Stone from the sky - Bakeneko
Chronique CD album (10:53)

- Style
Instrumental Post-Metal - Label(s)
Argonauta Records - Date de sortie
30 mai 2025 - écouter via bandcamp
J’écoute de moins en moins de trucs instrumentaux, avec le temps. Non pas que cela m’ennuie : les groupes de talent capables de faire vivre une musique riche et convoyeuse d’émotion sans présence d’un chanteur/hurleur ne manquent pas, dans les musiques saturées comme ailleurs. Simplement, ce genre de musique invite un peu nécessairement à l’introspection, à la balade au fil de ses pensées. Et ça, pour le coup, c’est comme les drogues récréatives ou les caissons d’isolation sensorielle : c’est plus fun quand tout va bien, et que tous les boyaux de la tête sont bien rangés.
Ou du moins c’est ce dont je m’étais convaincu, avant que Stone from the sky ne me rappelle l’autre pouvoir de la musique : la catharsis. La capacité, par l’émotion, le ressenti, à sublimer, dépasser, accepter, changer. Parce qu’il existe des albums qui accompagnent joliment une virée en amoureux par une belle journée d’été, mais également des albums qui peuvent transformer une journée de doutes et d’angoisses en un moment, si ce n’est de sérénité, au moins de calme.
Et c’est précisément ce que propose Bakeneko : une musique sincère, touchante, naviguant entre Post-Rock et Post-Metal, convoquant tout à la fois Red Sparowes (« Hungerstein ») et And So I Watch You From Afar (la fin de « Hic Sunt Dracones »), Pelican (« Rond de Sorcières ») et Tides From Nebula (« Foehn »). Et ça marche. En tout cas sur moi ça marche. Et sur vous ça devrait aussi, je vous le souhaite.
Tout ici est fidèle au genre : une production parfaitement aérée, laissant respirer les arpèges tout en ancrant bien la section rythmique avec nous. La basse occupe une jolie place, entre rondeur et agressivité, joliment mise en avant à plusieurs reprises (« Klania »). Surtout, les morceaux vivent, se développent de belles identités, grâce à des constructions intelligentes et à un sens de la composition évitant l’écueil fatal de la redite. Ce qui constitue un défi en soi, avec des compos passant rarement sous la barre des 6 minutes.
Je pourrais presque m’arrêter là. Si les noms cités plus haut ne vous ont jamais procuré le moindre frisson, je ne suis pas certain que cet album y change quoi que ce soit.
Mais si vous vous êtes déjà perdu puis retrouvé au fil d’At the Soundless Dawn, si vous avez déjà connu l’euphorie grandissante à l’écoute en boucle de l’éponyme d’ASIWYFA, si vous avez parfois besoin d’un allié dans cette lutte constante de vous contre vous-même qu’on appelle santé mentale, prenez le temps d’écouter cet album. Parce qu’être seul avec ses pensées c’est terrifiant. Mais on n’est jamais vraiment seul lorsqu’on écoute de belles choses.
« La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi. »
1 COMMENTAIRE
Moland Fengkov le 27/05/2025 à 07:42:05
Haha la réf. à "Dune". Bien ouej !
"on n’est jamais vraiment seul lorsqu’on écoute de belles choses."
J'aime bien cette assertion.
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