Dirt Poor Robins - Firebird
Chronique CD album (52:33)

- Style
DSO-like Synth-Pop [Metal] - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
28 février 2024 - écouter via bandcamp
Avec Firebird, Dirt Poor Robins n'est pas loin d'avoir résolu la quadrature du cercle. Une fois de plus, serait-on tenté de dire... En proposant un album qui pourra plaire aux amateurs de comédie musicale comme aux (...moins bornés des...) métalleux. En combinant ambitions orchestrales et accessibilité Pop. En boostant la majorité de ses compos avec une rythmique en béton armé, tout en évoluant dans des décors hollywoodiens faits de nuages de papillons et de fées Clochette. En restant Rock'n'Roll jusqu'au cœur de la moelle, mais en colorant leur 7e album de Synthwave et de nostalgie pour les 80s. En s'avérant incroyablement exigeant (la trame narrative s'inscrit dans le riche univers développé précédemment sur le double-album Dead Horse. Par ailleurs on nous offre là un hommage érudit à l'Oiseau de Feu de Stravinsky) mais en offrant le visage immédiat et souriant d'un album des Beatles. Enfin en satisfaisant la soif de fantaisie foraine du fan de Diablo Swing Orchestra, sans pour autant provoquer de mouvement de recul chez le nawakophobe.
… Il y a manifestement quelques diableries là-dessous, dirait Godefroy de Montmirail.
L'année dernière, Prelude to Firebird nous avait prévenus qu'il se tramait quelque-chose de gros. Et le groupe confirme nos soupçons de brillante manière. Car Firebird est un enchantement, à la fois bigarré et cohérent, énorme et immédiat. Plus de cinquante minutes de cardio-training pendant lesquelles le palpitant se fait secouer par de transcendantes émotions, caresser par la voix envoûtante de Kate DeGraide, bouleverser lors de pics narratifs semblables à autant de climax cinématographiques, mais également agacer lorsqu'il réalise que, bien que nombre de ces morceaux mériteraient la faveur des ondes, les programmateurs leur préféreront toujours (dans le moins pire des cas) la fadeur du tout-venant Pop/Rock...
Ils sont passés où les décideurs d'antan, qui avaient les couilles de passer « Bohemian Rhapsody » et « The Wall » à la radio, bordel ?
Au sein de la chronique de l'EP je vous ai déjà dit mon émerveillement face à la force toute-puissante de l'imperfectible « Political ». Ainsi que les flocons duveteux voletant sur « Cry Wolf », le grand déballage (...un brin trop...) précieux de « Beauty Will Save The World », et l'enthousiasme 80s d'un « To The Heights » renvoyant à l'efficacité tubesque des premiers Madonna. On s'en tiendra donc à ces descriptions lapidaires : cliquez ici si vous voulez en savoir plus.
... On a de toutes façons largement matière à s'émerveiller en s'en tenant aux huit morceaux nouveaux.
« You'll Never Hear It Coming » est l'un des plus rétros de ceux-ci, avec sa batterie tout droit sortie d'un album de Phil Collins et son énergie pulsant au rythme des néons d'une cité rétro-futuriste comme le siècle dernier se plaisait à les imaginer. À noter, malgré le contexte assez peu organique de la musique proposée, la présence d'un solo de guitare qui rappelle qu'à l'époque évoquée on savait mélanger les univers, que ce soit aux US avec Van Halen ou en Europe avec... Europe. Profitons-en également pour saluer Neil DeGraide dont les leads, parfois méchamment chiadés (cf. celui de « To The Heights » par exemple), ne sont jamais gratuits, ni imposés par une conception traditionaliste du Rock, mais participent pleinement au tissus narratif.
Mais si l'on continue à ce rythme, cette chronique risque de ressembler à un tome du Seigneur des Anneaux. Parcourons donc en un court paragraphe ces nouveaux morceaux qui finiront de vous rendre gagas de Dirt Poor Robins. En commençant par « Fever Dream », entièrement bâti sur le contraste juteux résultant de la rencontre entre un riff Rock bien roots et les coulées légères d'un piano disert. « Holy Roller » prolonge cet esprit Rock punchy, en le drapant dans un synthé d'époque qui ajoute à la dimension « over the top ». Mais quitte à voir les choses en grand, autant passer carrément au niveau Stadium Méga Hit : c'est le propos de « So Long To Yesterday » qui mêle les univers de Def Leppard, des Beatles et de Queen pour un résultat forcément imparable. Dernier chef d’œuvre incontestable, le morceau-titre mêle chœurs divins, riches arrangements, refrain et mélodies génératrices de chair de poule (... qu'il faut donc pour partie attribuer à Stravinsky) en un crescendo émotionnel digne des plus bouleversants génériques de fin.
On est donc à deux doigts de bombarder ce 7e album d'un 9, voire d'un 9,5/10. Notre main est cependant arrêtée dans sa course par quelques menues broutilles : un « All At Once » apparemment bien sous tous rapports, mais qui ne transforme pas l'essai. Puis la paire « Empty » / « The Imperishables » qui, tel un duo d'interludes, semble n'avoir pour vocation que de se tenir « entre deux », de franchir des SAS, de patienter entre les véritables plats de résistance. Pas désagréables, ces morceaux ne tiennent cependant pas la comparaison avec leurs pairs.
Voilà pour la justification de la note affichée ci-dessus, légèrement inférieure à celles attribuées aux deux autres albums aujourd'hui chroniqués en nos pages. Mais même ainsi diminué, en ce début avril qui a déjà vu passer un quart de l'année en cours, Firebird vient prendre la tête du peloton 2024. On lui donne donc rendez-vous sur la ligne d'arrivée, qu'il franchira sans aucun doute parmi les dix premiers.
… et dire que ces fabuleux troubadours ne sont toujours pas signés !
La chronique, version courte : 7e album de Dirt Poor Robbins, Firebird est plus que jamais une somme (à la fois Comédie musicale, rugissement [Hard] Rock, recueil de tubes 80s et hommage orchestral à Stravinsky), une luxuriante démonstration d'excellence et d'immédiateté mêlées. C'est ce genre de disque naturellement susceptible de déclencher coups de cœur – voire de foudre – en cascade. C'est le point de rencontre ultime des fans de Diablo Swing Orchestra, Europe, Vangelis, Devin Townsend et Phil Collins.
4 COMMENTAIRES
el gep le 04/05/2024 à 00:23:07
Europe, Vangelis, Devin Townsend et Phil Collins daqns la même phrase pour résumer ta chronique: ça y'est mon insuffisance veineuse s'est immédiatement transformée en insuffisance cardiaque fatale..
Que l'on vende mes vieilles guitares beugnées pour acheter des clopes à mes enfants.
cglaume le 04/05/2024 à 07:14:14
🤣🤣
‘spèce de vieux punk !
Je suis sûr que sous l’épaisse croûte rugueuse, on peut trouver un zest de guimauve si on fouille bien. Tiens, là, à côté du bouquet de fleurs des champs 😁😁
el gep le 04/05/2024 à 11:51:29
C'pas faux...
Mais... Europe, Phil Collins quoi !
Ca y'est ça recommence, me sens mal.
cglaume le 04/05/2024 à 12:13:10
Europe a le synthé un poil trop flashy pour moi aussi. Par contre je mentirais si je disais que le Philou me laisse froid.
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