Xoth - Exogalactic
Chronique CD album (39:16)

- Style
Blackened Power Death/Thrash technique - Label(s)
Dawnbreed Records - Date de sortie
3 novembre 2023 - écouter via bandcamp
Vous avez eu tout le temps du monde pour le faire (4 ans, ça permet de s'organiser !), mais dans les faits : avez-vous jeté une oreille attentive à Interdimensional Invocations ?
Si vous avez répondu « oui », je reconnais en vous le dénicheur (...ou la dénicheuse) de bon plan, qui sait pertinemment "là où ça se passe", et donc là où il faut être. Si en plus vous avez apprécié le voyage, je vous aime d'amour.
Si vous avez répondu « non », je vous envie, car il vous reste à découvrir un monumental pavé de Metal extrême virtuose, virevoltant de par les confins de l'espace intergalactique. Et ça, ça n'a pas de prix. Comme un premier visionnage non spoilé de Usual Suspects. Comme le tout premier accord explicite de plongeon au sein de sous-vêtements complices et frémissants. Ou comme de porter à ses lèvres une chope de breuvage glacé, après deux heures à surveiller un bruyant goûter d'anniversaire, dans un jardin d'enfants estival démuni de fontaine d'eau potable.
Que ces méta soient phores ou faibles, vous avez saisi le fond du message – d'autant plus si vous avez cliqué sur le lien ci-dessus et aperçu le 9,5/10 rutilant affiché en tête du papier : votre interlocuteur est gaga du précédent album de Xoth. Il n'est donc pas compliqué d'imaginer à quel point celui-ci a pu trépigner d'impatience en apprenant (c'était quand déjà ? Trop longtemps avant d'avoir pu se saisir de l'objet !) que les Américains annonçaient enfin un troisième album.
Mais on a déjà les orteils dans le 3e paragraphe, et hormis le nombre de sorties longue durée à son actif et sa nationalité, je ne vous ai rien dit de cette formation dont le patronyme évoque à dessein tout autant une divinité sans âge sortie de l'imagination de l'écrivain de Providence, que le satellite principal d'une géante gazeuse lointaine, réputé pour ses cratères de quartz et ses lichens aux vertus psychotropes (… quoi, on n'a plus le droit de broder ?). Les gugusses en question viennent de Seattle, on commencé à boire des bières ensemble en 2014, et se sont illustrés qui dans Warbringer (Ben Bennett, le bassiste), qui dans Lecherous Nocturne (Jeremy Salvo, le batteur). On l'avait déjà dit rapidement en abordant l'album précédent, mais vu qu'on ne paie ni encre ni papier sur CoreAndCo, on peut se permettre de radoter pour les retardataires. Dernière info : le line-up n'a pas bougé en quasiment 10 ans. L'entente semble donc être plus que cordiale dans les vestiaires.
Z'êtes bien installés ? Le scaphandre est en place ? Le module de compensation des super-accélérations est activé ? Vous avez votre petit sac à vomi, au cas où ? Alors c'est parti !
Parce qu'Exogalactic a été conçu dans les mêmes labos de la NASA qu'Interdimensional Invocations avant lui : les réacteurs dont sont dotées les guitares permettent ainsi des poussées extraordinaires et l'atteinte de vitesses folles (ces riffs au début de « Sporecraft Zero », Maman !), mais aussi de réaliser d'impressionnants loopings, et d'aller suffisamment loin dans l'univers des possibles musicaux pour voir clairement les astres lointains briller de mille feux. Durant près de 40 minutes, on embarque donc à nouveau pour un voyage qui tout d'abord stupéfie, met les sens en émoi, puis émerveille oreilles et connexions cérébrales. En guise de carburant, les réservoirs de la navette Xoth accueillent cette fois encore un mélange de Death/Thrash acéré, de Black acide (oh, à peine) et de Power/Heavy flamboyant, tandis que l'ordinateur de bord – conçu par des techniciens méritant la médaille Fields du riff – est animé par un souci constant de broder des mélodies enchanteresses et de bâtir des compos cohérentes.
