Noir Donjon - Ruines
Chronique CD album (25:51)

- Style
Dungeaon Synth - Label(s)
Indépendant - Date de sortie
19 janvier 2025 - écouter via bandcamp
De mémoire de chroniqueur, il me semble bien qu’aucun album de Dungeon Synth, pur jus de Mortiis, n’ait été chroniqué sur CoreAndCo. Si c’est le cas, je vais refaire un jet de dés sous « Bibliothèque ».
Gate Master est à part, car ses aspects avant-gardistes avaient permis que j’en parle ici. Le style est à la mode, surtout auprès du public BM, mais pas que, depuis le changement de millénaire ; ses ambiances et arrangements sont souvent intégrés à certaines formes de Metal extrême. Réussite critique pour votre jet sous « érudition » ; donc double rappel pour les étourdis :
Le Dungeon Synth est une musique électronique, hautement évocatrice, le plus souvent instrumentale, s’inspirant d’atmosphères Fantasy, d’horreur à la Hammer, née au début des années 1990. Elle se distingue, tout en restant proche, du Dark Ambient par des velléités plus mélodiques. Les musiques des premiers jeux vidéo et les JdR med-fan sont également souvent citées comme références. Parmi les précurseurs, on retrouve les projets Neptune Towers (avec Fenriz de Darkthrone), Wongraven (avec Satyr de Satyricon) mais surtout les aventures solo du premier bassiste d’Emperor, débutées après son départ en 1992 avec l’album Født til å herske. Pour les plus acharnés d’entre vous, comme vous avez fait un 01 en érudition, on peut voir le Dungeon Synth comme l’héritier des cauchemars de Klaus Schulze (viré de Tangerine Dream pour excès d’avant-gardisme).
Noir Donjon est le projet d’un homme, un musicien français qui souhaite rester anonyme, aussi discret que les notes d’un MJ derrière son écran, dont la fiche de perso a été remplie en 2022 et dont les débuts discographiques remontent à son EP éponyme. Ce Ruines, sorti en début d’année, est déjà son troisième album : il a rapidement gagné ses premiers XP. Il est également un membre actif de l’Antifascist Black Metal Network.
Noir Donjon « fait son taff un peu comme l’Indien Hanzee dans Fargo » : Ruines est un bon album de Dungeon Synth, mélodique et mélancolique. Il est un élève appliqué qui a très bien compris quels étaient les tenants et les aboutissants du genre, pour les restituer fidèlement. Son RP est des plus classiques ; il ne s’écarte que peu des règles établies, fidèle à ce qui a été consigné dans le manuel du maître de donjon. Classiquement, sa musique pourrait être la bande-son d’une exploration de ruines. Les basses, oppressantes comme des murs qui se resserrent, contrastent avec des sonorités de synthé scintillantes, évoquant les torches vacillantes tout au long d’une descente inexorable. Chaque pas esquive un piège, chaque détour évite un combat, jusqu’à l’inévitable affrontement final et la promesse d’un trésor inestimable.
Loin d’être une simple imitation des poncifs, Ruines prouve que Noir Donjon maîtrise son art. Reste à voir où il nous emmènera pour la suite de l’aventure.
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