Ultra Vomit + Headcharger le 07/10/2017, Normandy, SAINT-LÔ (50)

Ultra Vomit + Headcharger (report)

Au sortir du concert de Nova Twins et Fai Baba, la soirée rennaise a battu son plein... Au point que le lendemain a été terriblement délicat en terme de bouche pâteuse. Il faut dire que se retrouver à rentrer avec sa logeuse quasiment à quatre pattes vers 6h du mat', ça n'aide pas. Mais il arrive un moment où il faut bien rentrer chez soi. Et pour se remettre d'une bonne cuite, pourquoi ne pas s'arrêter en cours de chemin pour un autre concert ? Soigner le mal par le mal, c'est sans doute le remède le plus efficace. C'est ainsi qu'avant de rentrer sur les terres caennaises, j'ai fait un petit crochet par Saint-Lô dont le Normandy accueillait Headcharger et Ultra Vomit. Ces derniers que je vois en mode revancharde vu qu'une putain de file d'attente à la Cathédrale m'avait fait presque totalement louper leur prestation – à deux chansons près – au Hellfest de cette année.

 

On ne peut pas dire que je sois mieux lotie en ce 7 octobre à ce niveau. La date affichant complet, c'est accueillie par une méga-file d'attente que j'arrive au Normandy, ancien cinéma ayant conservé les particularités architecturales de son ancienne fonction, à savoir une fosse en pente douce offrant un point de vue plutôt agréable quelque soit son éloignement de la scène. Difficile d'en profiter d'ailleurs car pour rentrer, il aura fallu prendre son mal en patience. La faute à une ouverture des portes trop tardive par rapport à l'heure de début des concerts et la grande densité de personnes attendue, appuyée par une sécurité particulièrement zélée ne souhaitant laisser passer aucune tête chevelue sans sa petite palpation corporelle en règle. Car chacun sait que les terroristes, s'ils voulaient s'attaquer au territoire manchois, préféreront emmerder et bousiller 500 pèlerins – satanistes, certes – dans une salle de concert à Saint-Lô alors qu'ils pourraient très bien bousiller une région entière en faisant exploser leur bombe à 80 km de là, à la station nucléaire de Cherbourg... Un peu plus d'une vingtaine de minutes avant de passer le cap de la porte d'entrée, première mauvaise surprise, d'autant plus que ce n'est pas la première fois que ces mêmes désagréments interviennent lors d'autres événements où la sécurité a été gérée par la même entreprise que ce soir. Seconde mauvaise surprise et non des moindres : si le billet affichait 20h30, l'horaire sous-entendait le début des concerts et non l'ouverture des portes comme beaucoup d'autres le font. Un de ces quatre, il serait peut-être temps de normaliser un peu tout ça, voire être plus explicite, histoire d'éviter les quiproquos.

 

