Bergthron - Interview du 09/12/2024

Bergthron (interview)
 

Trente ans d’existence, et pourtant Bergthron demeure une énigme. Comment définissez-vous l’identité de votre groupe aujourd’hui, et en quoi diffère-t-elle de vos débuts dans les années 1990 ?

 

Eh bien, nous avons nous aussi vieilli de 30 ans et accumulé des expériences en conséquence. Nous avons acquis de nouvelles perspectives et un regard différent sur la complexité du monde. Tout cela a changé. Dans la jeunesse, on est fougueux, on a l'énergie de s'opposer. On veut renverser la musique, la politique, la religion. Maintenant, nous réfléchissons davantage à la manière de rendre utilisables les structures existantes et de les transformer selon nos aspirations. Ne pas être destructeurs, mais développer de nouvelles idées, une vision de l’avenir qui soit réellement désirable. Cela est devenu important pour nous et a transformé nos personnalités.

 

Dans votre musique, le lien avec la nature et les mythes germaniques est omniprésent. Voyez-vous votre art comme une forme de résistance face à la modernité, ou comme une tentative de réconciliation avec une essence perdue ?

 

Comme nous l'avons déjà évoqué, nous n’essayons plus d’être dans une posture d’opposition. La tradition chrétienne nous a permis de progresser. Le résultat de l’éthique européenne est un effort intellectuel remarquable. Nous nous sommes éloignés de l’idée d’être supérieurs aux autres nations, pensées ou croyances. Peut-être pour la première fois dans l’histoire, nous souhaitons vivre ensemble dans une acceptation mutuelle, une appréciation réciproque et un commerce équitable. Comprendre et respecter ce qui est considéré comme étranger. Cela, naturellement, est exploité par des forces opposées et malheureusement perçu, voire interprété comme une faiblesse. Ainsi, il reste incertain que cette mentalité, dont l’Europe est justement fière, puisse être maintenue.

 

La notion de « dernière réalisation » évoque une forme de conclusion. Considérez-vous Neu Asen Land comme une fin définitive, ou simplement la fin d’un cycle spécifique ?


Désolé, mais le terme "dernière réalisation" ne vient pas de nous. Au contraire, une autre sortie est prévue, dans laquelle le concept de Neu Asen Land sera davantage expliqué.

 

Vous mentionnez dans la fiche promo que Neu Asen Land est né "entièrement sans influences extérieures, entièrement de l'intérieur". Comment êtes-vous parvenus à atteindre cet état d’isolement créatif dans un monde saturé de stimuli ?

 

Dans mon cas, j'avais décidé de me détacher complètement de la dépendance à la musique. Pendant plus de dix ans, je n'ai plus acheté ni écouté d’albums. Juste de temps en temps un peu de radio. Pour cela, j’utilisais consciemment un petit poste radio analogique en mono. Je voulais savoir ce qui m’inspirerait sans un son imposant, sans enceintes surdimensionnées, sans livret entre les mains. La plupart du temps, j’écoutais alors des concerts classiques. Il existe d’excellentes stations où, par exemple, les chefs d’orchestre expliquent leur manière d’interpréter une œuvre. J'ai été étonné de voir à quel point un chef d'orchestre peut influencer le caractère de la musique. Ce ne sont pourtant que des notes, claires et immuables. Mais non. Un nouveau monde s’est ouvert à moi. Ces notes fixes peuvent être infiniment remodelées. La même œuvre peut sembler ennuyeuse ou flamboyante. Fascinant ! Finalement, j’étais à nouveau intéressé et j’ai développé mes propres idées.

 

Vous comparez votre processus créatif à celui de Neil Young : brut, honnête, presque imparfait. Comment conciliez-vous cette approche avec l’idée souvent présente dans le black metal d’une atmosphère immersive et « parfaite » ?

 

L'atmosphère du concept doit être parfaite. La pochette, les paroles et la musique doivent – oui, doivent – former une unité. Cela reste très important pour nous. Mais l’enregistrement lui-même "vit" davantage lorsqu'on autorise de petites imprécisions, ces déformations des notes mentionnées plus haut. J'ai pris conscience de cela durant cette décennie de réflexion. Je ne voulais pas créer le meilleur son possible ni un rendu parfait, mais raconter la meilleure histoire. Le public doit suivre les paroles. La musique doit les soutenir et les porter. Et les vies des héros de nos récits ne sont pas parfaites. Ils subissent privations, froid et détresse. Mettre cela en scène de manière artificiellement parfaite nuirait à l’histoire.

