Flip Party (Stupeflip) le 16/09/2017, Dock Pullmann, Aubervilliers

Stupeflip (report)

Se rendre à la Flip Party, c'est un peu comme allez voir un film de David Lynch : on ne sait pas réellement à quoi s’attendre. Une chose est sûre, on va avoir le droit à un truc barré au regard de l'univers torturé de son instigateur, avec une galerie de personnages, tous plus improbables les uns que les autres. Annoncée lors de la campagne de crowdfunding lancée pour financer le mixage de l'album Stup Virus (campagne qui, je le rappelle a battu un grand nombre de records en terme de rapidité et de gains), la Flip Party était un moyen de remercier tous les lapins contributeurs. Peu d'informations ont été dévoilées au cours des mois qui ont précédé l’événement, si ce n'est qu'elle se déroulerait à Paris, puis que le vainqueur d'un concours de reprise de Stupeflip se produirait sur scène. Bref, un bien maigre os à ronger, mais le fan de Stup que je suis faisait confiance à King Ju et au Crou pour organiser un truc trapu qui prend aux tripes. Avec un tel budget (l'entrée était payante, de gratuit à 29€ en fonction de la participation), ça s'annonçait costaud.

Le site de la billetterie annonçait :

 

« Tu es le CROU. Déguise toi, maquille toi, parfume toi en kingju, cadillac,

mystère au choc, salo, lampe de chevet, argémione, etc... ce que tu veux, toi

et participe à une grosse soirée avec du son, des images, du son, des surprises, du son. »

 

La veille, le 15 septembre donc, la nouvelle tombe, la Flip Party aura lieu au Dock Pullman à Aubervilliers, quasiment à Paris pour ceux qui ne sont pas du coin. Au petit matin du jour J, je saute à bord d'un bus dernier cri, son qui déchire dans les oreilles. Peu de temps pour traîner, l'ouverture des portes est annoncée pour 20h. J'ai de la chance, je débarque presque pile à l'heure et je fais mon entrée dans la salle moins d'une heure après mon arrivée, mais quand je vois la file qui s'étire et s'étire jusqu'à l'infini derrière moi, je me dis que pour certain l'attente va être longue... Effectivement, quatre vigiles en charge de la palpation de sécurité de rigueur pour plus de 6 000 personnes prévues, c'est peut-être un peu léger. Mais ça laisse le temps d'avoir un premier aperçu de l'effort réalisé par de très nombreux participants en matière de costume, du cosplay de King Ju au plus Whisky Tango Foxtrot, on ne peut pas dire qu'ils aient lésiné sur ce point. L'ambiance commence doucement à monter alors que la météo est clémente.

 

Je finis par pénétrer dans la salle, un immense hangar, haut de plafond; c'est sûr, on ne va pas se marcher sur les pieds. Tout de suite en entrant, on trouve le stand de merch' : déception, pas d'objet spécifique marquant la soirée, pas de slop Cadillac, pas de crayon Titi, pas de handspinner Hypnoflip... Tant pis, je garde mes sous pour la bière. Entre les buvettes et moi se dresse un mur prévu pour la prise de photos, comme dans les meilleures soirées V.I.P. Il attendra plus tard. 3€ le demi, plus le prix du gobelet Stupeflip, voilà qui est raisonnable pour Paris. Il ne me reste plus qu'à parcourir les quelques dizaines de mètres qui me séparent de la scène ; aux murs, quelques affiches à la gloire du groupe, mais rien d'autre. La scène est masquée par un rideau blanc sur lequel sont diffusés des créations graphiques de King Ju, des extraits vidéos, un making of du clip de « The Solution ». Sur sa droite un second écran diffuse la même chose en décalé. La diffusion boucle, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu'elle fera patienter la foule qui commence à se masser devant la scène jusqu'à ce que tout le monde entre dans la salle. Premier constat, le son n'est pas nickel, trop de basses qui bavent et font vibrer le parquet, mais pas trop fort, loin s'en faut.

