Waltari - Nations' Neurosis
Chronique CD album (1:03:44)

- Style
Pochette surprise Nawak Pop Metal - Label(s)
Metalville - Date de sortie
16 mai 2025
écouter "Major Mistake"
Vous ne savez pas trop si vous avez envie d’écouter du-qui-meule ou du-qui-guinche.
En revanche, une chose est sûre : vous n’avez pas envie de vous prendre la tête.
D’ailleurs, à vrai dire, vous êtes même carrément d'humeur à passer l’après-midi avec des potes, la porte-fenêtre grande ouverte sur la terrasse, une douce odeur de barbec’ vous chatouillant les naseaux, sandales aux pieds et une légère surdose de rosé dans le pif.
Pour ce genre d'occasion, on pourrait vous proposer tout un tas de playlists à même d'aider votre enceinte Bluetooth à se fondre dans le décor, telle un DJ manchot dans une soirée du fan club de Jul. Mais l’option vers laquelle on s’orientera aujourd’hui sera plutôt celle d’un best-of de Waltari. Car on ne le sait que trop peu, mais la musique des Finlandais est de celles qui apportent un supplément bienvenu de fraîcheur aux quartiers de melon, ainsi que ce moelleux et ces herbes de Provence qui subliment les côtes de porc. Parole d'honneur de BBQ master, 3e dan.
Et ça tombe bien :
- si nos montres sont synchronisées et votre accès à cette page pas trop décalé, le soleil chauffe de plus en plus fort ces jours-ci
- Kärtsy et ses lieutenants viennent tout juste de sortir Nations’ Neurosis, une dernière création tutti frutti au goût de reviens-y tout aussi prononcé que celui des cuvées précédentes
… C'est dire si, parfois, les choses se goupillent aux petits oignons !
C'est toujours pareil : quand un poto ne passe que trop rarement dire bonjour, on a envie de savoir si tout va bien pour lui, le taf, les amours, la famille… À ces questions, les Finlandais nous répondent cette fois que, eh bien ça roule ma poule ! Alors c’est vrai, les effectifs se sont un peu resserrés, car pour enregistrer ce nouvel album, ça n’a pas été la foule des grands jours, cette fois, en studio ! Ne s’y sont bousculés uniquement que :
- Ville Veikko Vehviläinen, fidèle derrière les fûts depuis vingt ans déjà
- Eero Nykänen et Jakke Setälä, deux petits nouveaux dont on n’avait point entendu parler jusque-là, mais qui chatouillent leurs guitares avec ce degré d’énergie et d’expertise qui permet d’offrir à l’auditoire riffs joliment incisifs et soli généreux
- Kärtsy Hatakka, l’indéboulonnable, à la fois au chant – que serait Waltari sans ses joyeuses harangues nasales ? – à la basse, au clavier, au four et au moulin
Pour autant, la sobriété de ce line up ne se ressent nullement sur le résultat final, ainsi que le narrateur omniscient s’apprête à vous le révéler dans le paragraphe qui suit, là, juste après une volée de sauts de ligne.
Votre Waltari, vous l’aimez bondissant, accrocheur, un grand sourire indélébile imprimé en travers de la bouille. Mais aussi audacieux, décalé, quoique n’abandonnant pas ces grosses guitares qui feraient pousser des poils à un champion olympique de chimiothérapie. Ça tombe bien, les zozos n’ont toujours pas décidé de se consacrer à la fusion du Fado, de l’ASMR et du Post-Blues. Difficile de vous faire un résumé en deux phrases des quinze pistes qui constituent ce nouveau millésime, étant donné que – ainsi qu'il est de coutume – ça part un peu dans tous les sens. Mais comme vous vous en doutez, la chose est multicolore, sucrée-salée, entraînante, espiègle – les teintes étant cette fois plus rétro encore que d’habitude, notamment du fait de clins d’œil fréquents en direction des 90s, voire des 80s (cf. les gros synthés flashy, les beats Eurodance, le Rap de dans l’temps…).
Vous n’y couperez pas, ça fourmille trop sur cette galette nouvelle : en route pour un aperçu au lance-pierre de l’intégralité de cette pimpante grosse heure de musique !
