Bear - VANTA
Chronique CD album (44:18)

- Style
Metal / Prog / MetalCore - Label(s)
Pelagic Records - Date de sortie
29 septembre 2023 - écouter via bandcamp
Incroyable. 15 ans que Bear existe et je ne les découvre qu'en 2024. Pire, je me rends compte qu'ils n'ont jamais été abordé dans ces colonnes sinon au détour d'une news au titre une fois encore imaginé avec talent.
Sorti en 2023, Vanta, leur dernier album, sera une magnifique entrée en matière pour ce groupe belge de post-progressive-hardcore. Une dénomination un peu alambiquée, que d'aucuns trouveront peut-être galvaudée mais qui n'est pas totalement erronée.
Prometteur de 44 minutes, on est bien dans une intention de progueux de ce point de vue mais réparties sur 11 titres, ça risque de bombarder pas mal quand même. Et c'est bien cela! Bear développe un mélange de métal prog très cool (et sans grande complexité) et de hardcore tendance metalcore mais pas celui qui sent les chaussettes d'ado. La musique ne se positionne jamais vraiment d'un côté ou de l'autre mais fait son bonhomme de chemin en picorant ici ou là. Il n'y a aucun temps mort, aucune fautes notables, les structures sont vraiment variées, mûries et démonstratives mais jamais nombrilistes: le groupe est là pour envoyer, proprement et conjointement.
Même la piste de mi-album, sorte d'interlude électronique simpliste et qui n'aurait rien à faire là, n'est pas complètement dénuée d'intérêt et donnera plus d'impact au morceau qui suit et qui lui développe des accents presque mathcore.
Côté cordes, le son est lourd, on est sur de la 7 cordes drop-tunée. On n'est pas non plus sur le tour de France avec des câbles de freins de vélo en 13-74 mais ça développe malgré tout, surtout avec cette approche de jeu un peu "thall", avec de bons gros démanchés du grave à l'aigu, des bends qui rendent les graves bien moelleux. Ça joue, c'est ultra propre et très satisfaisant. Un genre de metalcore sur 7 cordes qui aurait sauté par dessus la case deathcore.
La basse, elle donne le bât de haut en bas et fait le boulot de bas en haut. Il y a du skill mais sans surplus virtuosement ennuyeux. Elle a cette couleur très prog, elle est rondelette, sympatoche, presque ventripotente...Et vas-y que ça se balade tranquillou, même quand ça blastonne à 200 bpm. Et vas-y que ça pose ses petits triolets à toute berzingue en mode kil-tran, pépère. Elle est bien la basse, elle ne s'en fait pas et elle le fait bien. Elle tire, avec sa tranquille et rythmée droiture, l'ensemble vers quelque chose de plus progressif, plus rond, plus "lisse" en un sens (qui ne serait pas péjoratif).
Derrière les fûts, on se met bien aussi, ça tartine, ça groove, ça maîtrise sérieux. Les cymbales sont archi-cools, et font la diff sur les relances. En revanche, la snare aurait pu avoir ici ou là un peu plus de claquant, être un peu moins "doomy".
Enfin, la voix. Alors, là, c'est le point d'attention de ce groupe. Parce que...- consulte Discogs en loosedé -...Maarten Albrechts nous gratifie d'un double effet kiss-cool. D'un côté, on a Maarten le bon vénère qui envoie du gros growl bien velu. Velu gentil, velu sortable en soirée mais velu poilu malgré tout. Et de l'autre côté, on a Lord Albrechts qui fait dans une espèce de registre assez unique. C'est un peu lyrique mais vite fait, on est pas sur du Devin Townsend, et si ça n'est pas aussi élaboré, c'est tout aussi travaillé. On n'est pas non plus dans la voix gnangnan prout prout qui sent la perte de virginité traumatisante. Ici, la voix claire est assurée, assumée, plutôt médium, un peu altière mais très agréable, abordée comme on aborderait des voix de choeurs. Un peu particulier peut-être au début mais qui devient très reconnaissable et tout autant appréciable au fil des écoutes, ainsi qu'une composante essentiel de la patte du groupe.
Vanta est véritablement une belle façon de découvrir ce groupe qui propose une musique originale, aux confins du métal prog et {metal/hard}core, prenant l'énergie de l'un pour la faire sienne avec la propreté clinique de l'autre. Si les guitares et la batterie adopte une ligne directrice claire et sans détours, basse et voix apportent une variété réellement intéressante à l'ensemble. A tester pour les curieux de ces deux mondes, des mondes aux qualités que Bear a réussi à rendre complémentaire.
On aime bien: original, propre, le son des guitares, l'approche vocale...
On aime moins: ne pas avoir pu suivre l'évolution d'un groupe dont le dernier album serait donc un bel aboutissement.
2 COMMENTAIRES
Pingouins le 09/05/2025 à 09:20:17
Je l'avais écouté une paire de fois quand on avait reçu le promo à l'époque, mais sur le moment ça ne m'avait pas autant marqué que ça et j'étais passé un peu à côté. Va falloir que je lui redonne une chance grâce à ta chronique, donc merci pour ça :)
Tookie le 09/05/2025 à 13:37:06
La même que Pingu, mot pour mot !
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