Borgne - Renaître de ses Fanges
Chronique CD album (01:05:00)

- Style
Black légèment industriel - Label(s)
Les Acteurs de l'Ombre Productions - Date de sortie
14 mars 2025 - Lieu d'enregistrement Chaos studio
- écouter via bandcamp
Borgne revient hanter l’auditeur comme un Beholder (c’est le seul jeu de mot que je me permettrais par rapport au nom du groupe) qui revient poursuivre une bande d’aventuriers dans le jeu de rôles AD&D, quatre ans après un Temps Morts d’auguste mémoire, une durée plutôt longue pour le projet de Bornyhake, qui nou avait habitué à enchaîner les sorties. Les suisses restent fidèles aux Acteurs De L’Ombre, et à la formule du duo, le musicien confiant une fois de plus les claviers à Lady Kaos, pou prendre en charge le chant, les guitares et la boîte à rythmes, le mastering étant confié à Raphaël Bovey de Kruger.
Borgne propose toujours une musique extrême, entre Black Metal et Musique Industrielle, qui m’hésite pas à piocher dans des styles proches comme le Funeral Doom, le Dark Ambiant, le Drone… Le chant en français sur tout Renaître de ses fanges fait son grand retour, et malgré son âpreté et sa férocité, il reste le plus souvent compréhensible, rappelant parfois celui de Seth. L’opus se place dans la suite et la continuité stylistiques de deux albums précédents Y et Temps Morts; dans sa fiche promo, le label indique que le duo pratique un Black Indus radical. Certes, la froideur intrinsèque de Renaître de ses fanges et l’utilisation d’une boîte à rythme le rapproche de ce style, mais en bout de course, on pense plus à Limbonic Art qu’à Mysticum.
Cet album, je l’ai écouté, et réécouté de nombreuses fois, plus souvent qu’habituellement pour écrire sur un disque, mais malgré mon insistance, je n’y ai pas retrouvé le grain de folie, l’étincelle qui rendaient Y et Temps Morts si remarquables. Le chaudron est empli à ras-bord de haine, de noirceur, de misanthropie et de qualités d’écriture, ne me méprenez pas, Renaître de ses fanges est un album des plus solides, à l’agressivité primordiale et aux ambiances à couper au couteau comme dirait Vargou. L’expérience des musiciens impliqués est nette et fait qu’il est difficile de lui trouver des défauts. Mais il lui manque je trouve ce petit supplément d’âme, cette étincelle, cette petite pincée d’épice qui rendrait cette cuvée aussi inoubliable que ses deux prédécesseurs.
Renaître de ses fanges est d’une homogénéité impressionnante ; je suis bien incapable d’en extraire un titre plus marquant qu’un autre, tous font preuve d’une grande qualité. Un solo de guitare, un pont électro, une ligne de synthé auraient pu, à mon sens, rendre l’ensemble mémorable. Cette constance peut se révéler double tranchant : elle garantit une immersion complète dans l’univers de Borgne, mais empêche aussi certains passages de se graver durablement dans la mémoire. Ce nouvel opus se vit donc comme un bloc monolithique, dense, cohérent, mais peut-être trop sage dans ses choix esthétiques. Il ravira sans doute les amateurs du style, mais ceux qui espéraient une nouvelle mue risquent de rester légèrement sur leur faim.
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