Lacuna Coil + Cellar Darling + Aeverium le 13/12/2017, Chabada, ANGERS (49)

Lacuna Coil + Cellar Darling + Aeverium (report)

Même si les conditions météorologiques n'ont pas été plus clémentes que l'escale nantaise de la semaine précédente, cela ne m'empêche pas de parcourir les quelques 250 kms me séparant d'Angers fébrilement. Et pour cause, depuis que j'ai réalisé une poignée de jours auparavant que Lacuna Coil faisait partie de ces groupes que je suis depuis mon adolescence qui semblait à l'époque totalement inaccessible à voir en concert du haut de mes seize printemps, à moins de fuguer du domicile parental et me mettre ainsi en conflit avec eux en ralliant la capitale tout en leur piquant leur carte bancaire, je dois bien admettre que rattraper la chose une douzaine d'années plus tard représente une petite revanche sur la vie. Et se rendre également compte du changement opéré au travers de toutes ces années car il en va sans dire qu'il était totalement inimaginable d'espérer voir les Milanais dans une petite ville comme Angers à l'époque, le combo se limitant surtout à des haltes parisiennes, voire lyonnaises et strasbourgeoises dans le meilleur des cas. Et même si j'ai des veinards dans mon entourage qui iront les voir à Londres pour leur concert anniversaire, je ne les jalouse nullement dans le sens où cela m'a permis d'avoir le confort d'une salle de taille modeste, un Chabada complet pour le coup, permettant davantage de proximité et d'absence totale de crash-barrières. Prête à en découdre et un brin mélancolique également puisqu'il s'agit de mon dernier concert de l'année, mettant fin à un sympathique petit marathon-plaisir composé quand même de pas moins de 14 concerts depuis la rentrée, chose que je ne pourrais sans doute pas me permettre de continuer sur un tel rythme en 2018 malheureusement. Une petite fin de marathon se passant dans une ambiance sympathique et joviale, le public présent ici étant radicalement différent de ces bons vieux hardos férus de metal extrême. Peut-être est-ce une composante caractéristique du public angevin (entremêlé à pas mal de Nantais, les deux villes n'étant pas très éloignées) mais il est toujours agréable de tomber sur une assistance brassant plus large en terme de goûts, passant de la petite ado amatrice de sensations goth metal dans la fleur de l'âge, au hardos tout de patchs thrash/death vêtu venu essentiellement accompagner sa douce mais de façon ouverte et beau joueur. N'en déplaise à tous ceux râlant qu'un événement comme le Hellfest, ce n'est plus ce que c'était, et que ça attire tout sauf du « vrai metalleux pur jus »...

 

La route étant ce qu'elle a été, entre belles averses et tempête venteuse – ma pauvre Twingo a beau être vaillante, elle a ses limites – c'est pile poil niveau horaire que nous passons l'entrée du Chabada alors que les Allemands d'Aeverium entament tout juste leur set. Même si elle possède deux albums à son actif, la formation ne jouit pas spécialement d'une grande renommée de notre côté du Rhin. C'est même la première fois qu'ils font escale en France et les Teutons ne manquent pas de nous le faire savoir, avec un enthousiasme non-feint palpable. Ils ne se mettent pas trop de pression pour autant et restent détendus en toute circonstance, n'hésitant pas à faire monter leur capital sympathie à grands coups d'humour aussi « gay » que bien senti. En même temps, vu que la moitié de la scène est occupé par le matériel de la tête d'affiche déjà monté, on dira que la promiscuité équivalent à une boîte de sardines ne peut que créer des liens. La musique en revanche n'a rien de très arc-en-ciel et s'avère être une très bonne surprise, revisitant le goth metal de manière moderne pour un résultat plutôt rafraîchissant. De plus, le groupe se montre aussi solide dans ses compositions que sur l'interprétation, même si l'on pourra regretter un traitement vocal assez maladroit, que ce soit au niveau des effets (ou plutôt un manque d'effets) et un mixage parfois inégal dans la dualité voix féminine/masculine, le fait que le chant soit clairement mis avant par rapport à l'instrumentation ne faisant qu'enfoncer le clou. Alors, certes, certains râleurs pourront catégoriser leur répertoire de trop « djeun'z concon » – le penchant core, toussa, toussa – il n'empêche qu'en ouverture d'un groupe comme Lacuna Coil qui s'évertue depuis Karmacode à jouer du goth – un style qui a souvent tendance à s'embourber soit dit en passant – de jouvenceaux, leur présence à l'affiche est plus que légitime et représente un apéritif plus qu'à propos. Et permet d'asseoir un début de réputation sympathique dans nos latitudes pour un groupe déjà pourvu d'une réelle identité dotée de pas mal de potentiel.

