Galloping Coroners + Vágtázó Halottkémek - A Semmi Kapuin Dörömbölve / Hammering On The Gates Of Nothingness

Chronique CD album (56:05)

chronique Galloping Coroners + Vágtázó Halottkémek - A Semmi Kapuin Dörömbölve / Hammering On The Gates Of Nothingness

David Lynch est mort.

Je ne pensais pas un jour écrire cette phrase.

Je ne pensais pas qu'un jour David Lynch mourrait.

C'est ballot, l'est parti avec le balluchon au grand bal des balles perdues. Hors jeu depuis toujours, y faisait du hors-bande dans l'gazon d'synthèse, y filmait les horreurs sous les jupettes blanches des joueuses de tennis malmenées par les loups du soir et les doublons de soi-même qui détalent faire leur vie de rêve depuis les reflets dans les bouts de miroir pétés qui ont roulé sous les rideaux rouges... qui révèlent mieux que tout les cauchemars derrière « les petites barrières blanches des pavillons » de la normalité-reine.

 

La Reine Norme... Notre pote Joe, un vrai marginal, un survivant aussi, au métabolisme semble-t-il indestructible, 11 vies comme un chat, au moins, et une authentique encyclopédie vivante de la musique et du cinoche, me parlait sans cesse d'un groupe « Hardcore Psyché » qui l'avait profondément marqué, moi j'dirais « voire Punk Pagan » ahah !, et j'ai fini par enfin prendre le temps de découvrir Vágtázó Halottkémek, traduit en Galloping Coroners pour l'international car, bon, le Hongrois s'exporte assez mal.

J'ai bien fait, car c'est chouette. Et c'est un bout d'Histoire. Histoire du Punk, du Rock en général. Ils sont partout, dirait-on : dans Neurosis, dans les Swans, dans Einstürzende Neubauten, les Young Gods, Iggy Pop, PIL, Henry Rollins, Jello Biafra... En tous cas, ils ont claqué tout le monde avec leurs concerts shamaniques et leurs transes Folk Punk.

 

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Truc écrit à la main sur bloc petits carreaux A4, Bic noir, retranscrit ici :

 

Donc voici un bout d'Histoire, putain. Putain, lire la page Wikipedia du groupe en deviendrait presque passionnant, c'est dire...

Après, musicalement, si comme Attila Grandpierre l'a lui-même reconnu, on trouve des accointances involontaires – car préexistantes – avec le Punk et le Hardcore, on est tout d'même dans autre chose, avec le Folk de l'Est (celui qui me dit ''pas mal ton Rock Celtique'' recevra des menaces de mort à vie et ne sera plus jamais serein), le Psychédélisme et le Krautrock (influence revendiquée d'Amon Düll par exemple), le Prog du début Pink Floyd related motherfucker, et le Rock en général bien-sûr.

Tout cela, avec une candeur et une énergie qui emporte tout et surtout mon adhésion.

 

Ça ne tombe jamais vraiment dans le cul-cul, même dans ses instants les plus lumineux et mélodiques et, oui, il y a bien quelque chose de shamanique là-dedans, une transe.

Il faut entendre Attila se déchirer la voix dans ses psalmodies répétées, ces tambours graves, ces guitares qui n'arrêtent pas de tricoter et tisser des enluminures emmêlées, parfois en tremolos staccatos.

Cette candeur et cette énergie, disais-je, et cette verve qui se dressent contre l'oppression et assument tout, y compris les conséquences, c'est quelque chose d'assez rare. Et radical.

 

Oui, la radicalité, c'est pas forcément comme dans G.I.S.M. dont nous parlait Cromy dans le forum dernièrement... Ça peut prendre différentes formes et ça, Jello Biafra qui les avait signés sur son label Alternative Tentacles l'avait bien compris, lui l'amateur de singularités plus que tout autre chose (plus que le Punk-même car « Those dumb Punk kids would buy anything », ça c'est bien vrai, tiens!).

