Sunn o))) + Eagle twin le 28/01/2010, Olympic et Confort Moderne, Nantes et Poitiers

Sunn o))) + Eagle twin (report)
5 ans que je n’avais pas vu le Lord en concert, 5 ans qui se sont écoulés depuis cette expérience qui a radicalement changé ma vision de la musique, mon appréhension du son. Devenu un gros fan, absolument pas objectif car subjugué par le groupe à la marque d’amplis, je n’avais pas eu l’occasion de revoir la bande à O’Malley (Khanate, Lotus Eaters, KTL…) et à Greg Anderson (Goatsnake, Ascend…) depuis dans ma région. Cette tournée avec les ricains d’Eagle Twin (dont l’album est un petit bijou) était l’occasion de me rattraper, et de prendre ma dose de son pour un moment. Habitués des tournées avec Sunn o))), Eagle Twin est en fait signé chez Southern Lord, et Ascend réuni des zicos des deux groupes, ceci explique cela.

Sur la route de Nantes et de Poitiers je vais donc retrouver le grand manitou du Son, qui met à l’honneur son dernier album en date, Monoliths & Dimensions, lui aussi parfait.

On commence donc par l’Olympic de Nantes, qui prouve encore une fois sa prog de qualité (après Boris et Earth). Le décibelomètre éteint, un mur d’amplis sur scène (un jour j’en aurai autant !) et pas mal de monde pour accueillir les américains ce soir, bonne nouvelle pour l’orga, bonne soirée en perspective.

Eagle Twin, duo guitare/chant - batterie de son état prend les planches d’assaut pour presque 1h de son furieux, fuzzy, un peu crados et gras. Un peu plus chaud à capter que sur album à cause d’un son un poil brouillon, mais rien de grave, les balances sont super bien équilibrées et le groupe peut envoyer la sauce comme il lui plait. Un cogneur qui cogne, un gratteux qui beugle et qui fait vrombir son engin, les gars sont pas là pour déconner. Un peu tassé sur la fin, le set reste extra, super agréable a écouter (lorsqu’on connaît les titres de l’album) et super a regarder. Le jeu du batteur super massif, les riffs de grattes bien barrés parfois, et les litres de postillons que le chanteur à éjecté, ne sera pas au goût de tout le monde. Pour ma part ca faisait longtemps que j’avais pas pris une claque dans la gueule, que ça soit niveau son, ambiance (lourde et abrasive) et compos (toutes tirées du premier album The Unkindness Of Crows). Un vrai plaisir pour les esgourdes (des titres un peu revisités par rapport à leur version album) et les mirettes (du matoooooos), les influences des Melvins, de Khanate & co ne se fait plus autant ressentir que sur album, et on sent vraiment l’essence du groupe à travers une prestation comme celle-ci. Depuis ce concert, j’écoute en boucle, CHAPEAU !

La grande cérémonie va enfin avoir lieu, après une musique d’ambiance d’église, pas forcément de très bon goût et des tonnes de fumée envahissant la salle. La foule s’est carrément gonflée pour la tête d’affiche, j’en suis étonné, mais tout de même agréablement surpris. L’arrivée des zicos (ce soir accompagnés de Steve Moore et de Attila Csihar) se fait attendre, mais une fois sur scène, c’est une déflagration sonore monumentale qui va s’abattre sur nous pendant 1h15 environ. Je retrouve bien les sensations qui m’ont tant marqué il y a 5 ans, à travers la nappe épaisse de basses, de fuzz, de vibrations, nous sommes plongés hors du temps, dans un espace sonore dans lequel il est difficile de s’extirper. Complètement happés par le son, c’est « Agartha », le premier morceau du nouvel album qui déferle dans nos oreilles, et qui fait vibrer tout notre corps. L’arrivée d’Attila, maitre de cérémonie me laisse des frissons dans le dos, et l’effet des bures noires, dans la fumée et le son est absolument captivant. Le rituel peut alors commencer, à travers les gestes précis et processuels du chanteur. Inutile de préciser que la performance vocale sera magnifique et incroyable tout au long du set. Des voix gutturales impressionnantes (rappelant les basso profundo) en passant par le Xöömi (technique de chant mongole, proche du Jodle suisse également) donnera une ambiance et un relief incroyable à la prestation de ce soir. Le son est tout bonnement parfait, pas de fréquences désagréables, pas de déséquilibre. Bref hormis les 120db et plus qu’ils nous foutent dans la tronche, il n’y aura rien a retenir du son si ce n’est qu’il était NICKEL ! (vous pouvez compter sur les doigts de la main le nombre de fois où je dis ca héhé).