 

On passe dans le un peu moins à-propos avec Cellar Darling. Changement radical de registre pour avec le trio dissident laissé sur le carreau par Eluveitie. On entend Cromy grogner et montrer les crocs d'ici : « c'est de la daube soupesque ! ». Et au niveau soupe, on ne lui donnera pas tort dans le sens où Cellar Darling se montre sur un visage autrement plus poppisant que le groupe qui les a fait connaître. Pas besoin d'aller plus loin que le single vitrine « Avalanche » pour se convaincre du virage commercial et easy-listening opéré. Un parti-pris qui plaira ou ne plaira pas mais reconnaissons toutefois que cela a le mérite de les éloigner considérablement de leur ancienne chapelle. C'est qu'on a vu des émancipations plus fainéantes où ça ne faisait que de « l'ex-groupe-bis, l'inspiration en moins ». Le trio accompagné d'un bassiste de tournée ne semble pas dans cet état d'esprit, bien au contraire. Si l'on pouvait craindre qu'ils feraient vilain de la tête de se retrouver en simple ouvreur alors qu'ils étaient autrefois des têtes d'affiche, cet à-priori se révèle juste de la simple paranoïa : les Suisses se révèlent joviaux et pas du tout dérangés de la situation. Au contraire, on sent un plaisir sincère de repartir de zéro, même si cela signifie qu'il faille refaire ses preuves. Environ quarante-cinq minutes de jeu et jamais d'ailleurs on n'entendra parler d'Eluveitie, tant dans les discours, que dans la setlist. La page est tournée et Cellar Darling se focalise uniquement sur son seul album, This Is The Sound. Anna Murphy s'avère aussi douce et charmante que le répertoire dudit album auprès de l'assistance, se permettant même de s'essayer à quelques mots de français « alors qu'elle n'était pas très assidue à cette matière à l'école ». A noter que le single précédemment nommé passe bien mieux en live que sur galette. Car Cellar Darling, malgré qu'il n'en soit qu'à ses prémisses parvient à créer une ambiance assez fascinante. Plus pop folk que le metal folk de jadis, laissant un petit arrière-goût de fantasy dans son sens le plus féerique pas désagréable qui peut un peu faire penser aux atmosphères de Cécile Corbel, la vielle à roue remplaçant la harpe, le tout dopé aux hormones. Bref, j'ai été agréablement surprise et séduite par la formation hélvète dans sa configuration live, et ce, même si je n'en attendais au final pas grand-chose. Et au vu de la chaleur de l'ovation de la part du public, nul doute que le trio a marqué quelques paires d'oreilles positivement ce soir.