Ces deux aspects additionnés font que je suis arrivée devant Headcharger alors qu'il avait déjà pas mal entamé son set. Et au vu de la facilité aberrante afin d'atteindre les premiers rangs alors que le concert affiche complet, je ne semble pas être la seule à m'être faite avoir. Alors, certes, je relativise en me disant que je les ai vu un nombre incalculable de fois étant donné que pour la Caennaise que je suis, il s'agit d'un groupe local que je suis depuis leurs premiers jets, avant même qu'ils ne gagnent en popularité. Dont la dernière fois date de mai dernier pour la release party de leur nouvel album, Hexagram, ce qui n'est finalement pas si long. Un dernier album qui passe fort bien le cap du live à l'image de ses prédécesseurs soit dit-en passant. Mais ça fait chier quand même car chacun ayant déjà assisté à un concert des Normands sait qu'il s'agit d'un groupe imparable dès lors qu'il s'agit de scène. Et ce, quelque soit les affinités qu'on peut avoir avec son répertoire. Je fais d'ailleurs partie des personnes préférant leurs débuts hardcore teinté du côté grassouillet du stoner plutôt que son visage actuel où le stoner a totalement évincé le hardcore sur album. En revanche, et malgré que les vieux morceaux ne soient plus spécialement rejoués en concert, cette évolution prend tout son sens sur les planches. Car Headcharger a tourné. Beaucoup. Et sont devenus de vrais rouleaux compresseurs en terme de présence scénique. Ce qui est particulièrement flagrant lorsqu'on les suit depuis 12 ans. Avec les années, les Caennais gagnent en prestations de plus en plus carrées tout en n'ayant jamais perdu de leur étincelle et sympathie naturelle. L'expérience fait que les mecs savent quoi faire pour faire mouche mais toujours en restant humbles et complices avec son public. Un public sans surprise totalement acquis à sa cause, les racines régionales y jouant sans doute pour beaucoup dans cette connexion groupe/assistance immédiate. Et ce soir, Headcharger ne démérite pas de ce statut. Il n'est certes pas surprenant et l'on sait pertinemment sur quels sentiers il va nous emmener. Mais aussi connus sont-ils, l'efficacité est toujours de mise et jamais la lassitude n'intervient. Si des gens n'ont jamais eu l'occasion de les voir en live, n'hésitez pas à croiser leur chemin car jamais Headcharger n'a déçu en terme de scène, quelque soit le contexte (salle en tête d'affiche, en simple première partie et même en festival).

 

Arriver en retard fait que la prestation file d'autant plus à vive allure. La salle s'est entre temps bien remplie, au point que je décide de ne pas bouger de ma place de choix lors du changement de plateau, de peur de ne plus pouvoir la retrouver après une escapade bière et/ou entretien de cancer du poumon. Et comme on dit : « jamais deux sans trois ». Même si on préférera toujours que cet adage ne s'applique pas dès lors qu'on parle de mauvaise surprise. Car, bien sûr, les premiers rangs se sont resserrés au fur-et-à mesure que la tête d'affiche allait donner son coup d'envoi. Une attente avec pas mal d'ambiance d'ailleurs, la populace adolescente d'une part de la salle intensifiant le fait d'un public au taquet dès le moindre mouvement sur la scène. En revanche, la mauvaise surprise intervient surtout à la constatation du grand nombre de jeunes têtes. Et quand je parle de jeunes têtes, je ne parle pas des adolescents en pleine mue. Mais plutôt de ces parents, certainement encore traumatisés qu'on leur ait refusé de participer à un concert de Dorothée au même âge, ramenant leur progéniture de la tranche d'âge des 2-5 ans. Sidérant de ramener des petites graines – casquées pour la bonne teneur de leurs oreilles fort heureusement – qui ne garderont aucun souvenir du moment et n'ont surtout pas la trempe physique et l'attention nécessaires pour suivre un concert de bout en bout. Du coup, on se fait emmerder par des parents amenant le sac d'expédition indispensable à tout déplacement avec enfant en bas âge, et des petits partagés entre endormissement – le couvre-feu est passé depuis un moment après tout – et phase d'hyperactivité provoquée par le mélange de fatigue et d'ennui à force de rester sur place sans bouger. La catégorie « parents » pourra peut-être s'émouvoir de voir de telles jeunes pousses en concert metal, je trouve cela de mon côté particulièrement égoïste dans le sens où elles font partie du quota de la soirée – à l'inverse du Hellfest par exemple – et qu'il aurait sans doute mieux valu dépenser les 20 euros du billet du petit pour une baby-sitter. Histoire de laisser la place à ces personnes laissées en berne à l'entrée qui n'ont pas pu se procurer de billets. Après, n'allez pas voir de côté réac' mal placé, je n'ai rien contre les enfants, bien au contraire et j'ai même été très attendrie de la tranche 8-12 ans présente, pour le coup, à juste titre tant ils ont su apprécier le concert, des étoiles plein des yeux. Petit hommage à ce photographe venu avec son fils de cette tranche d'âge qui paraissait particulièrement heureux d'être présent et tout fier de voir son papa partir à la pêche aux clichés dans la fosse aux photographes, un petit tableau de partage familial particulièrement touchant.