#1. « Nature Rules » constitue la mise en abyme idéale, ce morceau d’Electro Pop Metal résumant parfaitement l’album dans son ensemble. Tout y est : le mariage des grosses guitares et des mélodies immédiates, l'impact indéniable, le vernis légèrement synthétique… Mais aussi le manque de ce petit quelque-chose qui en ferait une compo’ vraiment imparable8
#2. « Open the Gate » propose un cocktail Cuir, Chromes & Coriandre versant un soupçon d’Asie dans une grosse décapotable Hard FM
#3. « Do You Accept » fait hurler les chevaux fiscaux d’une grosse cylindrée à l'intérieur d'un garage tenu par les frangins Judas Priest et WASP
#4. « Breakfast in Eiffel Tower » fait dans le Synth Pop Metal dynamique mais sans aspérités, et en profite pour nous offrir un refrain directement soufflé par la muse de Pain
#5. « Diversity » abandonne complètement la dimension Metal pour un joli mélange Rap / Pop très plaisant, et traversé de trémolos Surf Rock occasionnels
#6. « Murder Plot » exhibe sans honte les penchants clubin’ du groupe en œuvrant dans un Fun Radio Moshcore que ne renierait pas The Bunny The Bear
#7. « Sun » se contente de proposer du bon [Hard] Rock légèrement électroïfié aux entournures (mais à peine), le tout relevé d’un superbe refrain permettant d’admirer le lever du soleil, en extérieur
#8. « Kill For It » montre les crocs via un Heavy/Thrash interprété à bord de F1 lancées à toute berzingue
#9. « Flowin’ » est ce genre de musique qui accompagne le développement de l’intrigue sentimentale au cœur de ces comédies dramatiques dont Hollywood a le secret. On y déniche pourtant un pur accès de Mike Pattonite aiguë (... à partir de 2:13)
#10. « Major Mistake » donne à nouveau dans le Happy Dancin’ Metal… Du moins sur son refrain, la guitare s’avérant franchement plus abrasive lors des couplets
#11. « Step Back » est ce qui se rapproche le plus d’un Blues qui serait tombé dans une grande marmite de synthé, et qui aurait donc des auréoles légèrement électroïdes au niveau des aisselles
#12. « Higher » est indéniablement l’un des morceaux les plus durs à avaler, celui-ci sombrant – volontairement, cela va de soit – dans les clichés Eurodance les plus fluos
#13. « EST » verse à nouveau dans un Synth Pop Metal particulièrement efficace, mais dont les teintes rose rétro le mènent parfois aux limites du kitch le plus crasse (rdv à 2:58)
#14. « 7th Heaven » revient au bon vieux temps du Heavy Metal à gros synthé de Pretty Maids – sans négliger quelques sympathiques touches d'Europe ici et là
#15. et « Last Chance » de terminer sur un mélange Rap / Piano / Roudoudou Metal convenant relativement bien pour un générique de fin, même si la chose est une fois encore un poil trop rosâtre pour complètement convaincre
Si vous avez eu le courage de lire jusqu'ici, vous aurez peut-être relevé quelques menues réticences au milieu de la prose du fan boy, ainsi qu'un ton souvent plus descriptif qu’enflammé. Et vous aurez tout à fait raison, en conséquence, de remettre en question le 8/10 affiché plus haut. C’est vrai, ce nouvel album n'a pas tout à fait la carrure de Global Rock et You Are Waltari en termes d’impact et de « génie ». On aurait d'ailleurs pu lui attribuer un plus modeste 7,5/10, histoire de marquer le coup. Il s'agit néanmoins d'un superbe réservoir de mélodies sexy, de liberté artistique absolue, et d’incitations à lâcher complètement la bride. C’est pétillant, clignotant, euphorique, festif, bariolé… Ceci explique pourquoi – l'huissier de justice ayant en outre constaté qu'une large banane n’a que rarement quitté son repère sub-moustachien – on ne peut se résigner à véritablement sanctionner le groupe.
Bordel, qui répondrait Non à une telle invitation à faire la teuf ?
La chronique, version courte : vous étiez persuadé, pourtant, que Nations’ Neurosis verrait Waltari se consacrer enfin sérieusement à la musique postmoderne (vous n’avez pas dû remporter souvent de gros gains sur Betclic !)... Rhaaaa, donc : quelle déception ! Car une fois de plus, les Finlandais sautillent, fanfaronnent, tutti-frutt-riffent, mélangent Metal, Rap, Electro, chocolat, foie de veau et piment, afin de nous offrir une nouvelle pochette surprise aussi euphorique qu’osée, ainsi qu’ils le font depuis bientôt quarante ans ! Et même s'il ne s'agit pas là du plus brillant des trois derniers opus livrés par ces joyeux hurluberlus, on ne peut que jubiler face à tant d'énergie pétillante et de décibels hilares !
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE