Black Widow - Sacrifice

Chronique Vinyle 12" (44:44)

chronique Black Widow - Sacrifice

Sortez la bougie, nous plongeons là dans les profondeurs de l'histoire du rock, dans des confins de l'underground que les médias n'ont que rarement reflété... Sans parler d'un "génie ignoré", Black Widow est un groupe remarquable, particulièrement de par cet album nommé Sacrifice, autant dans la forme que sur le fond, en témoignent les concerts rituels qu'ils ont donné à l'époque. Car le groupe mettait en scène des rituels propres au Wiccanisme, cette mouvance d'après guerre qui ressucita le paganisme en rassemblant toute forme de religion sous la coupole de la magie. Au même moment, c'est Coven  qui sortait witchcraft destroys minds & reaps souls aux Etats unis; on peut donc penser qu'à l'époque un certain créneau pour le rock occulte se développait, précisément de 1969 à 1971.

 

Le satanisme de Black Widow, s'il est abondament documenté, reste celui du satanisme blasphématoire, spectaculaire. On note tout de même que s'il ne fallait retenir qu'un véritable groupe définitivement orienté sur cette philosophie, ce serait celui-là. Mais l'on ne retrouve pourtant pas là les sombres riffs haineux du metal, qui leur sont postérieurs. Il s'agit là de rock progressif des années 60, accompagnés de touches de Jazz, voire même bossa nova. Parfois c'est assez naïf, assez "cool", dans cette idée du flower power de l'époque peut être.

 

Cependant, on peut voir dans ces morceaux plus qu'une musique gentillette. Car le satanisme - ou paganisme - n'est pas affaire de choses sombres ou mauvaises, elle est affaire de puissance, alors elle se doit de briller et de monter une vision nouvelle de l'homme. Ce sont les chrétiens qui ont terni cette vision, ce sont eux qui inventèrent la "jouissance du mal", et non pas leur "ennemi". En cela, jouer un metal de gros vilain méchant ne fait qu'alimenter, ironiquement certes, l'image que l'église du christ se fait de Satan. Ici c'est gentillet, mais c'est aussi les images oniriques de Pan, des satyres, des festins orgiaques, du retour vers la nature.

 

Mais revenons à nos moutons. Non, ils ne sont manifestement pas de panurge. Certains riffs préfigurent un hard rock déchaîné, comme dans "Sacrifice", et la voix de Kip Trevor, si elle n'est pas de toute justesse, apporte beaucoup de charisme. Les riffs, groovys dans l'ensemble, prennent parfois un aspect plus grandiose, comme en témoigne le morceau "In Ancient days" et son intro soignée à l'orgue qui devient possédé. "Seduction" apporte aussi quelque chose d'agréablement raffiné dans ce qui pourrait être une ballade en plein paysage féérique de la mythologie Germano-scandinave (vous savez, Brunhilde, les Nibelungen, tout ça).

 

La suite de Black Widow n'est pas reluisante : le créneau du rock occulte semblait préfigurer une niche commerciale au pont entre les 60's et les 70's, mais il s'est rapidement étoffé autour de Black Sabbath, qui y apportait quelque chose de nouveau, de sombre. La place a été prise, et Black Widow s'est tourné vers une formule plus commerciale qui dénote sévèrement de la ferveur pourtant sincère de leurs débuts.

 

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photo de Carcinos
le 26/01/2014

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