2Birds Band - Flip The Bird

Chronique CD album (31:17)

chronique 2Birds Band - Flip The Bird

Un mail promo vantant « un cocktail explosif de voix, violons, violoncelle, basse et batterie, mélangeant rock alternatif énergique à des influences jazz, punk et cinématographiques, quelque part entre Chostakovitch, Mad Max, Mr. Bungle et Lamb Of God », je ne comprends toujours pas pourquoi Cglaume n’a même pas daigné en chroniquer l'album en question, sinon y jeter une oreille en quatre mois (arrête-moi tout de suite si je me trompe et si t'as préféré le jeter d'emblée aux oubliettes de ta liste d'attente, vil margoulin)… D’autant plus que le line-up de 2Birds Band accueille en featuring, pour son deuxième album, rien de moins que Laure Le Prunenec, un nom à provoquer les orgasmes auditifs les plus intenses du côté des fans d’Igorrr (période Hallelujah/Savage Sinusoid) et autres groupes de metal vaguement breakcorisés (Öxxö Xööx ou Corpo-Mente, pour les intimes).

 

J’ose en effet espérer ne pas me tromper, à l’instar de l’inqualifiable cuistrerie au prisme de laquelle j’ai pu me risquer en chroniquant Tantric Bile fut un temps, en affirmant que le gloubiboulga tapageur offert par ledit groupe puisse se targuer de ses petites velléités « nawak », à défaut des petites touches extrêmentales parvenant si bien à titiller l’erratisme de mes fluctuations cervicales… Rien que « Top Of The World » en ouverture parvient à réunir à peu près tout ce qui pourrait le définir. L’arythmie tumultueuse des violon/celle/s – dont la simple présence se passe du moindre commentaire en termes purement expérimentaux –, la variété polyphonique des chants glissant à peine dans le guttural, les textures bruitistes dessinées par le chaos instrumental latent… Le ton est donné dès le départ : 2Birds Band verse dans un amalgame de sonorités flirtant avec le baroquecore ultrabordélique fulminant de gaillardises jubilatoires.

 

On se réjouirait à l’avance, de fait, à la lecture d’une tracklist qui n’en donnerait que mieux le ton ; « Flip The Bird » et « Fuck Yeah » mis à part, il faudra pourtant se résigner au ton le plus sérieux à ce niveau-là. C’est pourtant non sans une certaine gravité qu’on se laissera aisément porter par le pince-sans-rire de la démarche, qui n’hésite jamais à s’aventurer dans les harmonies les plus étrangement abrasives, non sans se gausser du ridicule qui pourrait s’en dégager (« Fuck Yeah » justement, dont la structure même oscille entre extase et hilarité jazzy, non sans la véhémence récréative d’un concert de harsh noise wall tourné plein pot sur la méga-sono de la Philharmonie de Paris [non ça n'est jamais arrivé, mais si seulement pouvait s'y dérouler le même Bunch Of Noise qu'à Shanghai plus tôt cette année...]).

 

2Birds Band se vit réellement comme un spectacle qui mêlerait l’exubérance d’öOoOoOoOoOo, la virtuosité de Lindsey Stirling et la maestria orchestrale d’un Moussorgski en une seule et même fragrance sonore tonitruante à souhait (« The Flight of Icarus » résonne de ses mille feux les plus émérites pour en faire la synthèse). Esthétiquement parlant, le groupe navigue entre le grotesque diurétique le plus splendidement rabelaisien et la glauquitude cartoonesque ne faisant jamais l’erreur de se montrer trop lourde (« Doors of Enlightment » se savoure comme le visionnage d’Aachi & Ssipak [franchement, regardez-le] sous le plus dangereux des amalgames de substances psychotropes, tant son ossature et sa débilité sonores partent dans tous un tas de sens foutrement énergiques). 

 

2Birds Band étale son œuvre en un vrai one-man-show musical, dont la prodigalité comme la loufoquerie évoqueraient la fusion bâtarde entre la suavité d’un concerto de Mozart et la causticité d’un sketch de feu Guillaume Bats. Avec ses envolées les plus talentueuses (étrangement, son « Prelude ») comme ses longueurs parfois insupportables (en 7:23 minutes, « Flip The Bird » pêche par boulimie de suavité symphonique) – mais après tout, les plus grand génies ne nous ont-ils pas habitués aux pires excentricités ? Allez savoir si 2Birds Band pourrait prétendre à ce qualificatif ; tout du moins laissons-lui le bénéfice de l’extravagance purgative dans le paysage metallique… Amateurs d’extrêmental (madre de dios, en existe-t-il même d’autres que moi en ce putain de bas-monde ?), il y a en tout cas là de quoi titiller votre curiosité !

photo de Aldorus Berthier
le 22/05/2025

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 22/05/2025 à 07:11:19

Il faudrait que je lui redonne sa chance. Mais la première écoute, qui avait commencé par un "Ah ouais !?! Hehe, cool !!", avait fini sur un "Oui mais en fait non : c'pas pour moi". De mémoire l'album se trouve juste de l'autre côté de la frontière de ce qui me gouzigouzite. Des fois il suffit d'un rien...

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