… Et si une telle ligne de conduite peut sembler être « la moindre des choses » pour certains, c'est pourtant un objectif que peu de groupes – à part de rares Gorod et autres Vektor – arrivent à atteindre avec un tel panache.
Des différences entre Exogalactic et son aîné ? Oui, mais rien de fondamental. Ni rien qui fâche. À moins de n'avoir accepté que du bout des lèvres la dimension Heavy de l'opus précédent. Car quand j'ai évoqué le carburant de notre bolide intersidéral quelques lignes plus haut, j'ai omis de signaler que les dosages avaient un rien changé, la composante Power Metal ayant pris du galon. Non, pas de trace de Gamma Ray dans le gasoil, ni même de DragonForce – quoique la virtuosité de la chose pourrait conduire à y penser. On n'est pas non plus tout à fait chez Exmortus. Mais nombre des morceaux sont – au moins en partie – habités d'élans héroïques, d'attitudes conquérantes, et de mélodies généreuses qui forcent à évoquer ces loustics à pecs saillants et épée tranchante. « The Parasitic Orchestra », qui mise sur des mid tempos vigoureux mais ronflants, est assez représentatif de cette tendance, ainsi que « Reflective Nemesis ».
Autre différence, qui fera sûrement plus l'unanimité : le son. Plus rutilant, plus irréprochable qu'en 2019. Il faut dire que ces grands malades sont tellement perfectionnistes qu'ils ont refait entièrement le mastering très peu de temps avant la date de sortie officielle de l'album – et pour avoir entendu la première mouture, je peux vous dire qu'elle était déjà tout à fait potable !
Une fois tout cela dit, il n'y a plus qu'à s'installer confortablement dans son siège, se caler bien en face du hublot, et se laisser happer par le concert formidable des puissances célestes ayant mêlé leurs hurlements cosmiques afin de composer cette formidable épopée spatiale qu'est Exogalactic. Alors bien sûr, on pourra être plus particulièrement impressionné par l'incroyable armada qui fend impitoyablement l'espace tout du long de « Sporecraft Zero ». Ou par cette passe d'armes impressionnante qui introduit « Saga of the Blade ». Ou encore par la plongée colossale au sein du kaléidoscope intergalactique « Reptilian Bloodsport ». Mais plus naturelle et plus satisfaisante encore est l'écoute intégrale des 8 titres, aucune seconde de la saga ne devant être éludée pour en profiter à plein.
« Alors pourquoi cette légère chute au niveau de la notation ? » vous demandez-vous. Eh bien parce que l'effet de surprise dont bénéficiait Interdimensional Invocations n'officie plus. Et puis parce qu'on a le droit de préférer les macarons poire/chocolat à ceux misant sur le mariage banane/caramel après tout, non mais ! Pour autant l'un comme l'autre s'avèrent délicieux. Alors n'hésitez pas à vous laisser tenter si vous voulez offrir à vos papilles auriculaires une expérience tenant autant du tour en Space Mountain que du dîner chez un grand chef étoilé !
La chronique, version courte: Exogalactic est un étourdissant voyage aux confins de l'excellence métallique, tout comme Interdimensional Invocations avant lui. Le cocktail Death / Thrash / Power metal teinté de relents Black qu'il propose insiste un peu plus que son prédécesseur sur sa composante DragonForcesque, mais sans pour autant changer fondamentalement le résultat, l'odyssée spatiale résultante semblant toujours être le résultat d'une collaboration entre Vektor, Atheist, Exmortus, Elon Musk et Skeletonwitch.
3 COMMENTAIRES
Pingouins le 19/12/2023 à 09:25:15
Ah putaingue congue j'avais bien aimé le précédent, et j'ai oublié d'écouter celui-ci, va falloir remédier à ça ce soir !
Brutal Grreg le 19/12/2023 à 15:06:22
J'avais tripé sur Invasion of the Tentacube, le titre d'ouverture colle á la tronche, c'est infernal...
J'ai écouté le dernier, mais il est tombé pile dans une période ''on calme les achats Bandcamp''...
Il a rejoint les 3000 copains de ma wishlist... Mais cette chro me pousse à le repêcher.
cglaume le 19/12/2023 à 15:07:53
Toutes mes confuses… 😁
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