 

Les vidéos s'arrêtent, une grille est diffusée sur le rideau, et un DJ commence à mixer. On reconnaît Dr Vince, le DJ officiel du Crou (et de Gérard Baste également), qui commence à chauffer la foule avec un mélange entre Hip-hop américain old school (le premier Snoop par exemple) et quelques titres de Stupeflip, dont les beats sont revus dans le but de faire danser la fosse. Mission accomplie, le monsieur est doué et le public lui mange rapidement dans la main.

 

Jusqu'à présent, pas un mot de l'orga, ni d'indice concernant le déroulé de la soirée. Des caméras filment et diffusent sur l'écran de droite des images du public et donnent une petite idée de l'ambiance et de la motivation de ce dernier. Il y a vraiment des très chouettes costumes et certains, nombreux, ont fait de très gros efforts.

 

Dr Vince termine son set, on sent que ça s'agite sur scène. Le rideau finit par s'ouvrir sur un groupe. Qui sont-ils ? Avec un âge moyen d'environ 15 ans, on a deux guitaristes, une bassiste et un batteur balance une sorte de punk rock quasi inaudible en raison du son saturé de basses. Ça bouge, ça joue fort, mais difficile de se faire un réel avis. Fin du suspens, il s'agit de Pogo Car Crash Control, qui nous balance encore deux morceaux, tout aussi difficilement compréhensibles. Il finit par annoncer une reprise de Stupeflip, et surprise ! King Ju, suivi par Cadillac et M.c. Salò débarquent sur scène et font entendre leur voix, le temps d'une poignée d'autres reprises qui sont jouées à vitesse grand V. On réalise sur le coup que le Ju est parfaitement à l'aise dans le costume de frontman de formation Rock (voire plus si affinité).

 

Dr Vince retourne derrière les platines, pour un set dans la continuité du premier, mais avec plus de Stup dedans. Le temps passe, King Ju ainsi que quelques autres personnes non identifiées s'échappent quelques instants des backstages le temps de venir se trémousser sur scène et gueuler dans le micro. Le public est chaud comme une cougar à la sortie d'un lycée. Il pogote, « circle-pite », et lance même une tentative de Wall of Death  nouvelle preuve qu'il vient en partie du Metal. On en profite également pour nous régaler avec le concours de reprises dont on livre des images avant que les deux vainqueurs ne viennent interpréter leur version, sous l’œil attentifs des créateurs originels de « Gaëlle » et de « 1993 ». 3XNOIR et Romain Borderie on donc droits aux honneurs. On commence à avoir des redites dans le set, quand tout à coup, le DJ balance un beat lourd et est scandé « la religion du Stup ». Grâce aux écrans géants, on assiste à une procession d'une douzaine de spectateurs masqués portant des drapeaux à l’effigie des Régions Unifiées, qui, lentement, se dirige du fond de la salle vers la scène. Ils finissent par prendre place, immobiles, sur scène. Noir. Leurs yeux lumineux brillent dans l'obscurité. Va-t-il se passer quelque chose ? Deux, trois autres morceaux sortent de la sono, puis les masqués sortent se dirigent doucement vers les backstages.

 

Dr Vince continue de faire danser, puis quitte ses platines. Plusieurs personnes commencent à s'agiter derrière puis l'un deux commence à passer des disques, à l'ancienne. C'est parti pour un nouveau DJ set de plus d'une heure de Rap américain old-school. La sélection est vraiment pointue, je me sens largué, mais je profite du moment et continue de me dandiner. Ce n'est pas l'avis de tout le monde, les gestes haineux à l'égard du DJ se multiplient dans le public, qui se fait de moins en moins présent devant la scène. A la fin de la prestation, quelques roadies s'agitent, installent des éléments scéniques tandis que Dr Vince annonce que le mythique Dee Nasty quitte la scène. Le rideau se referme et le DJ de Stupeflip reprend place. Des images de feu sont diffusées et les enceintes crachent « Black Hoodie » de Body Count. Tout le monde est en costume, M.c. Salò, Cadillac, King Ju. Mais ce dernier semble avoir un coup de mou, il reste de longue minutes assis sur les marches qui mènent à l'estrade du DJ. Dr Vince semble un peu paniqué, Ju finit par regagner les coulisses.

