Black Moth - Condemned To Hope

Chronique CD album (43:33)

chronique Black Moth - Condemned To Hope

Ceux qui vont découvrir Black Moth par ce nouvel album risquent de réfuter les arguments de ma légère déception et, c’est bien normal. Mais quand je me remémore la claque que m’avait mise leur premier album, je ne peux pourtant que les confirmer ces arguments. Oui, à l’instar des premiers Black Breath, Beastmilk ou du dernier Subrosa, tous écoutés « au hasard » et au casque, le Killing Jar des Black Moth m’avait scotché par sa fraicheur, sa spontanéité, ses riffs et cette voix féminine assumée. Cette voix qui apportait un peu d’air dans la brume des millions de groupes « heavy » et compagnie qui endossaient tous le principe de la voix masculine mi ours mi pseudo biker. Yep cette voix féminine, un peu comme Royal Thunder juste avant… Si vous relisez la chronique que j’ai pu en rédiger (ici), vous devinerez que j’en attendais de ce nouvel album. Alors, trop d’attentes, effet de surprise estompé, groupe que j’aurais surestimé ou qui aurait manqué de se développer, je ne sais pas, mais dans tous les cas ce Condemned To Hope ne m’a pas entièrement retourné. Et ce malgré ses qualités.

 

Comme moi vous serez entrainés par ce "Tumbleweave" d’ouverture au riff plombé, méga-plombé même, et super addictif. Préparez-vous donc à ce que de nombreuses petites oreilles tremblent et l’on félicitera le groupe d’avoir à nouveau fait appel à Jim Sclavunos (Bad Seed de Nick Cave, Grinderman…) pour la production. Si ils plomberont encore davantage leurs compos par la suite (par exemple sur "The Undead King of Rock 'N' Roll" ou "Room 13") je pointerai quand même, et ce par rapport à The Killing Jar, le manque d’accélérations et de changements de rythmes tout au long de l’album. Un peu comme s’ils s’étaient installés dans un mid-tempo général. Un peu comme s’ils avaient perdu leur fougue et leur hargne des débuts. Un peu comme si tout cela était devenu sérieux et que, pour cause de professionnalisation, il fallait maintenant proposer un album, des morceaux, aux rythmes linéaires. Oui il faut attendre le sixième morceau, "White Lies", pour que la musique accélère un peu et que l’on effleure une certaine dynamique que l’on pouvait sentir dans le premier album. Voici donc un premier point quant à ma déception, à savoir, le mid-tempo tout un morceau et tout un album durant, c’est mal. Voilà, c’est dit. Il n’y a que Bolt Thrower (la pochette des Black Moth, faites par Roger Dean - visuels pour Yes, Uriah Heep, Budgie… - rappellera d’ailleurs celle de "… For Victory" des anglais) qui peut se le permettre. À la limite Obituary aussi, mais c’est tout.

 

Si le son est puissant, bien plus puissant sur ce deuxième album emmenant Black Moth sur les platebandes du metal et du doom quant sur le premier, plus sale, il les emmenait davantage sur celles du grunge et du sludge, il ne suffit pas à cacher 2-3 parties - étranges - qui sonnent un peu faciles, qui pourraient sentir le manque d’inspiration voir même le « remplissage ». Par exemple à 2 :15 sur "Slumber with the Worm" le riff semble être tombé d’une mauvaise démo de Dismember. Vraiment étrange. Surtout sachant que Dismember n’a jamais fait de mauvaise démo. C’est dire si le riff n’est pas très bon ! A cela, et à l’instar de certain riffs, je trouve que les mélodies vocales ne sont pas toutes réussies (trop de vers finissent en descendant), voir certaine un peu « too much » et auraient mérité de ne pas exister pour laisser davantage de place aux instruments. Certes je ne parle pas de tout l’album, mais à ce mid-tempo qui lui est général, on retrouve quand même, de ci, de là, des riffs, des passages vocaux, bien moins réussis que ce que l’on aurait pu attendre. Comme je l’annonçais, peut-être ces « baisses de qualité » passeront inaperçu à ceux qui ne vont découvrir ce groupe que maintenant, mais malheureusement pour moi ce n’est pas le cas. Par contre, et là elle ne peut que sauter aux oreilles de tous, il y a une énorme faut de goût en plein de milieu de l’album, et cette faute s’appelle "Red Ink". Cette faute s’appellerait « single radio sur commande » que cela ne m’étonnerait pas (remember "Invaders" sur The Number of the Beast et "Escape" sur Ride The Lightening) . En 1997 sur Fun Radio, elle aurait assurément été un tube dans les oreilles des auditeurs de 13-19 ans. Malheureusement, 1997 est mort, Fun Radio aussi et nous ne sommes plus des ados. Oui, le titre est racoleur, simple et léger, et l’on a davantage affaire à une compo « Hole meets Nickelback fucks Simple Plan & rapes Soundgarden » comme d’autres trucs à l’époque avec des voix féminines. L’excellent son ne suffit pas à faire passer l’affront.

 

Alors je vous attaque, et attaque le groupe, de tous ces défauts qui sont de la taille de mes attentes, mais ce serait oublier les très bons moments qu’offre cet album. Oui ce chant clair féminin reste déjà en soi une bouffée d’air frais dans les musiques « heavy ». Quand la tendance est à crier ils ont ici fait l’habile choix de favoriser la mélodie. Tantôt psychédélique, tantôt agressive, c’est elle qui nous guide tout au long de ces onze titres quand même passionnants (sauf celui que vous savez). Elle qui nous guide tout au long de ces riffs que les musiciens enchaînent d’une aisance remarquable. En plus c’est « à la mode » ce chant féminin, la preuve par Blues Pills qui rencontre un certain succès alors que les compos sont vraiment faibles. C’est dire si Black Moth devrait plaire à de nombreuses personnes. Ensuite il y a de très bons morceaux. Rien que "Tumbleweave", "The Last Maze", "White Lies", ou "Room 13" devraient suffire à vous en convaincre. On se plaira à écouter comment le groupe puise dans les ressources du rock, que ce soit du côté du grunge, du heavy, de la noise ou du metal. Rapides, lents, voir très lents, les morceaux rebondissent sans fin évoluant vers là où on ne les attendait pas tout le temps. Si la production n’était pas si bonne on aurait du mal à situer cet album, savoir s’il date des années 70, 90 ou 2000.

 

La recette est donc simple, une bonne dose d’amour, de passion, et, des gros riffs. Le tout merveilleusement relevé d’un chant clair féminin, assumé, tenu par une Harriet Bevan encore une fois magnétique. De Blues Pills à SubRosa, en passant par Royal Thunder et donc Black Moth, le renouveau du Metal et du Hard Rock sera donc féminin ou ne sera pas.

photo de R.Savary
le 18/12/2014

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/12/2014 à 12:45:03

Sympa comme tout. Le chant me fait penser à celui d'un groupe de Hard Rock 70's récent dont le nom m'échappe...

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