Manes - Slow Motion Death Sequence

Chronique CD album (44:17)

chronique Manes - Slow Motion Death Sequence

Slow Motion Death Sequence est ce type d'album qui trouvera difficilement son public, Manes ayant toujours été le groupe insaisissable et indéfinissable par essence, et ce même lors de ses débuts lorsqu'il se vautrait dans la fange Black Metal il y a de ça plus de vingt-cinq ans. Ses mues ont été constantes, à chaque album, brutales, décontenançantes, encore plus qu'Ulver, c'est dire!, mais à chaque fois réussies. La sixième piste évoque le concept philosophique du Bateau de Thésée: si toutes les parties d'un ensemble sont progressivement remplacées, s'agit-il toujours du même ensemble. En l'occurrence, pour Manes, la réponse est affirmative. Deux titres, les deux premiers, ont été dévoilés avant l'arrivée de l'album complet et ont donné une idée vague de la direction prise par le groupe de Trondheim: la continuité dans la rupture, peut-être un peu plus Rock que Be All End All, mais toujours en équilibre entre musique électronique, Jazz, Trip-hop.



Pour bien comprendre Manes, sa musique, ses évolutions, il faut impérativement considérer plusieurs formations qui gravitent autour. Entre autres Manii, Drontheim, Lethe, kkoagulaa s'influencent, se nourrissent entre elles pour former les facettes d'un même joyau qui brille au centre de l'ancienne capitale religieuse de Norvège.



Sous ses airs d'apparente légèreté, Slow Motion Death Sequence (comme son nom peut le laisser entendre) est une œuvre particulièrement sombre, peut-être ce que le groupe a composé dans le domaine depuis son premier album. Elle semble se découper en deux parties de quatre morceaux chacune, séparées par la ballade acoustique "Last Resort", petit bijou délicat à deux voix évoquant Pink Floyd et Anathema. La première partie est plus orientée vers l'Électro alors que la seconde laisse plus de place aux guitares, même si cette dichotomie ne saute pas immédiatement aux oreilles.



Une fois de plus, la musique de Manes prend toute son ampleur au casque, même si la qualité de la mise en son permet d'apprécier tous les détails également avec des enceintes. Elle se compose d'une multitude de couches, l'ensemble fourmille de détails. Les musiciens, en particulier Tor-Helge Skei, sont réputés être de véritables geeks des technologies sonores et les idées, inventions et trouvailles en la matière sont permanentes tout au long du disque. Même si il est réfléchi à l'extrême, Slow Motion Death Sequence se veut et est avant tout émotionnel, la technique se met entièrement au service de l'expression des émotions, toujours très fortes.



C'est à un véritable voyage émotionnel auquel l'auditeur est convié au long des neuf titres, aidé en cela par les voix masculines et féminines (qui peut parfois irriter quand elle prend des intonations nasillardes), impeccables de bout en bout. Pour conclure, Manes, avec "Ater" fait un détour par le Metal Indus, montrant avec succès qu'il est encore capable de sortir les crocs.


photo de Xuaterc
le 22/09/2018

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements