Today Is The Day - Kiss The Pig

Chronique CD album (36:31)

chronique Today Is The Day - Kiss The Pig

AUJOURD'HUI EST LE JOUR. ET L'ENFER EST ICI.

 

Discographie de Today Is The Day - Chapitre 3 -

 

Steve Austin semble être un artiste et une personne bourrés de contradictions.

Voyez-le, là, avec ses petits copains, poser avec des fusils d'assaut, prêter allégeance à l'Honneur et à son pays (mais contre la tyrannie, hein, oh je crois que j'ai tout mis dans le désordre, mais bon...) dans le speach final du disque ici en question, vomir sa haine tout le long de sa carrière et au final... nous parler d'amour.

 

  

 

Stevie aurait donc la haine de la haine ? Et du monde de l'argent. Et des Georges Bush : farouche anti-guerre en Irak (la deuxième) à l'époque de ce disque, écrit en réaction à cette cruelle et monumentale arnaque. Pro-liberté, aussi, ce qui fait frémir quand on parle d'un Américain (mais si, mais si, il adore la nature, rouler en plein son milieu avec son putain de 4X4 et chasser l'ours noir avec un fusil équipé d'un silencieux, ahah !).

Et il déteste les gens, aussi.

Et Relapse.

Il est anti fachos mais tient des propos souvent belliqueux, tantôt survivalistes, et sa fascination pour les armes à feu (de guerre) peut procurer encore des frissons de gêne.

[...]

Et là j'avais écrit des trucs sur le fait que j'avais pas trop aimé certaine manière de parler chez lui, dans un interview, il y a longtemps... mais je me suis dit « mec t'es en train de faire exactement ce que tu détestes chez ces branquignoles putassiers du net, qui balancent des boules supposées puantes sans connaître ni le contexte ni la personne, sans être sûr de rien au final. Au lieu de causer de musique ! Tout ça pour cacher qu'ils n'ont en fait rien à dire... et que la musique, ben ils n'en ont pas grand-chose à foutre ! ».

 

Alors parlons musique, parlons de ce disque, puisque c'est pour ça que je suis là. Pas sûr que Steve Austin, l'homme, serait mon copain dans la vraie vie, mais je ne serais pas sûr du contraire non plus. Et peu importe.

En outre, bien comprendre le fond chez Today Is The Day n'est pas toujours évident. Le fond n'en a pas, de fond. C'est les ténèbres, là-dedans.

Misère sexuelle, violence, haine... Ça peut être très intelligent un instant et complètement buté à un autre moment, à l'image peut-être (?) de son principal créateur totalement éclaté.

Steve dit écrire ses textes de façon instinctive, sans y mettre réellement d'intellect au commencement, préférant favoriser l'impulsion, la spontanéité, l'inconscient.

(Pfiou la gueule de l'inconscient...)

Créant, il est vrai, une sorte de poésie en prose métallique :

''It’s time I made myself a plan / With this fist stone heart in hand / My blade my eye die empty man / It's you it's you not me you see / Black crow false bird die fly in Shame / Uphold the truth / Don't die in vain / My sword your lord I score your Dead / Bleed bleed bleed stop breathing / Goodbye don't cry my hatred Inside / It's time to fly nowhere / It's time to live the truth or die / / Outland''

Cette poésie s'intercale ici en hurlements pris en sandwich par des stop and go, 'tention, on n'est pas dans le spoken word grave et conscient mis en ambiances, hein.

 

 

Richesse encore de la contradiction artistique dans le Grand Collage Final ''Birthright'', alors que le serment vient, martial (sans savoir à quel degré le prendre), on s'attend à une énième déflagration soniquetamèresque – c'est ce qu'aurait fait n'importe quel autre groupe, même si et parce que c'est complètement téléphoné – et là... non, non : c'est l'exclamation joyeuse ''It's a great day !!!'' d'un petit enfant et un joli instrumental acoustique nostalgique qui démarre, beaucoup trop joli pour être une farce, et conclut donc le disque dans l'apaisement.

Tiens, même le titre de l'album est ambigu. « Kiss The Pig »... Humiliation, rite de passage ou ironie, Pig c'est aussi les flics, non ? Quel lien direct avec la guerre en Irak ? Bah je sais pas trop...

 

L'artiste en tous cas, ici, nous assassine.

Car ce disque est terrifiant. Comme sa pochette hypnotique.

Bête (tu parles, tu parles : absolument pas !) et méchant (là on est d'accord : TRES MECHANT).

J'hésitais à le qualifier de War Metal, et je ne l'ai pas fait, car c'est un genre finalement assez codifié avec un sens assez précis. Ici, ça sort des cases. Les cases fondent sous sa lave de haine (j'ai pas trop senti l'amour, Stevie, désolé).

Grindcore (versant Metal), Sludge froid, Noise Rock congelé, du Metal Brutal pour sûr. Extrême. Faut les entendre hurler, la batterie mitrailler (la BRUTE!), les mitraillettes euh battre, les guitares de dentiste fou fraiser et forer !

Et comme toujours chez eux, ça sent grave la drogue. Cette fois je dirais PCP, LSD et Captagon. De la sale synthèse, de la bien mauvaise qui fait bien déraper, mélange maudit qui change complètement la réalité, qui écarte les sentiments, de la saloperie qui pue, qui tue.

 

Ça fait envie, hein ?

Partez pas !

Venez vous faire assassiner d'emblée par ''Why They Hate Us'', qui donne le ton de l'entierté apparemment indivisible du disque. Bourrinage, équarrissage, découpage à la lame froide, mitraille, oui oui. Pourquoi nous détestent-ils tant, j'ai envie de leur retourner le compliment.

Mais attention, ne vous faites pas avoir comme des bleus. L'apparente uniformité rébarbative contourée par cette violence musicale continue (le néanmoins excellent titre éponyme, tiens par exemple) recèle une diversité formelle réjouissante (Oh joie dans la bataille ! Heureusement que ce ne sont que des notes et pas des baballes!). Beaucoup de morceaux sont en réalité construits différemment, ce disque est bien plus étrange que prévu une fois que l'on guette sous l'armure, et ce qui est sous l'armure n'avait pas arrêté de vous guetter, pour sûr !

''Why They Hate Us'', ce premier morceau contient notamment un break étrange entre le Prog Glauque et le Black Metal vers les une minute et dix secondes, avant son ralentissement abrutissant. Puis on tombe dans le battle field recording, ahah, sauf que le champ est remplacé par un stand de tir, les coquins !
Et la violence de ce basse-batterie-voix dans ''Mother's Ruin'', quelle crudité, quel jusqu’au boutisme !
 

Ainsi tout n'est pas que vignettes Grindcore (ou Powerviolence, pas loin...) éjaculées précocement comme ''Train Train'' ou ''Sympathy Junky'', et ce même avant l'hallucinant ''Birthright'' final. Ce final oui, où un sur un thème funeste, Steve Austin se met à chanter pendant un instant une foutue comptine noire, ce final ensorcelant est tout de même précédé d'un morceau instru Evil-Prog nommé ''Bee's Wax And Star Wars'' (comme quoi le Pig a bien de l'humour) absolument fantasque. Et passionnant !

Et aussi, plus tôt, ''This Machine Kills Fascists'' pourrait faire penser par moments à du vieux Karp en plus vénère ! Je cherchais depuis un moment à quoi ça me faisait penser, j'avais comme un cheveu sur le cerveau, mais ah-ha !, oui c'est ça : Karp, bons dieux, m'attendais pas à les trouver là !