 

Il revient quelques instants plus tard, recommence à faire le zouave sur scène (si vous avez du mal à visualiser, jeter un coup d’œil ici). Un Stup inédit est annoncé et joué en play-back. Le son général n'est pas très propice à la découverte, je ne sais pas trop quoi en penser... Finalement King Ju finit par déclarer au micro qu'il a un peu trop bu et qu'il va se coucher. Sifflets. Connaissant le personnage, j'attends quelques minutes avant de savoir si c'est du lard ou du cochon. Le voyant, immobile, assis devant les retours, je décide que j'ai eu mon compte. Il est 4h10, je fais un crochet par la buvette : plus de bières depuis un moment. Le stand de merch', fermé. Autour de moi, des dizaines de groupes de fans assis ou allongés au sol, le devant de scène est presque déserté. C'est le signal, je quitte les lieux alors que la sono commence à jouer de la variété française.

 

Vous me direz, tout ceci n'est pas bien passionnant à lire. Et vous aurez raison, mais c'est mon parti pris, c'est le sentiment global que j'ai ressenti lors de la soirée, qui a été plus subie que vécu par de nombreux participants. Remonté comme Jean-Claude Duss arrivant à Assinie, u final, cette Flip Party est une déception pour moi. L'univers de Stupeflip est tellement riche, il y avait moyen de faire de cet événement sympa un moment exceptionnel. Plus de communication entre le Crou et son public, plus d'info concernant le déroulé de la soirée données par l'orga, plus de déco en l'honneur du groupe, avec peu, on pouvait faire beaucoup. « Big up » cependant au public, à l'implication et à la motivation sans faille et à Dr Vince, qui malgré des redites (« Et en plus Sunday Bloody Sunday tu l'as passé trois fois ») fut le véritable héros de cette soirée.



PS: les photos prises par moi lors de la soirée ne sont pas de suffisamment de bonne qualité  pour figurer ici, mais n'hésitez pas à aller voir celles de SECONDHAND ILLUSTRATIONS.

photo de Xuaterc
le 29/09/2017

6 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 29/09/2017 à 12:44:41

J'avais lu le même type de retours sur le net. "Du gros foutage de gueule!", en général.
Mais tu n'as pas dit le principal: en quoi étais-tu déguisé ? :)

Margoth

Margoth le 29/09/2017 à 13:20:24

En lapin peut-être ? En plus j'imagine trop bien le pompon frétiller au rythme des dandineries ;) . C'est marrant mais en ce qui concerne les live reports, ce sont toutes ces choses "pas intéressantes à lire" ou autres anecdotes insipides et sans intérêt qui me passionnent le plus.

Xuaterc

Xuaterc le 29/09/2017 à 18:12:07

J'étais costumé en Cyril Glaume ;-)
J'ai essayé d'être le plus factuel possible, pour ne pas être taxé de hater qui ne veut que casser du Stup...

cglaume

cglaume le 29/09/2017 à 18:34:02

:D Je suppose donc que des fans hystériques ont essayé de t' arracher des bouts de caleçon?

pidji

pidji le 30/09/2017 à 09:08:48

quand j'ai lu le report des Inrocks j'ai halluciné, vu ce que tu m'as dit au sujet de cette soirée Xuxu !

Xuaterc

Xuaterc le 30/09/2017 à 09:46:00

Ah ouais, je viens de le lire... Effectivement... Peut-être que pour une soirée bobo parisien c'était pas mal. Mais comme j'écrivais, ça devait être mieux que pas mal.

Et Cyril, je n'avais pas de caleçon...

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