Imperial Triumphant - Goldstar
Chronique CD album (38:19)

- Style
Avant-garde blackened tech death - Label(s)
Century Media Records - Date de sortie
21 mars 2025 - Lieu d'enregistrement Menegroth Studios
- écouter via bandcamp
Si le metal masqué (ohé, ohé !) évoque bien plus aisément la tendance initiée par les Ghost que tout trve qui se respecte doit se faire un point d’honneur à abhorrer qu’autre chose, on en viendrait trop vite à oublier le reste de ce que peut proposer le roaster du genre en la matière. On aura vite fait de laisser Slipknot de côté tant leur suprématie sur le secteur se passe de commentaire, tout comme Lordi dont la hype a tôt fait de s’évanouir dès lors que le metal a disparu des programmes de l’Eurovision, à l’instar de Gwar que tout le monde a oublié depuis le décès de Flattus Maximus (paix à son âme). Et ne parlons même pas de Sleep Token et Slaughter To Prevail, trop oubliables pour réellement faire date dans le milieu (franchement, à part le plus grand wall of death de l’histoire au Hellfest (askip) et en même temps l’un des plus mollassons, que retiendra la postérité vis-à-vis de ces derniers ?).
Eh bien au milieu de tout ça surnagent quelques Gaerea, Heilung et, surtout, Imperial Triumphant. Chez CoreAndCo on a beau se palucher sur le plus petit soupçon d’avant-gardisme sonore que peut proposer l’actualité musicale (sauf Cromy. Il n'aime que les grosses mandales qui tachent plus rouge qu'une giclée de vin sur une robe de mariage à 80 000 boulasses, not'Cromy.), quelques pépites n’en surnagent au milieu de tout ça, ce que le groupe en question capitalise à l’appui d’une esthétique soigneusement typée Années Folles qu’aurait giclé Francis Scott Fitzgerald au pinacle de la plus intense de ses branlettes intellectuelles.
Certes, le groupe prétendrait difficilement à headliner au bord de la piscine des teufs ultra-huppées de Gatsby le Magnifique – quoique certains de ses clips pourraient aisément justifier leur candidature –, la technicité des compos suppurantes de textures aurifères (« Rot Moderne », sur lequel je me retiens actuellement très fort d’oser une blague beaucoup trop facile en ma modeste qualité d’auditeur francophone) du bien nommé Goldstar tiendrait sans difficulté la dragée haute à ses fiestas les plus exubérantes. D’intros lancinantes (« Gomorrah Nouveaux » délicieusement ouvert par son déluge d’applaudissements arythmiques) en pétarades jazzy truculentes (« Industry of Misery »), les excursions extrêmentales d’Imperial Triumphant ne sacrifient jamais la technicité aux pratiques sonores les plus aléatoires.
Goldstar brille (ça commence à être frustrant de me retenir de faire autant de blagues) en effet par le soin tout particulier apporté à ses structures aussi disparates que corrosives, dont le génie se paye le luxe de césures iridescentes (« Hotel Sphinx » et son break indubitablement emprunté à Orange Mécanique, étendu jusqu’aux derniers accords de la track). Les 47 secondes de « NEWYORKCITY » – je ne suis pas à l'origine de ces caps lock – qu’endiablent les inflexions nakedcityesques du feat vocal chaotique de Yoshiko Ohara (un vrai bug dans la matrice au regard d’un CV orienté funeral doom, en sa qualité de frontman de Bloody Panda) aussitôt enchaînées par 54 nouvelles secondes de break bien raw au prisme de vraies fausses imitations de phonographe mal réglé imprègnent l’auditeur averti d’ambiances au pire cartoonesques, au mieux soigneusement gominées.
Il n’en fallait pas davantage pour mettre d’autant mieux en valeur les meilleurs morceaux de Goldstar, comme par hasard ceux appelant Thomas Haake (Meshuggah, PUTAIN DE HOLY SHITASSE DE BORDEL DE MERDE) et Dave Lombardo (Slayer, mouairf comptez pas sur moi sur ce coup-là) en featurings (« Lexington Delirium » pour le premier, « Pleasuredome » réunissant les deux). Un déluge de perfos supracadencées dans leur acrimonie et leur pasquinade respectives qu’offrent les invités d’Imperial Triumphant pour rythmer un skeud dont la grandiloquence prodigue autant d’épisodes d’intensité dépuratives que d’atrophie aux limites de la parodie. Face à la richesse de ce que peut offrir l’avant-gardisme autour du black comme du death dans ses aspérités tech (« Eye of Mars »), et si on se décidait à ne pas bouder son plaisir devant la cuvée 2025 de l'un des plus extrêmentaux des groupes masqués ?
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La chronique, version courte© et en vidéo, disponible sur Instagram et TikTok !
2 COMMENTAIRES
Xuaterc le 02/05/2025 à 08:31:42
Encore un album phénoménal, mais cette fois le groupe est allé trop loin pour moi en terme de technique, mais si comme tu le dis si bien "Imperial Triumphant ne sacrifient jamais la technicité aux pratiques sonores les plus aléatoires".
Pour moi le maître étalon en terme d’équilibre reste Vile Luxury
Dr. Malade le 02/05/2025 à 19:29:36
Je l'ai trouvé bien plus facile d'accès perso et bien sympa ; Il m'a un peu fait penser au dernier Chat Pile dans les ambiances, et pis cette basse d'encu...
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