Igorrr + Crackhouse le 10/10/2017, Ferrailleur, NANTES (44)

Igorrr + Crackhouse (report)

Si vous prêtez attention aux dates, vous remarquerez que ce présent concert clôt un mini-marathon scénique comprenant pas moins de trois dates en cinq jours, en-dehors de mes terres d'habitation. C'est qu'entre les trajets, les abus éthyliques, les émotions et la reprise de la vie quotidienne entre temps, ça commence à tirer un chouïa en ce 10 octobre au réveil. Et pourtant, point de pied gauche au sortir du lit, c'est remonté comme un véritable coucou suisse que je m'éjecte du matelas, comme s'il était mystérieusement équipé d'un ressort. Car de toutes les étapes sur planches prévues en cette fin d'année – plutôt nombreuses et diversifiées, elles s'enchaînent mais ne se ressemblent heureusement pas – c'est sans doute celle que j'attendais le plus. Et ce, même si Igorrr, je l'avais déjà vu au Hellfest. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de renouveler l'expérience, les conditions n'étant pas forcément optimales en juin dernier, que ce soit sur le contexte, la densité et le placement dans les rangs arrières m'ayant empêché de voir quoique ce soit. Je n'étais visiblement pas la seule à sombrer à la tentation puisque la date a affiché complète pratiquement un mois avant et beaucoup de retardataires semblaient déçus d'être laissés sur le carreau. C'est que la tournée des festivals a plutôt bien profité à Gautier Serre et ses acolytes tant Igorrr a convaincu et rallié énormément de metalleux à sa cause et ce, malgré le caractère hyper expérimental de son répertoire bousillant éhontément beaucoup de frontières musicales. La signature avec Metalblade également, lui octroyant davantage de visibilité que ses autoproductions précédentes et davantage d'opportunités de tournées alors qu'il se faisait jadis hyper rare.

 

Les 300 bornes de trajet ainsi que d'autres petits détails socio-personnels ont fait que je n'ai mis les pieds au Ferrailleur que quelques minutes avant la prestation de Crackhouse. Mes excuses pour mon manquement au devoir envers Treha Sektori qui ouvrait véritablement la soirée. Courageusement au même titre que Crackhouse d'ailleurs car les deux formations n'ont vraiment pas les places faciles. Fortement handicapé par votre serviteur complètement acquis à la cause Igorrr qui fait qu'elle trépigne davantage d'impatience, la façon d'aborder ces préliminaires est certainement beaucoup moins avide de curiosité que d'habitude. Et la prestation suivante a définitivement balayé d'un revers de main tout ce qui a pu se passer auparavant, amoindrissant beaucoup la véritable portée du show que Crackhouse a pu livrer ce soir. A revoir sans doute dans d'autres conditions où l'affiche sera plus propice à une meilleure mise en valeur. Car le trio venu tout droit de Tours n'offrait pas un apéritif dégueulasse tant leur doom/sludge aux atmosphères aussi glauques qu'hypnotiques se laisse agréablement écouter. Si les plus audiophiles pourront pester sur le son particulièrement cradingue, il faut admettre qu'il sied particulièrement bien au répertoire de Crackhouse et contribue pleinement au rendu un brin malaisant recherché. Bref, dans d'autres conditions, je me serai certainement plus étendue sur le sujet et je m'en excuse encore.

 

Les mauvaises langues pourront mettre l'alcool en faute de ce premier constat fort évasif, ce qui est complètement faux (après la bière, après...). Les coupables ne sont que ces quatre zouaves d'Igorrr qui foulent maintenant les planches. Placée cette fois au pied de la scène, je peux maintenant profiter des meilleures conditions possibles : possibilité de voir on ne peut plus distinctement le jeu de scène et le climat plus intimiste d'une salle à taille humaine. C'est sans doute ce qui manquait à Clisson il y a quelques mois d'ailleurs, Lapinou pourra en témoigner vu qu'il a eu la chance d'y assister dans les premiers rangs, lui laissant un souvenir plus exalté que moi qui ne pouvais profiter que de la musique en elle-même. Quant bien même, juste le sonore avait été une belle claque en soi. Que dire de cette prestation ? Une plus grosse claque ? Pas vraiment... Une merveille tout simplement ! Que je rajouterai à ces quelques expériences live toute particulières, riches en émotions et en états véritablement transcendants. Et le deuxième concert de ma vie qui peut se targuer de me faire éponger non pas de la sueur mais bel et bien des larmes.

 

Et tout est réuni afin d'expliquer le véritable état de transe qui a pu m'envahir. La musique en elle-même, proprement géniale en premier lieu. Le son concocté véritablement flatteur et à mille lieux – fort heureusement – de la bouillie cradingue de Crackhouse où puissance et clarté sont ici les maîtres mots. Tellement de puissance que l'absence totale de guitares purement physiques ne se fait nullement ressentir tant leur rendu sur samples sonnent comme très organiques en dehors des petites triturations électroniques apposées dessus à de nombreux moments. Car oui, Igorrr, aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est un DJ, un batteur et deux vocalistes. On est donc très loin de la configuration dite classique. Ce qui ne l'empêche pas de provoquer l'illusion que la section à cordes puisse être présente dans le cas où l'on n'aurait aucune vue sur la scène.

 

Les titres s'enchaînent, piochant pêle-mêle dans toute la discographie du projet de Mister Serre, preuve que Savage Sinusoid, dernier-né et premier méfait étant encadré par un véritable label, se présente comme une véritable continuité artistique assumée sans qu'aucune concession bassement mercantile ne vienne s’immiscer. Le tout, sans aucune communication. Telle une véritable cérémonie où la musique règne en véritable maîtresse de cérémonie. Et à en voir par le groupe totalement habité par cette dernière, c'est comme si elle était devenue une véritable entité vivante personnifiée et que les artistes la concrétisant devant nous ne sont que de simples pantins de sa volonté. Petite mention aux deux vocalistes totalement possédés et rajoutant à eux seuls tout le caractère sublime pour les voix lyriques et déchirant pour les voix extrêmes. De la même manière, le public réagit fort bien à toute cette messe, danse, chante et headbangue comme un seul homme et ce, malgré la diversité de ses provenances, une part étant ouvertement metalleuse, l'autre plus rattachée à la scène électronique. Ce qui ne rend toute cette prestation que plus touchante de voir autant de frontières se briser : musicale comme communautaires. La boule au ventre apparaît donc bien vite, passe tout son temps à vibrer et trembloter et chacun semble s'attacher à dire qu'ils ont quitté tout sens de la réalité durant tout le temps qu'a bien pu durer le show. Malheureusement – et c'est bel et bien là le seul point dommageable – bien trop court. Mais aussi court était-il, quelle intensité ! Tellement que j'emporterai sans nul doute ce souvenir inoubliable avec moi dans la tombe...

 

 

Setlist

 

  • Spaghetti Forever
  • Opus Brain
  • Moldy Eye
  • Pavor Nocturnus
  • Caros
  • Viande
  • Cheval
  • Excessive Funeral
  • Tendon
  • Apopathodiaphulatophobie
  • Tout Petit Moineau
  • IeuD
  • Robert
  • Barbecue (Rappel)
photo de Margoth
le 13/11/2017

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 13/11/2017 à 11:00:12

Rhaa, ça donne envie crénom !!!!! Dire que je loupe le concert de cette semaine... :( Vivement le match retour en avril !!!

Margoth

Margoth le 17/11/2017 à 13:57:39

La frustration de l'attente ne rendra le moment que plus intense ;)

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