Aksarven - Drifting From Nowhere (2024)

Chronique CD album (43:59)

chronique Aksarven - Drifting From Nowhere (2024)

Faut avouer, au delà de ce qu'elles défendent, dans le style, dans la forme, dans la manière, les demandes de chroniques adressées à votre webzine préféré se suivent et se ressemblent alors quand le texte de la demande commence par "Pour 8oris peut-être?", t'as l'égo qui fait des bons stratosphériques, t'as le sifflard qui se sent plus péter, tu t'autopromeus de "manoeuvre de la chro" à "Philippe Manoeuvre de CoreAndCo". Même pas tu lis le reste du dossier de presse, ton amour-propre a le vent en poupe et la proue prête à n'importe quelle soupe, tu lances l'album et là, c'est la dégringolade de l'égo, la chute vertigineuse de l'amour de soi car, non,  ce ne sera pas un album qui aura l'honneur d'être chroniqué par ce chroniqueur (moi) mais bel et bien un chroniqueur qui aura l'honneur de chroniquer cet album. .

 

En effet, Drifting from nowhere du trio français fraîchement formé Aksarven est une bombe de fraicheur post-pop-instrumental-groovy-jazz-easy-rock-prog. Oui, tout ça, et pondu avec/par juste trois bonhommes. Un format classique malgré la promesse d'un style agglutinant. Sauf que la sempiternelle guitare s'absente ici au profit d'un piano empreint de logorrhées savoureuses autant que généreuses, accompagné d'une basse qui se fait caution rock de l'ensemble avec ses lignes sautillantes, compressée, avec une touche quasi-funk parfois. Ajoutons une batterie jazz-rock qui excelle dans ce registre soft-punchy tout en brillance pour compléter l'équation à 3 inconnus qui prend 44 minutes à résoudre et admet 7 solutions.

 

Drifting from nowhere est donc un bébé conséquent qui développe une musique majoritairement instrumentale. Une musique qui aurait utilisé les lettres de noblesses du rock, de la pop, du easy-jazz pour en faire inventer sa propre littérature. L'ensemble revêt même une couleur très post/prog (le titre d'ouverture fait quand même 9m55) mais sans jamais de perdre dans des élucubrations hasardeuses, bruyantes ou expérimentales. Cet aspect est bien appuyé par un duo basse-batterie réellement complémentaire, aux jeux respectifs très fournis et qui m'a rappelle les espagnols de "Jardin de la Croix". Post-rock? Post-Pop?...Post-Prock, du coup? En tout cas, si c'est ça, je valide mon amour de ce nouveau genre.

 

Aksarven excelle dans sa façon de doser tous les éléments stylistiques de sa musique en évitant avec brio de tomber dans leurs travers respectifs. Ce piano, vendu pop et jazzy, il aurait pu être flop et cheesy mais non, il joue sans surjouer, il n'adopte ni technicité virtuose aberrante, ni sentimentalité musicale exacer-barbante. Le jeu est doué, délié, assuré, mais n'en fait pas tellement cas finalement et n'est là que pour partager sa belle générosité harmonique avec ses auditeurs. 

Cette basse à la saveur rock, elle aurait pu être simpliste voire fainéante et se plier au diktat des seules progressions d'accords mais elle se décline de façon plus volubile, s'exprime plus labilement. Ce côté prog, il aurait pu être l'ennuyeux énième porte-étendard de l'entre-soi cultivé par le style mais la musique développe ici une énergie lumineuse qui la libère du carcan de sa savante et belle complexité dans une adéquation parfaite entre douceur et groove. Lumineux aussi car le groupe ne manque pas d'idées et sait construire, amener d'une ambiance à une autre comme ce magistral "Driving Down" qui s'agrémente de l'excellente prestation vocale d'Elodie Cilente. On en viendrait presque à regretter que cette collaboration n'existe que le temps d'un morceau.

 

La prod est magnifique, très chaleureuse, avec une belle dynamique, le piano développe une belle brillance et des graves superbes, tout comme cette basse superbement traitée. Un véritable album qui s'apprécie à tous les volumes, que l'on veuille en profiter pleinement la face dans les watts ou comme musique d'ambiance. 

 

 

Sans faire dans l'easy-listening ennuyeux (oh que non) et malgré ses morceaux aux durées conséquentes, la "post-prock" (je retente) de Drifting from nowhere est un album d'une intelligence musicale incroyable et qui intronise magnifiquement un groupe qui a suffisamment compris la musique pour savoir comment faire sa musique. Ayant fait surgir de nul part, Aksarven, il porte parfaitement son nom... 

 

 

On aime bien: un mélange post-pop-rock instrumental lumineux, subtil, intelligent et d'une fraîcheur absolument incroyable 

On aime moins: ne pas avoir été assez rapide pour que cet album soit dans mon top 2024.

photo de 8oris
le 29/05/2025

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