 

Dans le cadre de vos "expéditions", quelle importance accordez-vous à la temporalité ? Vos créations sont-elles pensées comme des instantanés d’une époque précise, ou comme des œuvres intemporelles ?

 

Cela a toujours été conçu et pensé comme de l’art intemporel. Avec le recul et la sagesse de l’âge, on peut admettre calmement qu’il s’agit probablement davantage de captures d’un moment précis. La réalisation que ses propres œuvres, que l'on percevait comme des sommets glorieux, n'ont aucune importance pour le monde. Mais je ne renonce pas à l’idée d’un art intemporel. Et peut-être que la postérité décidera finalement en ma faveur. Mais c’est probablement un souhait irréalisable, partagé par de nombreux artistes vaniteux. Dans cette question, tous les créatifs sont vaniteux.

 

Le titre Neu Asen Land évoque une terre des dieux renouvelée. Ce choix suggère-t-il un désir de renouveau, ou peut-être un regard critique sur le monde actuel et sa désacralisation ?

 

Nous aimerions expliquer davantage le concept de Neu Asen Land dans un MCD à venir. Nous demandons à tous ceux qui sont intéressés de faire preuve d’un peu de patience. Une part de mystère et d’inexpliqué fait partie intégrante du groupe Bergthron !

 

Vos œuvres évoquent souvent des récits d’exploration et de découverte. Quelle place la narration occupe-t-elle dans votre musique ? Avez-vous l’intention de transmettre des histoires précises, ou préférez-vous laisser vos auditeurs construire leurs propres interprétations ?

 

Nous voulons avant tout raconter une histoire. Les textes naissent toujours en premier chez nous. Cependant, je pense que l’expérience de notre art stimule automatiquement l’imagination de l’auditeur, le poussant inévitablement vers sa propre interprétation.

 

Vous qualifiez votre musique d’"artisanale" et d’opposée à la surproduction contemporaine. Pensez-vous que cette approche pourrait inspirer une nouvelle génération d’artistes à retrouver une forme de sincérité et de simplicité ?

 

Cela se fait automatiquement, même sans notre intervention. Il y aura toujours des artistes qui privilégient la naturalité. D'autres groupes, au contraire, ont besoin d'un son clair pour que tous les détails puissent être entendus sans effort. Les deux approches ont leur légitimité et leur charme.

 

Après trois décennies, quel héritage espérez-vous laisser ? Si quelqu’un découvrait Bergthron dans 30 ou 50 ans, que souhaiteriez-vous qu’il comprenne de votre musique et de votre philosophie ?

 

Je souhaiterais y réfléchir plus longuement et donner une réponse lors d’une prochaine interview. Une chose que je peux dire dès maintenant : je veux que l’auditeur pense : "Oui ! C’est de l’art intemporel !"

 

 

 

 

# VERSION ORIGINALE !

 

 

Dreißig Jahre Existenz, und doch bleibt Bergthron ein Rätsel. Wie definieren Sie heute die Identität Ihrer Band, und wie unterscheidet sie sich von Ihren Anfängen in den 1990er Jahren?
Nun, auch wir sind 30 Jahre älter und haben dementsprechende Erfahrungen gesammelt.
Neue Perspektiven, ein veränderter Blick auf die     Komplexität der Welt. All das hat sich geändert. In der Jugend ist man stürmisch. Hat Kraft gegen etwas zu sein. Will Musik, Politik, Religion umstürzen. Jetzt überlegen wir eher wie bereits vorhandene Strukturen nutzbar sowie in unserem Sinne verändern werden können. Nicht destruktiv sein. Sondern neue Ideen, ja eine erstrebenswerte Zukunft soll entwickelt werden. Das ist für uns wichtig geworden. Und hat unsere Persönlichkeiten verändert.

