Crypts Of Despair - We Belong In The Grave
Chronique CD album (34:41)

- Style
Death qui (se) cherche - Label(s)
Transcending Obscurity - Date de sortie
18 avril 2025 - écouter via bandcamp
C’est toujours particulier d’essayer de discuter nuance quand on parle de musique extrême. L’exercice n’est finalement pas si éloigné de celui de l’entomologiste occupé a classifier les nuances de verts au cul des phasmes équatoriaux : sûrement passionnant quand partagé avec un confrère, plutôt un coup à passer pour un détraqué phasmo-sexuel auprès des 99.9 % d’humains restants constituant ce que Jean-Paul appelait Les Autres.
Et en même temps, c’est comme refuser un CDI ou pas mettre de slip sous son jean : c’est pas parce que Les Autres pigent pas que c’est une mauvaise idée.
Crypts of Despair, donc. J’avoue n’avoir jamais entendu parler des Lituaniens auparavant, et je le regrette, tant ce « We Belong To The Grave » se révèle plutôt enthousiasmant. Et cela même si les adjectifs qui sautent à la gorge en premier lieu relèvent plutôt du champ lexical battu et rebattu de la sainte trinité « Guerre/Mort/Désespoir ».
Clairement pas de quoi rire ici, mais si l’idée de passer 35 minutes dans un boyau (géologique ou anatomique, comme vous voulez) un poil trop serré pour bouger les bras vous parait une activité préfèrable à un afterwork entre collègues, vous êtes ici chez vous.
La demi-heure à venir va en effet amener son lot de réjouissances death étouffantes, variant agréablement les tempos et les styles, entre cavalcades joliment menées (« Expulsion To Purgatory ») et moments plus écrasants (« Precipitous », « Obliteration Of The Impure »), articulant souvent les deux au sein de même titres (« Terminal Dais », « Gaze Of The Adversary »), avec un sens de la concision plutôt appréciable pour le style. De même, dissonances et leads harmoniques se côtoient régulièrement, pour un résultat plutôt convaincant (« Terminal Dais »). On s’approche même – de LOIN, me faites pas dire ce que je ne veux pas dire – de ce qu’a pu proposer Ulcerate sur Cutting the Throat of God, notamment sur des titres comme « Seizures » ou « Burial Of The World », sûrement les deux morceaux laissant présager le plus d’une évolution intéressante pour le groupe, qui semble n’avoir de cesse de se renouveler.
Parce qu’on va en arriver au point qui fâche. J’ai un peu menti, plus haut. Parce que les gars pratiquaient bien un death brutal chimiquement pur sur leurs deux albums précédents, là où le petit dernier vient trempouiller un orteil du côté du…deathcore.
Alors oui, je sais, moi aussi le deathcore ça me chatouille pas comme j’aime et pas là où j’aime. Mais ici, les éléments empruntant au genre sont peu nombreux, correctement exploités, et apportent une dynamique intéressante. Après, clairement, va falloir accepter ce chant double, aussi maîtrisé techniquement que peu inventif et, pour ma part, peu « touchant ». Mais le reste de l’inventaire rattrape le truc : les doublettes batterie/basse fonctionnent, les leads disséminés ici et là apportent une vraie atmosphère (sauvant même la fin d’un « Expulsion To Purgatory » jusque là poussif), les cassures rythmiques ne sont pas systématisées, et servent la construction, au lieu de mener à des breakdowns puérils.
Enfin, on a bien affaire à un disque de death, piochant certes un peu partout (difficile de ne pas penser à Gojira et son From Mars To Sirius sur le « We Belong To The Grave introductif »), mais un disque de death avant tout. Et le groupe se charge de nous le rappeler à chaque morceau, notamment un « Undisillusioned » harassant idéalement placé en milieu de tablée.
Vous l’aurez compris, l’opus est loin d’être parfait. Rien que la minute d’intro « bruitdecrypte+souffle.wav » sur le premier morceau me fatigue un peu plus à chaque écoute. Et clairement, certains morceaux s’essoufflent un peu dans la longueur (« We Belong To The Grave », « Obliteration Of The Impure »), faute de développement.
Mais je m’en tiens à mon adjectif de départ : enthousiasmant. Parce qu’on en pense ce qu’on veut, mais les gars évoluent, cherchent, avec plus ou moins de succès selon les sensibilités de chacun, mais au moins ça vit, ça va chercher de nouvelles voies. Rien que pour la curiosité, jetez-y une oreille, vous repartirez au moins avec un truc sympa.
Ne serait-ce que le plaisir d’une bonne discussion avec un camarade entomologiste.
3 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 21/05/2025 à 09:48:55
Trop pas ma tasse de houblon principalement à cause d'une voix très lassante et d'un son sans relief.
Thedukilla le 21/05/2025 à 13:12:07
Clairement le chant manque de personnalité, tout à fait d’accord.
La prod gagnerait à rajouter un peu d’aspérités, mais ça vaut pour pas mal de groupe de ce courant diss-death moderne, et ça m’a moins gêné sur la longueur que le chant.
DeathDeath le 21/05/2025 à 14:25:14
Album cata pour ma part...
Avec des touches de deathcore + sons synthés dégueu...
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