Enabler - La Fin Absolue Du Monde

Désormais réduit à un trio, Enabler nous revient en 2014 pour un long effort, après deux Ep's : un mou (Flies) et un dur (Shift Of Redemption, Fuck you fuck you fuck you forever) pondus tous deux en 2013.

Pour ceux qui ne connaissent pas le combo, rien à voir avec du nougat de Montélimar.

Enabler évolue en effet dans une dimension bien moins sucrée et ne collant pas aux dents. Tirant le nom de leur dernier album du meilleur segment de la série de moyens métrages Masters Of Horror, segment tourné par Big John Carpenter, les Américains ne sont pas là pour causer confiseries et petites douceurs.

Le crachoir sera plutôt tenue par un méchant Hardcore moderne. A dessein, je n’emploie pas le terme Post-Hardcore car Enabler ne possède que très peu de codes usités par cette scène, à part sur le premier morceau "Close My Eyes". Ici le tempo est rapide, précipité, ou écrasant, la guitare bien metal, ne rechignant pas sur les solos assez inventifs, et la rythmique un poil crustie grâce notamment à une basse tenue de main de maîtresse par Amanda.

La production est délicieusement vintage. Un aspect dommageable pour le boulot abattu par le batteur. En effet, son jeu très puissant en pâtit un peu, à l'écoute, quand le groupe s'emballe, comme sur le très bourrin "Prey".

Certains breaks empruntent tout de même le chemin d'un feeling plus nuancé mais en demeurant toujours tendu comme la corde d'une baliste. Le mid tempo puissant de l'excellent "Balance Of Terror" ou de "Sickened By The Wake" lamine ainsi, plus qu'il n'adoucit, l'ensemble d'une plaque placé sous le sceau de la rage froide. Faire parler la poudre demeure alors un objectif affiché du trio et ce programme, très respectable, est parfaitement rempli, jusqu'à la dernière note.

Pas de futur, pas de destiné, il n'y a rien à part les mensonges que nous produisons. On peut dire que du côté des paroles, ça ne respire pas non plus le fendage de poire avec coulis de framboise.

Enabler se pose ainsi en observateur réaliste et désabusé des travers de notre pitoyable espèce. L'homme étant un loup pour l'homme, il n'y a rien de sacré et aucune liberté. Merci de passer par la case anxiolytiques si jamais vous êtes fragiles et que votre petit chien est passé sous les roues d'une voiture, dernièrement.

La Fin Absolue Du Monde n'a rien de révolutionnaire en matière musicale mais le savoir faire des Américains est parfaitement adapté en cas de troisième guerre mondiale ou d'accident nucléaire majeur.

Faites pas la tronche, ça nous pend au nez, de toute façon.

Crom-Cruach

le 23/06/2014