matos (amplis + baffles) manquant; ça sent le ras-le-bol... Partant de là, pas étonnant qu'il y ait un peu (voire pas mal) de retard, le seul problème étant que l'Espace B doit cesser toute activité sonore pour 23h, donc on est assez limité dans le décalage pour le coup. 19h55 on finit par nous faire entrer dans la salle du fond qui se remplira petit à petit pendant la fin des balances de ASTRO.

Les ALTESS ayant annulé leur venue ce sont finalement les ASTRO qui ouvriront les hostilités pour ce soir, décalant du même coup T.A.O.K.S en 2e partie. Les ASTRO étant déjà sur scène, ils finissent leurs balances et entament leur set: multiplication de poisse sur la voix déjà avec micro rendant l'âme puis 2e micro au jack en fin de vie, les ennuis techniques ça aide pas pour la suite... Le combo officie dans un post-H*C à tendance fortement chaotique de par ses enchaînements de plans divers mais conserve surtout un gros côté mélodique: le jeu des 2 guitares est très bon et les influences (juste pour le côté grattes mélo) transparaissent assez (ce n'est pas l'intro d'un titre des fabuleux ENVY joué pendant un blanc qui me fera mentir). Le style colle finalement pas mal avec ce que j'ai moi-même l'habitude d'écouter mais, cependant, j'ai du mal à prendre du plaisir pendant leur set. Le petit problème étant que le groupe est jeune (c'était leur 1er gig à ce que j'ai compris) et que tout ça n'est pas très en place; une batterie un peu bancale par moments qui déséquilibre l'ensemble, un chanteur mis à mal par ses déboires avec son micro.. Bref, laissons leur un laps de temps supplémentaire avant de venir les voir une seconde fois histoire d'avoir un set plus carré et qu'on prenne plus de plaisir à écouter leurs compos – au combien intéressantes, au passage...

Le temps que tout le monde s'affaire sur scène pour changer de matériel (et de prendre une ptite mousse au passage, on va pas se priver non plus) et les T.A.O.K.S sont déjà prêts à faire une mini-balance avant de balancer la sauce (pour de vrai). Une demi-heure de set environ pour les parisiens qui auront le temps de jouer quelques titres tirés de "Prémices" (leur E-P autoproduit) et de convaincre par la même occasion le public présent dans l'Espace B ce soir. Leur son est beaucoup plus propre que lorsque je les avais vu pour la 1ère fois à la Miroiterie et on peut vraiment plus apprécier les titres cette fois. Le combo qui se définit lui-même comme screamo-mathcore assène ses riffs dissonants et autres plans alambiqués, le tout porté par une voix invariablement rauque et agressive. T.A.O.K.S aime la complexité, les univers sombres et aime provoquer quelque chose avec sa musique – le chanteur ira même jusqu'à débuter un pogo dans la fosse histoire de remuer tout le monde. Pour le reste c'est en place, bien audible, et le set passe plutôt vite...

Nouvelle pause d'une dizaine de minutes – les turnovers sont plutôt rapides pour ce soir je trouve, il faut dire qu'on fait les choses bien: même kit de batterie jusqu'à GENERAL LEE, changement de tête d'ampli occasionnel etc – et les EVERY REASON TO sont d'ores et déjà parés à nous désensabler les portugaises. Dû à la taille assez limitée de la scène le bassiste joue en contrebas ainsi que le chanteur qui y passera la majeure partie de leur set, laissant ainsi plus de place aux 2 gratteux. L'immense batteur fracasse littéralement son kit et donne un punch incroyable aux morceaux (du Dave Grohl avec plus de physique); l'attention du public se porte, du coup, beaucoup sur lui – le chanteur n'étant pas sur la scène, ça se comprend. Le gratteux de gauche (officiant également dans COMITY), qui jouera tout le set face à son ampli et la batterie à la Maynard Keenan (chanteur de TOOL), sort un son aux forts relents métalliques au point que certaines intros me rappelleront (et je ne suis pas le seul) du MACHINE HEAD voire du SEPULTURA (sur 'New Horizon' par exemple). Le groupe joue des titres issus de leur album éponyme (excellent d'ailleurs, entre nous) et la fosse semble largement apprécier puisque ça commence à bien remuer. EVERY REASON TO sonne lourd, sonne gras (notamment la voix: limite death) et bastonne dans un style qui se veut volontiers rentre-dedans sans chercher quoi que ce soit d'autre. On peut parfois même trouver des éléments stoner à EVERY REASON TO (solo placé au milieu d'un riff à la DOWN) parmi un fatras de hardcore/metal/noise au milieu duquel la voix ne varie pas dans sa violence, conférant tout le temps un aspect agressif aux titres du combo. Le son étant assez bon par là-dessus, ça nous donne une bonne vieille claquouille que ce set!

Dernier turnover de la soirée avec le seul changement de kit de batterie pour le groupe tant attendu: GENERAL LEE, et même problématique que pour EVERY REASON TO en ce qui concerne la taille de la scène; cette fois-ci seul le batteur reste sur la scène, les bassiste, gratteux et chanteur préférant occuper une partie de la "fosse". Et le batteur profitera bien de toute sa hauteur pour faire la démonstration de son immense talent: jeu métronomique et très fin (kit jazz oblige) avec headbanging à s'en décrocher la nuque, le tout accompagné, le temps d'un morceau, par des cris d'aliénés. Pour le reste? Et bien un seul mot: ENORME. Le groupe m'avait déjà laissé sur une très bonne impression lors d'une précédente prestation au blockhaus de Nantes mais là, ça dépasse encore mes souvenirs. Leur set est d'une intensité à vous couper les jambes et à vous décrocher la mâchoire (pas de la même manière que ne le fait le chanteur), une partie du public avait bel et bien l'air scotchée. Le bassiste arbore un visage grimaçant quand il ne hurle pas dans son micro ou quand il martyrise son instrument saturé, le chanteur quant à lui occupe l'espace dont il dispose en s'époumonant sur son micro, seul le guitariste apparaît plus calme et introverti dans son jeu, se contentant de bouger un peu la tête. Quelques passages plus calmes, sans chant, laissent un peu de répit à l'auditoire, tout en installant une atmosphère oppressante et dépressive. Les cycles plus typés "hardcore" sont exécutés avec une rage jouissive et, sans révolutionner le genre, les compos vous martèlent le crâne et vous font headbanguer jusqu'à ce que mort s'en suive. A travers la voix du chanteur ressortent une foultitude de sentiments qui, en plus, amènent un caractère authentique et sincère à GENERAL LEE à vous filer la chair de poule par moments. Bref, ce groupe est grand.

Seul petit bémol à cette soirée (et oui je vais paraître chiant mais bon il en faut bien un) l'affluence si médiocre pour une affiche aussi alléchante. Pour le dernier set il ne devait rester que soixante/soixante-dix personnes car certains ont déserté après EVERY REASON TO alors que le retard s'est atténué au cours de la soirée et les GENERAL LEE n'ont terminé qu'à 23h15 (après un set un peu cours il est vrai). Donc la prochaine fois, amis parisiens, faites-moi le plaisir de faire passer le message lorsqu'il y aura une soirée comme celle-là, qu'on puisse honorer comme il se doit les groupes qui viennent du Nord et qui nous mettent à genou.
photo de Mat(taw)
le 31/05/2007

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