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Mais bon Lynch est mort et Tarkovski aussi. Et j'écoute ce groupe qui a été interdit de concert et d'enregistrement pendant sa première décennie d’existence, en Hongrie et ailleurs.

Oui, la Hongrie lui a aussi interdit de jouer en dehors du territoire.

Ça a fini par bouger, grâce à l'appui de certains artistes, diplomates et politiques.

Et le groupe, chez lui, se produisait tout de même de temps en temps sous des noms d'emprunt, dans des lieux secrets ou sans annonce, à la dernière minute.

 

Quoiqu'il en soit, musicalement ça vaut le détour, cette fameuse naïveté transfigurée par l'énergie tourbillonnante emporte vite notre empathie, sentimentale et rythmique.

Je sais pas, imaginez Jane's Addiction (encore elle, j'fais pas exprès...) qui aurait troqué l'héro contre les champignons magiques, et qui se mettrait à faire un grand bœuf autour du feu, avec la ferme intention de changer le monde avec sa musique.

 

Et peut-être bien qu'ils ont réussi à le changer le monde, hé, qu'est-ce qu'on en sait ? S'ils n'avaient pas existé, est-ce que tout serait pareil, identique, ou ce monde serait-il encore un peu plus pourri ? Hein Marty ? C'est comme David Lynch, je suis certain qu'il l'a changé ce monde, au moins un tout petit peu. Et malgré tous ses aspects cauchemardesques, il ne l'a certainement pas changé pour le pire. Certainement pas.

C'est pourquoi je dirais, que cela aille bien ou mal pour Annie, qu'il nous faut d'autres David Lynch. Il nous faut d'autres Andreï Tarkovski. Il nous faut d'autres Vágtázó Halottkémek. Il nous faut d'autres Joe. Non pas des foutus doppelgängers, mais des gens authentiques qui ne ressemblent qu'à eux-mêmes et qui font leur liberté toute belle entre leurs petites mimines.

Ici vous écouterez de vrais résistants totalement investis dans leur art, sans une once de cynisme.

Le fond est la forme. La musique est le fond, même avec un discours additionnel, le fond est déjà dans la musique. L'universalité. La liberté. La connexion entre les êtres. Le voyage intérieur.

 

Écouté d'une oreille distraite ou d'humeur maussade, on pourra trouver quelques longueurs, quelques sonorités ou schémas aujourd'hui un peu désuets, mais comme le dit Joe c'est à écouter dans le noir, au casque, ou en concert (« ça devait être quelque chose ! »).

Et pourtant, dès ''Hunok Csatája / Battle Of The Huns'', comment ne pas se faire happer ?! Quelle beauté, et quelle simplicité, également ! Quelle beauté pour le superbe ''Örökkévalóság / Eternity'' également... Et le début de ''Nincs Más Megoldás (Pótolhatatlan Halhatatlanság) / There's No Other Solution'' avant le bœuf final en apothéose d'excitation...
Tandis que le morceau instrumental à la moitié de l'album approchera l'Ambient, le suivant, ''Álmodom / I'm Dreaming'' sera complètement arraché, Attila Grandpierre et ses amis se détruisent les cordes vocales dans un bordel sans nom avec des vieilles grattes rythmiques vaguement pönk-thrashisantes et toujours ces putain de tambours ! N'oublions pas de citer leur tube Punk à eux, ''Botrányos Probléma / Scandalous Problem''.

 

Bref, tous les amateurs de Pagan, de Kraut, de Folk vénère ou d'autres façons de faire du Rock ou du Punk en général seraient bien avisés d'y jeter une paire d'oreilles attentives.

Merci Joe. Mais bordel, n'oublie pas de prendre tes anticoagulants !

Comme David Lynch et quelques autres irremplaçables, t'as pas le droit de partir. Interdit !

 

INTERDIT !

photo de El Gep
le 01/06/2025

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