Modern Life Is War le 22/06/2018, Le Petit Bain, PARIS

Modern Life Is War (report)

Une semaine Parisienne carrément éprouvante avec pourtant à l’arrivée, et en guise de récompense, le concert de Modern Life is War et de Cro-Mags sur ma péniche Parisienne fétiche, à savoir le Petit Bain. C’est donc comme à l’accoutumé que j’arrive ponctuel sur zone. Une chance pour moi car je tombe sans plus attendre nez à nez sur certains membres de Modern Life Is War qui, quand je commande ma première pinte au bar, eux privilégient en bon curieux qu’ils sont de la culture hexagonale un bon vieux rouge qui tâche. Ne sachant que faire de ma peau car embarrassé par la situation, situation qui aurait pu m’être favorable si j’avais voulu m’entretenir de manière privilégié avec les gaziers, je décide de prendre la fuite pour me rendre aux chiottes. Et là qui en sort ?? Ni plus ni moins Jeffrey le chanteur du groupe qui semble encore un peu éprouvé par le long voyage et le décalage horaire. Des images mentales fantaisistes me viennent à l’esprit, je désacralise le bonhomme sans trop de difficultés, les circonstances aidants. Bref ! Une interaction pittoresque et d’une banalité que seul la promiscuité Punk permet.

 

C’est donc la mine satisfaite et le bedon apaisé que je sors des chiottes pour me diriger vers la terrasse de la péniche à cette heure-ci (18h) encore copieusement chauffée par le soleil. Pendant ce temps, Cro-Mags effectue ses balances. Quelques victuailles anisées plus tard et le temps de croiser quelques habitués, je rejoins l’intérieur de la péniche pour assister au  concert de Higher Power dont il revient la lourde tâche de chauffer à blancs le public Parisien. A l’intérieur peu de monde, je crains que cette soirée ne fasse un four au vu du contre évènement Clissonais du Week-End… N’en déplaise aux Britanniques de Higher Power qui, malgré la désaffection relative du publique encore grisé par les largesses et les premières notes estivales envoient une série de Riffs pas novateurs pour un sous mais au combien efficaces. Un style Old-school typé fin 80’ faisant la part belle au Trash et au Punk-Hardcore sur lequel beaucoup de personnes réunies ce soir ont jeté leur dévolu. Un set impeccable, une balance et des riffs percutants qui nous mettent l’eau à la bouche en attendant les Ricains de Cro-Mags. Du rififi devant la scène, dans un Mosh-Pit déserté mais tout de même ambiancé par deux trois excités venus pour en découdre avec leurs mystérieux ennemis invisibles. Higher Power frappe vraiment fort dans le cadre de ces préliminaires plutôt réjouissants, et donne le ton pour la suite d’une bataille qui s’annonce placée sous le signe du Moshing crétin et du virilisme exacerbé. C’est tout de même enthousiasmé par la prestation de Higher Power, et en même temps amusé/consterné par le spectacle Moshant auquel je viens d’assister que je remonte m’en jeter un.

 

La terrasse est déjà beaucoup moins clairsemée qu’en début de soirée, une vague humaine vient en effet de s’abattre sur la péniche du Petit Bain. Une vague qui est arrivé en force pour le concert de Cro-Mags. Un concert fédérateur et qui marque enfin, au détriment de Higher Power, le lancement de cette belle soirée Hardcore.

Le ravitaillement fait, je redescends vers la scène où Cro-Mags devrait lancer les hostilités dans peu de temps, le temps pour eux de poser le décor avec la musique d’ouverture d’Orange mécanique. Ce concert promet donc une bonne dose d’Ultra-violence!!

Les membres de Cro-Mags entament leur set par « We Gotta Know » dans une salle qui dégueule de monde excepté dans le Pit, la faute à quelques hurluberlus qui ont fait du devant de la scène leur terrain de jeu en se l’appropriant par une triviale et excluante démonstration de force. Allez !! Oublies-les pour le moment et fais abstraction de ces poseurs de bubbles.