 

Parce que bon, ramener ses enfants lorsqu'ils ont atteint l'âge raisonnable pour supporter un concert dans de bonnes conditions, ce n'est pas si saugrenu lorsqu'il s'agit d'Ultra Vomit. Loin de là d'ailleurs. Une prestation de ces hurluberlus nantais, c'est un peu comme retrouver Bobo et Popeye des Bronzés dans un Club Med pour metalleux. Une ambiance bien beauf et familiale donc. A prendre avec tout son second – si ce n'est le millième – degré bien entendu. Car Ultra Vomit, ce sont aussi des zicos talentueux quand bien même ils mettent tout leur niveau technique à contribution pour des morceaux délicieusement légers et potaches. Pour être honnête, je me suis d'abord méfiée du come-back d'Ultra Vomit avec son nouvel album, Panzer Surprise. Neuf ans entre ce dernier et Objectif : Thunes étaient passés, les choses ont évolué. Moi y compris, passant de lycéenne à adulte en fin de vingtaine. La bande à Fetus pouvait-il se targuer de conserver ce même charme aujourd'hui ? L'album a donné un début de réponse plutôt positive. Ce concert aura fini de confirmer le fait qu'Ultra Vomit a encore toute sa place parmi nous et que malgré la quasi-décennie de pause, ne l'a pas vraiment perdue. Preuve en est du public regroupant plusieurs générations, dont les plus vieux particulièrement avides de trouver en cette soirée un délire totalement puéril. Ce qu'Ultra Vomit leur a donné généreusement.

 

A mi-chemin entre concert et spectacle humoristique, les titres s'enchaînent, entremêlés à diverses transitions parlées plus ou moins longues et mises en scène. De la même manière qu'un One-Man Show – on notera que sur la date du Trianon, dans la capitale quelques jours plus tard, la première partie était assurée par l'humoriste Dédo sans que le changement d'exercice ne paraisse hors-sujet – les Nantais savent très bien jouer leur jeu de spontanéité afin de donner l'illusion de totale improvisation. Bien sûr, si certaines vannes ont été spécialement pondues pour l'occasion, notamment un beau « salauds » fort facile en jouant avec le nom de la ville, la construction du spectacle a bel et bien été pensée à l'avance, avec énormément de cohérence. Et interprétée de belle manière, sans trop d'écart de conduite, mais avec un naturel et décontraction suffisants afin de laisser planer le doute quant à l'exercice improvisé. Alors, bien entendu, on est loin de l'éloquence et la finesse d'un Desproges. Chacun sait qu'il faut rarement compter aller au-delà du dessous de ceinture, tels les bons vieux sketchs des Nuls, à base de salace et de pipi/caca mais cela fait toujours mouche. D'autant plus que le public est souvent mis à contribution et doit parfois même donner de sa réputation comme la séance d'hypnose d'un bienheureux dont c'était l'anniversaire, invité sur scène avant de se faire traiter de « Pauv' Connard ». Bref, concon mais croustillant.

 