Les passages en son plus clairs, très aérés, avec le trombone ou le synthé de Moore sont également d’une justesse incomparables. Bien amenés, bien trouvés, envoutants, bref je ne manque pas de superlatifs sur ces passages qui nous rappellent la bonne époque des albums White. On a la réelle impression qu’un set est construit, avec ses différentes parties agencées, et non plus un espèce de medley drone comme avant. Une évolution remarquable car on ne peut plus appréciable. S’en suivent le riff mamouthesque de « Hunting & Gathering (Cydonia) » qui rend débile et qui fait péter la nuque, avec des parties presque a capela d’Attila (vraiment dingue) pour terminer sur un « Big Church » royal. Même si les arrangements ont été modifiés pour être réalisables sur scène, on retrouve bien les morceaux de l’album, et on n'est pas déçu par les compos, qui ont pour le coup bien le temps de se mettre en place et de laisser parler leur son. On à également le droit a du spectacle, avec Attila, qui outre sa gestuelle rituelle, enfile un masque peu ragoutant sur le second titre, et des lasers rouges au bout de ses doigts sur le dernier. L’aspect visuel bien travaillé, et finalement accrocheur, nous permet de nous maintenir attentif, car sinon on se prend vite a fermer les yeux et à se laisser bercer par le son et l’ambiance planante et lourde à la fois. Vraiment ravi, ému et fourbu, je quitte la salle en me disant que, oui, Sunn o))) est vraiment une expérience à vivre, à ressentir, et peu importe leurs détracteurs, ils font du son, et ils le font bien.

Je trépigne alors, j’en veux d’autre, l’expérience concluante de la soirée Nantaise me donne l’envie de revivre ces émotions une seconde fois (si jamais il fallait encore attendre 5 ans avant de les revoir). Direction Poitiers donc, où le Confort Moderne avait déjà accueilli les grands Melvins pour un concert d’anthologie.

Cependant ca ne sera malheureusement pas le cas ce soir (la faute à la neige peut etre), l’expérience ne fut pas aussi parfaite. Tout d’abord la faute à un parterre moins fourni, ensuite à un Eagle Twin limité ! En temps et en son, le groupe devra se contenter d’une mini demi-heure pour convaincre, avec un son de guitare approximatif et un chant trop en avant. On sent que Gentry Densley n’est pas trop à l’aise, il galère un peu avec ses pédales, il ne chante pas très juste, et surtout, il écourte le set en ne sachant plus trop quoi faire… Ah quel dommage, car la super prestation de Nantes m’avait donné une très bonne impression du groupe en live (carré, précis, ambiance bien placée etc), comme quoi, tout n’est peut être qu’une question de conditions. J’appréhende du coup beaucoup la venue de Sunn o))).

Et malheureusement, mes inquiétudes s’avérerons fondées. Sur quasiment tout le premier titre, Greg Anderson aura des problèmes de son à la basse, quittant la scène plusieurs fois, laissant SOMA combler comme il peut la scène. Du coup, la venue solennelle d’Attila fait un peu un flop, et le groupe se rattrape comme il peut pour enchainer. Si la suite se passe sans encombres techniques, on notera un léger manque de justesse et d’inspiration dans les parties plus libres ou dans les interludes. A comparer avec Nantes, il n’y a pas photos ce soir le groupe est moins en forme et la mayonnaise ne prend qu’a moitié. On sent alors la rage d’Anderson lorsqu’il entame le riff de « Cydonia » et il rattrape un peu le coup en essayant de pousser le groupe vers le haut à ce moment du set. Petit changement par rapport à Nantes, le déguisement d’Attila sur le dernier titre, délaissant ses lasers pour un costume d’arbre mort, funeste, lugubre, avec un corbeau empaillé sur une de ses branches. Niveau ambiance, rien a redire ça en jette, et du coup on sent le chanteur plus à l’aise sur la fin de « Big Church » où il impose vraiment un jeu torturé (ses cris aigus stridents et glacials) qui sied plutôt pas mal au morceau (à comparer au caractère plus tamisé, calme du titre sur album). Le son quant à lui fut également moins bon qu’a Nantes dans l’ensemble (la faute à la salle ?), ce qui me fera un peu bouder mon plaisir tout de même.

Conclusion Nantes 1, Poitiers 0. Mais je ne ferai pas le rabat joie, j’ai été subjugué de pouvoir apprécier une nouvelle fois le groupe sur scène, et faire l’expérience du Son, avec un grand S, comme dans Sunn o))) ! DOOM, LOUD, voilà ce qu’il faut retenir, les mecheux et trendy n’avaient qu’à bien se tenir.
photo de Viking Jazz
le 05/02/2010

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