Metz - Up On Gravity Hill

« Red Rose : A Punk Legend ? »

Finalement, ce n’est pas si étonnant.

Sans doute que les vagaband·es qui ne tendent qu’une oreille discrète à la formation canadienne depuis la déflagration éponyme de 2012 seront désorienté·es, déstabilisé·es – voire dévasté·es – par la proposition musicale de Up On Gravity Hall. Cependant, en analysant avec recul la trajectoire des punk torontois, la démarche s’avère tout à fait cohérente : deux premières œuvres éponymes qui posent un noise-rock incandescent, grunge et cathartique encensé par la critique ; un troisième opus enregistré en compagnie du légendaire Steve Albini – rite de passage obligé des hargneux·ses en quête de légitimation bruitiste – et pour finir, Atlas Vending, qui témoignait dans son écriture des inquiétudes artistiques des musiciens.

En effet, après un début de carrière canon porté par Sub Pop, le temps de la réflexion était sans doute venu, et ce afin d’éviter de s’enfermer dans une auto-parodie permanente de leurs œuvres passées. Les plus attentif·ves ont donc pu déceler dans les titres « No Ceiling » et « Hail Taxi » une coloration pop inhabituelle, ainsi que dans les 7 minutes 37 secondes du génial « A Boat to Drown In ». Dès lors, il ne paraissait pas totalement incongru que la suite poursuive et confirme cette démarche. L’interrogation résidait davantage dans la radicalité avec laquelle la formation allait embrasser ses nouvelles inspiration : sous quelle forme allait se dessiner ce cinquième album de Metz ?

Quatre année et une pandémie plus tard, la réponse nous est finalement donnée avec cette rose d’un rouge carmin, qui s’éloigne de l’iconographie véhiculée par le groupe. Tout au long des 8 titres, le noise-rock de Metz approfondit les traits pop de sa musique, qui se voilera par moment d’une étoffe shoegaze : le guitariste a sorti les pedalboards et l’on ne comptera plus le nombre de riffs joués en clean avec potard reverb réglé à 11. Si ces aspirations mélodiques n’étaient pas suffisantes, le faux-noisefriend « 99 » se chargera d’entériner tout espoir de retour à une brutalité sonore d’antan dès l’entrée des chœurs, tout droit sorti d’un tube New Wave. Alors, je tiens à rassurer les apeuré·es qui lisent ces lignes, toute la réussite de l’album tient à la digestion impressionnante de ces influences nouvelles au sein d’un son et des gimmicks qui ont façonné le style musical de Metz depuis 2012. Bien que le résultat décontenance, l’écoute de titres tels que « Entwined (Street Light Buzz) », « Wound Tight » et « Never Still Again » ne laissent planer aucun doute sur l’identité des artistes en présence. C’est là toute le génie d’un album qui assume la transition déjà évoquée en pointillé et qui ne ménagera pas ses fans dans l’intransigeance de son orientation. Dans tous les cas, c’est vers des contrées inconnues que s’est élancée la formation canadienne, et le final « Light Your Way Home », à l’atmosphère DIIVienne, révèle probablement qu’ils ne comptent pas s’arrêter là pour la suite.

Après une décennie de noirceur abrasive et punk, Up On Gravity Hill signe la floraison de Metz et vu la qualité du terreau, il n’est finalement pas si étonnant d’obtenir une si belle rose.

Arrache coeur

le 03/05/2024