La musique n'est évidemment pas en reste. L'interprétation sur un plan technique est même extrêmement bluffante. Les musiciens arrivent à jongler entre différents styles sans transition (mention à Manard à la batterie) avec une aisance prouvant qu'on n'a pas affaire aux premiers venus. C'est dire, on a même le droit à un « Keken » où Manard et Flockos (guitare) se payent le luxe de switcher leurs places pour que le batteur chante et le gratteux titille du fût, le tout avec beaucoup de classe et d'aisance. Et bien sûr, ne parlons pas de certaines compositions plutôt géniales dans l'idée, même si l'humour omniprésent relègue au second plan leurs qualités purement techniques. Car « Calojira » mixant le « Face A La Mer » de Calogero avec le « Vacuity » de Gojira brille par son rendu cohérent alors que la théorie laissait présager la pire des infamies. « Kammthaar » représente sans doute le meilleur titre que Rammstein ait composé depuis hyper longtemps. « Mountains Of Maths » n'aurait pas démérité sur un album d'Immortal s'il avait été plus long et sérieux. Et on en passe des belles et des pas mûres. Si, en toute logique, les deux derniers albums sont mis en avant, les vieux de la vieille qui ont connu Ultra Vomit lorsqu'ils étaient de purs grindeux ont été ravis de voir des « Une Souris Verte » et « I Like To Vomit » tirés de Mr. Patate ressortis du placard. Et bien sûr, que n'aurait pas été un concert d'Ultra Vomit sans son sempiternel « Je Collectionne Des Canards (Vivants) » avec la petite présence bonus d'Andréa, l'acolyte de Fetus dans son autre projet, Andréa Et Nicolas, frétillant tout de plumes vêtu. A cracher des petits canards couinants de son postérieur que j'ai failli me prendre en faciale si je n'avais pas eu le réflexe de l'esquiver, ce qui lui a valu de me siffler à 2 millimètres de l'oreille.

 

Même si la soirée a été un peu entachée de petits désagréments extérieurs, j'en repars chez moi toutefois pleinement satisfaite. Ravie d'avoir pu avoir ma revanche sur le loupé du Hellfest. Et surtout avec un mini-compagnon couinant en plastique en poche auquel il ne manque qu'une fonction vibrante pour être véritablement parfait. Ce petit Jacquie pourra rejoindre son acolyte Michel, poisson en plastique qu'un ami s'est vu confier la garde à la demande d'un plateau de fruits de mer lors du dernier carnaval étudiant de Caen. Car oui, les consanguins – big up à notre Touk'Touk' ! – se trouvent peut-être plus au nord par rapport aux terres de Guillaume, il n'empêche qu'il se passe tout un tas de choses douteuses ici également.

 

 

Setlist

 

  • Looney Tunes Theme + Fort Boyard Theme (Intro)
  • Darry Cowl Chamber
  • Les Bonnes Manières
  • Un Chien Géant
  • E-TRON (Digital Caca)
  • Mechanical Chiwawa
  • Je Ne T'Es Jamait Autans Aimer
  • Mountains Of Maths
  • Pauv' Connard
  • Calojira
  • Takoyaki
  • Boulangerie Pâtisserie
  • Jack Chirac
  • La Marseillaise
  • Pipi VS Caca
  • Batman VS Predator
  • Welcome to the Jingle
  • Je Possède Un Cousin
  • Une Souris Verte
  • La Ch'nille
  • La Bouillie IV
  • Improvisation (Jazz diabétique)
  • Keken
  • Anthracte
  • I Like To Vomit
  • Je Collectionne Des Canards (Vivants)
  • Kammthaar (Rappel)
  • Quand J'Etais Petit (Rappel)
  • Évier Metal (Rappel)
photo de Margoth
le 01/11/2017

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 01/11/2017 à 15:51:07

Ha ha, la prochaine fois que Ultra Vomit se produit au Hellfest, il faut absolument qu'on se fasse le concert ensemble! :D Trop envie de faire une compète de rattrapage de canards avec quelqu'un d'aussi aguerrie ! :)

Tookie

Tookie le 01/11/2017 à 20:33:15

Justement, les consanguins accueilleront les UV fin novembre et je comptais y aller de mon report egalement...nous avons une reputation de "terre de l'etrange" à garder...

Margoth

Margoth le 07/11/2017 à 09:57:53

Hahaha, mais en dehors d'Ultra Vomit, il y a plein d'autres concerts à se faire au Hellfest tu sais ;) . Ah Toukie, n'hésite pas pour le report, n'aies pas peur de la redite (en plus, ce n'est pas la même première partie à Arras si je ne m'abuse), je reste hyper curieuse de savoir si vous aurez le droit à une remarque particulière dans l'annonce de "Je Possède Un Cousin" :P

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