Abstraction faite des Moshers qui n’arriveront pas à détourner mon attention… Une première remarque, il me semble que le son est un peu sourd mais j’avoue que de ne pas avoir mis de boules Quies devant Higher Power n’a absolument pas arrangé les choses. C’est donc en me recentrant et en attendant un peu que mes oreilles fassent le point auditif que je retrouve une qualité auditive suffisante pour apprécier la East Coast touch des Cro-Mags.  Les « morceaux de bravoure » qui ont fait les lettres de noblesse de Cro-Mags sont interprétés avec toujours autant de conviction par un John Joseph qui galvanise une foule toute entière ralliée à sa cause. Son chant Raw hargneux, très souvent entrecoupé et agrémenté de séquences cleans rappel très souvent le timbre de voix et le style de Bruce Dickinson de Maiden. Les grands classiques que sont « Street Justice », « Malfunction » ou encore « World Peace » nous ont enchanté, nous ont fait bougé nos p’tit boules, nos petites têtes déjà bien grisées par la bière abondante ce soir là. Ce concert cristallisait à lui seul tout l’esthétique Hardcore 80’, avec de la part de Cro-Mags, un sérieux engagement, un super jeu de scène, une fraîcheur anachronique, une envie d’en découdre de malade mais surtout une classe Américaine que beaucoup de Frenchy tentent encore de copier en vain.

Casquette basse pour Cro-Mags !!! Une bonne claque Oldie pour une valeur sûre de la scène Hardcore et un style toujours d’actualité…

 

Et rebelote, ça r’monte, ça r’pisse, ça r’ravitaille, ça r’fume, ça r’fait le match… Et puis, un problème se pose pour moi qui suis venu en premier lieu assister au concert de MLIW. Comment vais-je faire pour me mettre aux avants postes ? Moi qui refuse de Mosher. On verra bien… En tous les cas ça devrait bien se passer et puis de toute façon c’est décidé, je ne me laisserai pas intimider par ce ritualisant fétichisme.

Et c’est reparti !! Avec un Line-Up qui a beaucoup évolué depuis leur dernière fois à Paris au Nouveau casino. C’est avec un nouveau batteur et un guitariste en moins que MLIW se jette à corps perdu sur scène. Restant sur le premier titre au bord des eaux tempétueuses, je me lance très rapidement dans le Pit, et ce dans l’espoir de désamorcer tout velléité Moshisante. Plusieurs méthodes pour se faire :

 

  1. La Samba del Sol :

Se mettre en plein milieu du Pit en engageant quelques pas de Samba (Cédric Baxtler  l’a démontré à plusieurs reprises, on peut effectivement être violent, Hardcore et stylé tout en faisant l’économie d’un Moshing qui exclut tout azimut).

Résultat escompté : Effet dit de « Stupéfaction ». Etonnement de la part du Mosher qui apprécie tout de même l’aspect transgressif de cette manœuvre et l’affranchissement de codes que cette approche suppose.

 

  1. Seul contre tous :

Rester imperturbablement planté les bras croisés en plein milieu du Pit…

Résultat escompté : Effet dit de l’« Anti-jeu » ou encore du « Pot de terre contre Pot de fer ».

  • Mais il ne bouge pas le type ??
  • Ca serait pas très Fair-Play de lui éclater la mâchoire dans ces conditions, je vais peut être lever un peu le pied.

 

  1. De la misère en milieu Hardcore:

Singer le Moshing en insistant sur l’excentricité et le grotesque de la danse.

Résultat escompté : Se dit de « l’effet miroir » ou encore de l’effet « Hot Shot ». Tournez en dérision les gesticulations stériles d’un mec en train de se battre contre sa fumisterie et lui renvoyer à la gueule une image peu flatteuse.

 

  1. Die Testostérone Die ! :

S’interposer en jouant des coudes et manifester son mécontentement à chaque telescopage tout en faisant une gueule patibulaire.

Résultat escompté : L’effet dit de « Virilité vs Virilité » ou « d’intimidation ».