In Ihrer Musik ist die Verbindung zur Natur und zu germanischen Mythen allgegenwärtig. Sehen Sie Ihre Kunst als eine Form des Widerstands gegen die Moderne oder als einen Versuch, sich mit einer verlorenen Essenz zu versöhnen?
Wie schon angedeutet versuchen wir nicht mehr in den Widerstand zu gehen. Die christliche Tradition hat uns weiterentwickelt. Das Ergebnis der Europäische Ethik ist eine überragende geistige Anstrengung. Wir haben uns von dem Gedanken entfernt anderen Nationen, Denken & Glauben überlegen zu sein. Wir wollen vielleicht zum ersten Mal in der Weltgeschichte in gegenseitigee Zustimmung, Wertschätzung und fairen Handel zusammenleben. Das sogenannte Fremde verstehen und respektieren. Das wird naturgemäß von Gegenkräften ausgenutzt. Bedauerlicherweise als Schwachpunkt sogar Schwäche ausgelegt. Und so bleibt fraglich, ob diese Geisteshaltung, auf die Europa zu recht stolz ist, behauptet werden kann.

Der Begriff „letztes Werk“ deutet auf eine Art Abschluss hin. Betrachten Sie Neu Asen Land als ein endgültiges Ende oder lediglich als das Ende eines spezifischen Zyklus?
Bedaure. Das Wort "letztes Werk" ist von unserer Seite aus nicht gefallen.

Im Gegenteil, es ist noch eine weitere Veröffentlichung geplant auf der das Konzept von Neu Asen Land erklärt werden soll.


Sie erwähnen im Promo-Text, dass Neu Asen Land "vollständig ohne äußere Einflüsse, nur aus dem Inneren heraus" entstanden ist. Wie haben Sie diesen Zustand kreativer Isolation in einer Welt voller Reize erreicht?

In meinem Fall hatte ich mich entschlossen komplett aus der Abhängigkeit zur Musik zu lösen. Ich habe über 10 Jahre lang keine Tonträger mehr erworben oder gehört. Nur ab und an etwas Radio. Dazu habe ich bewusst ein kleines analoges Mono Radio benutzt. Ich wollte wissen was mich ohne fetten Sound, ohne den überdimensionierten Boxen, ohne Booklet in der Hand anregen würde. Meistens verfolgte ich dann klassische Konzerte. Es gibt tolle Sender in denen beispielsweise die Dirigenten ihre Art der Aufführung erklären. Ich war erstaunt darüber wie stark der Dirigenten den Charakter der Musik beeinflusst. Es sind ja schließlich Noten. Klar und unverrückbar. Aber nein. Eine neue Welt eröffnete sich mir. Diese starren Noten können noch unendlich oft verformt werden. Das gleiche Stück kann langweilig oder feurig daherkommen. Erstaunlich! Jetzt endlich war ich wieder interessiert und entwickelte eigene Ideen.


Sie vergleichen Ihren kreativen Prozess mit dem von Neil Young: roh, ehrlich, fast unperfekt. Wie vereinen Sie diesen Ansatz mit der oft im Black Metal vorhandenen Idee einer immersiven und „perfekten“ Atmosphäre?
Die Atmosphäre der Konzeption soll schon perfekt sein. Plattencover, Texte & Musik sollen, ja müssen eine Einheit bilden. Das ist für uns nach wie vor sehr wichtig. Aber die Aufnahme selber "lebt" mehr sobald man kleine Ungenauigkeiten, die angesprochene Verformungen der Noten zulässt. Das wurde mir in dieser Dekade des Nachdenkens bewusst. Nicht den bestmöglichen, perfekten Sound sondern die beste Geschichte/Erzählung wollte ich erschaffen. Der Hörer soll den Worten folgen. Die Musik soll unterstützen. Den Text tragen. Und die Leben der Helden unserer Geschichten sind nun mal nicht perfekt. Sie durchleiden Entbehrungen, Kälte, Not. Es wäre der Geschichte eher abträglich hier alles unnatürlich perfekt zu inszenieren.


Im Rahmen Ihrer „Expeditionen“: Welche Bedeutung messen Sie der Zeitlichkeit bei? Sind Ihre Werke als Momentaufnahmen einer bestimmten Epoche gedacht, oder als zeitlose Kunst?
Es war schon immer als zeitlose Kunst angelegt und gedacht. Rückblickend und mit der Milde des Alters kann man sich ruhig eingestehen,  dass es sich vermutlich eher um Momentaufnahmen handelt. Die Erkenntnis dass die eigenen Werke welche einem als glanzvolle Höhepunkt vorkamen keine Relevanz für die Welt besitzen. Aber ich gebe die Idee der zeitlosen Kunst nicht auf. Und vielleicht entscheidet ja die Nachwelt dann doch noch zu meinen Gunsten. Doch das ist wahrscheinlich ein unerfüllbarer Wunsch vieler eitler Künstler.
In dieser Frage sind alle Kreativen eitel.


