Vii - Un été pour mourir

Chronique CD album (46:39)

chronique Vii - Un été pour mourir

En ce début d'automne estival, sortent les nouveaux albums d'Hoshi et de VII. Je dois avouer que mon hésitation a été longue, un vrai choix cornélien. Bière du Corbeau ou Duvel ? J'ai toujours préféré les chemises Dickies aux marinières... Onze albums en vingt huit ans au service de l'Horrorcore, en solo, avec son label Rap And Revenge, ou au travers différentes collaborations (Contre-courant ou 1984). Au fil des années les sujets sanguinolents et bourrins ont peu à peu côtoyé des considérations plus sociales ou philosophiques, mais pour ce douzième opus, le rappeur bayonnais, toujours épaulé par le fidèle DJ Monark (production et scratches), a choisi de proposer une musique à contre-courant de ce qu'il nous a habitué depuis ses débuts. Pour ce faire, il a laissé libre court à son amour de le G-funk de la West-coast (Snoop Dog ou 2Pac par exemple), en opposition au Rap de la côte est, plus hardcore, de Gravediggaz ou de Ol' Dirty Bastard.

 

De son propre aveu, ces nouvelles sonorités ont demandé un important travail qui les a fait sortir de leurs habitudes de composition. Pour cela, VII a fait appel à des musiciens extérieurs, guitariste, Vitaliy Kozubenko de Konvolted, pour un solo lumineux et épique sur « Shakespeare », flutiste, utilisateur de talkbox (qui fait immanquablement pense à « California Love »), qui contribuent tous à installer ces atmosphères plus smooth, ensoleillé, que l'on lui croyaient inconnues, mais qui correspondent bien à la météo actuelle et aux ambiances basques. "A la cool", comme dirait un coiffeur bloqué dans les années 80, (pléonasme?) pourrait décrire la majorité de la musique de ce disque. Plusieurs fois cette nouvelle orientation m'a rappelé les instrus du premier Klub Des Loosers, par leur nonchalance qui masque un réel travail fouillé d'écriture. Les trois intermèdes instrumentaux « 1*92 » , « 19*3 », « 199* » (le temps des K7) sont l'illustration parfaite de cette orientation capiteuse, on pourrait presque entendre Fuzati draguer Anne-Charlotte sur le dernier.

 

En revanche, sa plume reste toujours aussi acérée, qui met à l'amende bon nombre de rappeurs modernes ou de poppeux urbains qui prétendant avoir tout compris et faire du Hip-hop. Les textes restent sombres, peut-être un peu moins que par le passé, sordides, pathétiques. Le musicien semble plus préoccupé par sa propre mort sur ce nouvel album, on est « loin de Chanel et des bijouteries de la place Vendôme »

 

Pour écrire les textes d'Un Été Pour Mourir, VII n'a pas eu besoin d'aller chercher l'inspiration bien loin. Ni géographiquement et temporairement comme pour « Erzsébet », ou même quantiquement pour « Eon (l'exégèse) ». Non, ici, c'est dans le square en bas de la barre d'immeuble (« Piège »), l'angle de la rue (« Pas De Chaussures Dans Le Cercueil ») ou même le petit écran (« Que Du Feu »)... Bref, la vie quotidienne, le miracle économique de la Start-up Nation plutôt que la cybernétique, la prostituée camée plutôt que le tueur en série américain.

 

Le résultat est un mélange savoureux entre noirceur et lumière, un peu comme le Pays Basque (sur la côte ouest...), avec ses plages paradisiaque et son relief chaotique. Imaginez un palmier en papier dans une canette de 8°6.... mais je dois avouer que les scrtaches gras et lourds des albums précédents me manquant un peu. VII n'a pas fait complètement table rase de son passé, les gros beats n'ont pas complètement disparu, le temps de « Oiseau de Malheur », « Pas De Chaussures Dans Le Cercueil » ou de « Maintenu Sous Influence » (un texte vraiment intéressant), on retrouve son écriture old-school avec les claviers macabres, les beats épais et les samples titres de Hip-Hop américain (le Wu Tang?).

 

 

photo de Xuaterc
le 07/10/2023

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