Telos - What They Built

Chronique Maxi-cd / EP (13:09)

chronique Telos - What They Built

C'est la fin.

Littéralement.

 

Pour Telos, c'est la fin, je veux dire. Et là on est à deux doigts du délit de tautologie de début de chronique, puisque ce patronyme signifie justement 'la fin' en grec.

Et si on ajoute le titre du dernier morceau « No longer here », on ajoute encore à ce petit monde qui pousse son dernier soupir. Ah ben tiens, justement, en deuxième place : « An Eschatology ». L'étude de la fin du monde, rien que ça.

Il en faut encore plus pour vous faire comprendre que c'est kaput, ciao, zisiz zi end of the orchestre ?

 

Si le quintet de Copenhague sont donc venus nous dire qu'ils s'en vont, ce qui est bien triste, ils y mettent néanmoins les formes en sortant finalement de façon impromptue ce petit EP 4 titres enregistré début 2024, pour un petit bonheur posthume.

 

Et ce petit cadeau qui franchit le Styx dans un sens théoriquement non-conforme au cahier des charges une fois la mort survenue, c'est la grosse bagarre. Ils m'ont tout pété le rigoloscope, ces gens-là, ce fameux instrument de mesure précise du degré de rigolada de chaque album qui passe dans les bureaux de CoreandCo. Et du coup c'est encore à moi que le rédac-chef' va infliger des retenues sur salaire pour les réparations.

Tu m'étonnes que Charon leur ait permis de faire retraverser le fleuve à ces quatre morceaux. Pas envie que ça vienne foutre le bordel dans un enfer bien ordonné, ces conneries. Ça risquerait d'effrayer Hadeath pendant qu'il prépare ses compotes de pommes label bio (pas évidente celle-là).

 

Bref, je m'égare.

 

Mais pour ma défense, il faut dire que les embranchements sont multiples sur ce court What They Built. Telos nous avaient laissé l'intensité de leur album Delude, où leur formule de hardcore chaotique fortement blackenisé relâchait très peu la pression tout au long de son parcours.

Et si ce nouvel EP ne modifie pas fondamentalement la recette, je lui trouve un degré supplémentaire dans la radicalité et les références qui viennent en tête à l'écoute. Par exemple, ces attaques à gros coups de panic chords et de slides pioupioucore dans la gueule sur fond de batterie possédée sur « An Eschatology », ce ne serait pas Frontierer-ish par hasard ?

Dans l'ensemble, il me semble que les curseurs 'blackened' ont été un peu baissés au profit des potards 'chaos', et personnellement je suis très très client de ce genre d'immondices. Et pourtant, tout n'est pas tourné vers le côté structures alambiquées qu'on pourrait avoir chez un Car Bomb ou un Chamber, on conserve un côté plus direct et impactant de la branche Converge du genre, un peu plus ancré côté hardcore donc, malgré une production très massive et 'metal'. Tout en ne se rapprochant pas trop des standards death qui sont vraiment à la mode depuis quelques années.

 

Et sur 4 morceaux, Telos n'ont pas cherché à faire dans la dentelle et l'aération : comme c'est court, c'est dense. La grosse ston-ba de tous les instants, décuplée puisque ce sont les derniers, alors autant tout donner sans avoir peur des ruines.

Derrière le micro, Victor Kaas (qu'on a récemment entendu dans nos pages avec le dernier album de Eyes, mais qui officie aussi chez LLNN, et qui ici s'est également chargé de l'enregistrement, de la production et de l'artwork) est plus épouvantable (dans le sens 'vecteur d'épouvante') que jamais, vociférant ses lignes avec de nombreuses nuances de frontalité, et clairement plus radical que chez Eyes justement. Ses différents projets lui permettent vraiment d'aller piocher dans tout un répertoire de vocaux agressifs qui sont impressionnants de maîtrise.

Et pour le reste, que dire. Dès les premiers accords de « What They Built », avant même la déflagration imminente, on sent bien que ça va être rigolo/20. Lourd et avec des leads dissonnants ici et là, des sections mid-tempos bourrinatoires qui s'écoulent logiquement sur l'eschatologie convergeo-frontiererienne déjà mentionnée plus haut.

Et je vous laisse le suspense pour la seconde moitié de l'EP, mais tout en évitant les spoilers, je dirais simplement que ce n'est pas la peine de sortir les chemises à fleur du placard.

 

Bref, ce testament de Telos est tout bonnement une pépite du style. Des fois, je me demande pourquoi on se fait chier à en écrire des kilomètres alors qu'on pourrait tout réduire en une phrase, voire quelques mots : cet EP bute, écoutez-le. Ce serait plus simple et rapide pour tout le monde.

Je ne sais pas. Peut-être que j'avais juste envie de parler de compote de pommes, qui sait.

 

A écouter avec une comp.. en se disant que pour une fois c'est pas mal, comme funérailles.

photo de Pingouins
le 12/05/2025

1 COMMENTAIRE

Moland Fengkov

Moland Fengkov le 12/05/2025 à 10:21:52

Vive la compote ! Et RiP, Telos. 

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025