Der Titel Neu Asen Land ruft das Bild eines erneuerten Landes der Götter hervor. Drückt diese Wahl den Wunsch nach Erneuerung aus, oder ist es eher ein kritischer Blick auf die Entsakralisierung der heutigen Welt?
Das Konzept von Neu Asen Land wollen wir gerne in einer nachfolgenden MCD näher erläutern. Wir bitten alle Interessierten um etwas Geduld. Etwas Geheimnis sowie Unerklärtes gehört bei der Götterband Bergthron einfach mit dazu :)

Ihre Werke erzählen oft Geschichten von Erkundung und Entdeckung. Welche Rolle spielt die Erzählung in Ihrer Musik? Wollen Sie präzise Geschichten vermitteln, oder den Zuhörern Raum für eigene Interpretationen lassen?
Wir wollen in erster Linie eine Geschichte erzählen. Die Texte entstehen bei uns immer zu erst. Ich denke aber das durch das Erleben unserer Kunst die Fantasie des Hörers automatisch angeregt wird und er sich zwangsläufig in eine eigene Interpretation hineinbegibt.

Sie beschreiben Ihre Musik als „handgemacht“ und als Gegenpol zur heutigen Überproduktion. Glauben Sie, dass dieser Ansatz eine neue Künstlergeneration inspirieren könnte, zu mehr Ehrlichkeit und Einfachheit zurückzukehren?
Das passiert automatisch. Auch losgelöst von uns. Es wird immer Künstler geben die auf Natürlichkeit Wert legen. Andere Bands wieder benötigen einen klaren Sound damit alle Details ohne Anstrengung gehört werden können. Beides hat seine Berechtigung und Reiz.

Nach drei Jahrzehnten: Welches Vermächtnis möchten Sie hinterlassen? Wenn jemand Bergthron in 30 oder 50 Jahren entdecken würde, was würden Sie sich wünschen, dass er über Ihre Musik und Ihre Philosophie versteht?
Darüber möchte ich gerne einmal länger nachdenken und gebe gerne Auskunft beim nächsten Interview. Eines kann ich aber jetzt schon sagen. Ich möchte das der Hörer folgendes denkt: Ja! Das ist zeitlose Kunst!

 

photo de Xuaterc
le 02/04/2025

12 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/04/2025 à 09:35:49

Pourquoi cette image ?

Xuaterc

Xuaterc le 02/04/2025 à 09:46:16

C'est la seule photo promo que l'attaché de presse m'a fourni

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/04/2025 à 16:19:53

T'en a pas demandé une directement au groupe ? C'est complétement paradoxal rapport au fond prôné non ? 

el gep

el gep le 02/04/2025 à 16:26:24

Super interview, dommage du "peu" ! Très intéressant, ça donne envie de les écouter.

cglaume

cglaume le 02/04/2025 à 16:29:44

Et donc t’as fait l’interview en allemand ? 😱 Google Translate ou Allemand LV1++ ?

Xuaterc

Xuaterc le 02/04/2025 à 16:39:42

Merci Gep
@Crom, qu’est ce qui te chiffonne avec ce cliché?
@Cyril Ich spräche Deutsch like a spanish cow

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/04/2025 à 16:51:30

Il fait : IA.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/04/2025 à 16:52:36

Désolé, mais c'est le premier truc qui m'a sauté au visage...

el gep

el gep le 02/04/2025 à 17:08:40

Ah oui c'est vrai, moi aussi !
Mais je suppose que non, n'est-ce pas ?
Étrange en effet...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/04/2025 à 17:14:31

Comme quoi on peut échanger de façon intéressante sur un sujet...

Xuaterc

Xuaterc le 02/04/2025 à 17:48:29

Ah, je n'avais remarqué, ça m'a plutôt fait penser aux photos sur-saturées d'il y a quelques années, surtout pour des groupes de MetalCore

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 07/04/2025 à 20:39:27

Eh ouais c'est l'évolution classique : tu commences en voulant changer le monde et en ayant le feu au cul, tu finis en voulant mettre le feu au monde et en voulant changer de cul.

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