Alors que ''Don't Tread On Hope'' est carrément calé sur le débit d'une mitrailleuse bien audible au début du titre, ''Platinum Pussy'' est une sorte de carrousel dément qui débouche sur le passage le plus Karp du disque (''You can't keep your word ! You can't keep your word!'') encore eux, oui, encore plus que dans ''This Machine Kills Fascists'' !

Mais c'est peut-être une fixette perso.

Peut-être que Karp n'a jamais existé, après tout qu'est-ce que j'en sais, les traces sur le net pourraient aussi bien fondre comme neige au soleil si on les éclairait de la lumière du doute adéquat et...

Pourquoi je viens de citer Karp quatre fois, c'est quand-même pas pareil, faut pas déconner !?!

Association d'idées de malfaiteur ! Écoutez Karp aussi !

 

Bon, ''Birthright'', j'y reviens, est un EP à elle toute seule avec ses douze minutes et son mauvais génie, et mériterait chronique à part rien que pour elle !

Ah ce tapis de double pédale ahurissant pendant plus d'une minute tendue comme la corde du pendu ! Quel batteur, d'ailleurs ! Mais quel batteur ! Une machine (à buter les fascistes) ! Ah ce thème de sorcellerie en intro ! Ah cette martialité malfaisante ! WAR ! METAL ! WAR METAL ! Merde, j'l'ai dit ! Stricto sensu, I mean... Ou rituel sacrificiel en grandes pompes froides, selon l'humeur...

 

 

 

['Tain je crois que je vais enfin réussir à boucler cette chronique, j'y croyais plus... Surtout que je pense que personne n'en parlera mieux, de ce disque, que les gens de Guts Of Darkness. Et également, sur Today Is The Day en général, grosse cassedédi à Gulo Gulo qui m'a donné l'envie - mortifère - de me replonger dans la globalité de leurs œuvres infernales. Je suis cependant en total profond désaccord avec la perception d'Yves Duteil de Monsieur Rastignac.]

 

 

Difficile, alors, ce Kiss The Pig ? Boah je sais pas, est-il plus difficile que n'importe quel album du groupe ? J'en doute...

Mais moi j'aime bien qu'on vienne me faire chier (en musique seulement), j'aime bien quand je sens que tout ça n'est pas ce que ça semble être au premier coup d’œil, quand tout ça n'est pas simple, n'est pas si simple, alors je suis peut-être pas totalement objectif (gros lol), mais en tous cas ce que je peux dire, c'est que cet album est ENCORE un véritable chef-d’œuvre.

De la part de Today Is The Day: encore un. Objectivement, bien-sûr.

 

Quel album !

Quel groupe !

Quel travail !

 

Alors restons positif, comme Stevie, avec son langage fleuri, tiens :

« Because I’m positive about music, I’m happy about music. I’m 41 years old, and right now I can fucking destroy, kill, fuck anything harder than I have ever had in my life. And like I’m happy to do it, and I go on tours where Today is the Day gets paid two hundred bucks a show, and I go on tours where Today is the Day gets paid two thousand bucks a show, but the bottom line is: we fucking play that shit like we’re going to fucking die. It doesn’t matter whether we get paid fifty cents, five dollars, ten dollars, or whatever else, and I personally cannot hang out with anybody in my band that operates any differently than that. »

(Interview de 2008, après l'album Axis Of Eden qui sera chroniqué un jour par votre humble serviteur.)

Un modèle de dévouement et de passion, intransigeant.

 

Ah, j'ai omis de dire qu'il hurlait quasiment tout le long du disque d’une voix ultra aiguë et ultra vénère.

Il a dû se dire que ça faciliterait le fameux confort d'écoute, sans doute.

 

C'est pas pour les fragiles, dirait l'un ou l'autre. Et, attention, les vrais fragiles sont pas toujours ceux qu'on croit, ha !

 

 

Moi je dis qu'aujourd'hui c'est le jour, et c'est une belle journée !

 

 

 

 

(Aîe-aïe-aïe, mais à qui appartient ce dos !?)

photo de El Gep
le 18/05/2025

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