  • Tu veux continuer comme ça ?? J’ai de quoi faire usage de la force, les cabrioles en moins…

 

Les quelques mâles Alpha en présence ayant compris mes intentions Anti-Moshing, intentions mises en application dans le seul but de voir le plus de monde possible monter au front pour profiter de la chaleur des Amplis et éprouver collectivement (musiciens inclus) la fièvre Hardcore qui nous anime ; c’est avec une certaine satisfaction personnelle que je me retourne et constate que les rangs se sont resserrés. En soutien à cette initiative et pour en remettre une couche, Jeffrey le chanteur rappelle les règles de bonnes conduites, d’équités et du respect mutuel que l’on se doit les uns les autres dans la fosse. Putain ! Le message que j’ai minimalement essayé de faire passer est relayé par une figure d’autorité, cette soirée est enfin Safe pour tout le monde ça fait zizir…

Bref ! Ça Slamme, ça danse, ça s’dérouille les cervicales, ça se liquéfie d’émotion, ça beugle les poings fermés et ça communie au micro de Jeffrey sur pas mal de morceaux, « Chaising my Tail » en tête. Un truc de fou !! La soirée est belle, les Moshers le sont redevenus aussi.

 

L’énergie, l’engagement, l’efficacité mélodique, les valeurs (l’humilité, la combativité, la sollicitude, la positive attitude entre autres…), la philosophie de MLIW et l’effervescence sociale que suscite ce groupe à chacun de ses concerts sont devenus précieux à mes yeux et font toujours autant d’effets. Des effets galvanisants et reboostants aux allures d’injonctions à vivre et à continuer le combat, et ce même dans ta scène…

 

Certes la tradition Punk-Hardcore et son esthétique sont violentes mais à quelles fins ?? Il est toujours possible d’en finir avec une dimension qui fait beaucoup de « mâle » à la scène. Une scène qui a toujours cherché à déconstruire et à lutter consciemment/inconsciemment contre l’oppression sociale de manière générale, le sexisme, le racisme, l’homophobie, en gros contre la violence dont les minorités Punk ont fait les frais dans tout le champ social. Pourquoi reproduire dans ta scène les logiques d’exclusions qui t’ont amenées jusque là et contre lesquels tu luttes? Sérieux ! Calme-toi… Si tu veux te sentir en vie et mettre ta violence au profit d’une cause, défonces un Mc Do, une banque, ton bahut, ta fac, un keuf Ahah ! Diriges ta violence contre les institutions qui t’oppriment et épargne-nous tes petites transgressions ritualisantes. Si tu veux t’éclater avec tes semblables c’est possible en dansant avec eux plutôt que contre eux. Va au-delà de ton Ego-Trip mâle Alpha et de ton individualisme forcené.

Allez sans rancune !! car malgré nos oppositions et la diversité de nos pratiques nous faisons tout de même partis de la même scène, et avons de ce fait un grand quelque chose en commun. Pour finir ce report en bon terme et pour citer Modern Life Is War : « I WISH YOU WELL !!! » 

 

 

photo de Freaks
le 24/07/2018

6 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 26/07/2018 à 12:15:55

Ha ha, excellent cours de stratégie moshpitesque :D

Freaks

Freaks le 27/07/2018 à 11:47:04

Cimer Lapinou! La prochaine fois j'ramène le transat ;)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/07/2018 à 17:34:38

Ah mais c'était toi le casse-c… !!!

Freaks

Freaks le 02/08/2018 à 09:38:18

Ça dépend du point de vue ou l'on se place..

sepulturastaman

sepulturastaman le 03/08/2018 à 14:35:04

[humour] Purée on s'est récupéré une tarlouze qui ne supporte pas les mâles alpha blancs cisgenres, encore un qui crache sur la néo-masculinité. [/humour]
Et en plus il ne met même pas une paire d'hache à thrash, et patathrash.

Freaks

Freaks le 04/08/2018 à 02:36:14

Les minorités agissantes : OUI!!! mais dans l'intérêt du collectif toujours... c'est la seule règle ;)
le pit c'est juste du jus de couilles ramolies.. même si j'adore lécher des bubbles pendant des nuits entières... et pi le pit c'est un truc de validiste pas du tout déconstruit ;) le Trash aussi d'ailleurs ;)

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