 

Étant donné que les deux combos ouvrant les hostilités ont été privés d'un bon gros morceau de scène, imposant même aux batteurs de se positionner sur le côté, la mise en place se fait donc très rapidement. Les rangs se resserrent considérablement et les premiers rangs se montrent particulièrement hystériques. Grosse ovation donc à l'arrivée de Lacuna Coil au sein de sa scène en demi-cercle aux couleurs claires et cliniques à grand coup d'« Ultima Ratio » extrait de son dernier album, Delirium. Le concept de cet opus étant ce qu'il est, c'est sans grande surprise que chacun se voit arborer sa petite camisole laiteuse. Et que c'est le petit dernier de la discographie qui est le plus mis en avant, ce qui n'est pas un mal au vu de l'avancée musicale qu'il représente dans sa carrière des Italiens. Si les musiciens ne sont pas en reste, c'est davantage sur les deux vocalistes pour lesquels les têtes se tournent et se focalisent. Que ce soit du côté masculin que du côté féminin, il n'y a pas de démérite ce soir. Andrea Ferro – faisant un peu penser avec cette attitude très neo et avec ce style de maquillage à un faux jumeau de Daron Malakian (System Of A Down) – est très en voix et se montre particulièrement convaincant sur ses parties les plus extrêmes, qui représentent pourtant une nouveauté amenée par leur dernier bébé. Tandis que Cristina Scabbia impressionne de par la justesse de son chant, même s'il s'avère bien moins puissant qu'en studio – au moins écarte-t-on tout soupçon de playback avec ce genre de différences – et séduit de par son statut de porte-parole entre les titres. Un peu de la même manière qu'un Testament la semaine précédente, c'est du show carré et rôdé qui nous est proposé, la petite étincelle de pilule chaleureuse en plus. Les mains tendues des premiers rangs sont souvent serrées et l'on aperçoit même la chanteuse avec une rose gonflable en bouche se taper sympathiquement la pose pour le fan lui ayant jeté ce cadeau sur scène. Quelques petits détails de spontanéité sympathiques – on notera ce petit mot dédié à Warrel Dane (Sanctuary / ex-Nevermore) décédé plus tôt dans la journée, même si certains de mes voisins non-anglophones s'en amusaient, car pensant qu'elle parlait de notre cher Johnny – au milieu de tous ces discours préparés en amont, heureusement déclamés avec un enthousiasme non-feint. Même si, en parallèle, on regardera d'un œil plus méfiant le fait de vendre des bouts de papier afin de permettre à ceux l'ayant acheté de les faire signer par le groupe après le concert (d'autres font bien payer le fait d'être roadie vous me direz...). La part belle étant faite à Delirium, l'ère Shallow Life (2009) et Dark Adrenaline (2012) est vite éclipsée, pour mon plus grand bonheur d'ailleurs, préférant accorder plus d'importance à Broken Crown Halo (2014) et même un rapide retour sur Karmacode (2006) avec la doublette « Enjoy The Silence »/« Our Truth », des moments forts du show. Les fans de la première période, plus gothique, resteront en revanche pas mal sur leur faim puisque seuls les classiques et indispensables « Swamped » et « Heaven's A Lie » issus de Comalies (2002) ont été joués. C'est que Lacuna Coil a évolué et a tourné la page, il faut s'y faire ! D'autant plus aujourd'hui où le line-up a évolué, pour leur plus grand bien, le groupe semblant plus soudé et complice que jamais. Et après un petit cadeau de Noël avec un titre inédit servi en rappel, « Naughty Christmas », après que des sapins gonflables se soient matérialisés sur la scène, sous fond de chute de neige artificielle, « The House Of Shame », qui clôt définitivement cette jolie prestation, montre que Lacuna Coil en a encore dans le ventre malgré qu'il ait considérablement fait évoluer sa recette. Et à en voir certains courageux pogotant dessus joyeusement (!), ce ne sont pas eux qui iront prétendre le contraire !

 

 

Setlist

 

  • Intro / Ultima Ratio
  • Spellbound
  • Die & Rise
  • Blood, Tears, Dust
  • Ghost In The Mist
  • My Demons
  • Trip The Darkness
  • Downfall
  • Swamped
  • Enjoy The Silence
  • Our Truth
  • Delirium
  • Nothing Stays In Our Ways
  • Naughty Christmas (Rappel)
  • Heaven's A Lie (Rappel)
  • The House Of Shame (Rappel)
photo de Margoth
le 19/01/2018

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