Hail Of Bullets - ...Of Frost and War

Chronique CD album (57:31)

chronique Hail Of Bullets - ...Of Frost and War

Paysage dévasté, corps amoncelés, tanks et fumée... La pochette – et le titre! – de …Of Frost and War est on ne peut plus explicite: contrairement à ce qu’aurait pu laisser penser le nom du groupe (attention, blague moisie à tribord!), les hollandais de Hail of Bullets ne sont pas venus pour nous livrer le secret des boulettes à l’ail (arghh!), mais plutôt pour concurrencer Bolt Thrower, Panzerchrist, voire Marduk (remember Panzer Division Marduk) sur le champ de bataille du metal extrême à chenilles. Sauf qu’il n’est pas question ici de black virulent, ni de blasteries inhumaines. À vrai dire, le seul des groupes précédemment cités avec lequel Hail of Bullets partage une certaine vision de la musique est Bolt Throwerécoutez donc les 30 premières secondes de « The Lake Ladoga Massacre » pour voir. La spécialité de ces vieux briscards de la scène  on en dresse le CV dans le paragraphe qui suit , c’est donc le death old school. Celui qui colle à la semelle des bottes. Celui qui fait autant dans la décélération doomy que dans le sprint punk/proto-death soudain. Celui qui fait fi des fioritures ostentatoires et des prod’ cliniques, auxquelles il préfère le riff primal et la coulée baveusement tellurique. Celui qui a grandi au son des sirènes peuplant les bourbeux marécages de la capitale suédoise.

 

C’est qu’en effet – fin du suspense bidon, le line-up étant connu de tous depuis maintenant facile 4 bonnes années – ce super groupe est constitué de Martin Van Drunen (Asphyx, ex-Pestilence) au micro, de Ed Warby (Gorefest) à la batterie, ainsi que d'ex-Houwitser et Thanatos... Quand même, ouais, comme vous dites. De ce point de vue, on était donc tranquilles: les chances que le groupe donne dans le post-djent dépressif à mèche étaient faibles. Et en effet, pour illustrer avec à propos les batailles germano-soviétiques dont le groupe tapisse ses textes avec gourmandise, il était préférable de recourir au bourdonnement massif de guitares ventrues, à la pesanteur écrasante de passages doom dévastateurs, ainsi qu’à la touche magique, en l’occurrence ici « limpidement graisseuse », de Mister Dan Swanö. …Of Frost and War est donc une pure tuerie fomentée par de vieux barbouzes de la scène death nord-européenne, qui ne fait certes pas dans l’originalité – horreur, vous n’y pensez pas! –, mais qui met le savoir faire de vieux singes sacrément malins au service d’une tracklist compacte, et super efficace.

 

Ainsi, après un « Before The Storm [Barbarossa] » sombrement hollywoodien qui annonce le cataclysme à venir à grand renfort de nappes de synthé grandiloquentes, le groupe part pour une série de pas loin de 7 morceaux d’égale excellence, qui nous transportent de scènes de bataille en visions de désolation, et font rejaillir cette sensation de plaisir incomparable que nous refilaient les albums de death des 90s, tous différents, mais tous aussi excellents les uns que les autres. « Bordel, quel vieux con celui-là! », oui je sais. Ça passe donc du gros missile graisseux mais martial sur « Ordered Eastward » aux couleurs variées mais très suédoises de « The Crucial Offensive », en passant par l’hypergravité de « General Winter ». Vient ensuite « Stalingrad », très représentatif de la dichotomie certaine entre un (sacrément long) début d’album irréprochable, et un final un poil moins robuste. Ce morceau-transition démarre ainsi – ô joie – sur une coulée mid-tempo irrésistible lors de laquelle il serait vain d’essayer de ne pas headbanguer comme un veau, mais continue de façon un peu moins sexy. Le manque d’inspiration continue à se manifester sur « Insanity Commands » (en même temps c’est un bonus track!), ainsi que sur « Inferno At The Carpathian Mountains », morceau néanmoins très habilement rattrapé par une bonne mélodie, des effets twins finauds et une bonne attaque finale. Quand on vous dit qu'ils savent y faire ces vieux renards! « Berlin » termine les choses en grand, même si sa dynamique assez nettement mélancolico-doomy m’empêche de voir en ce morceau LE tomber de rideau idéal.

 

Bon, on se permet d’émettre quelques critiques, comme ça, histoire de chipoter, mais la vérité c’est qu'on se passe et se repasse cet album avec grand plaisir, et que contrairement à beaucoup des « bons » albums récents de la vague retro-death, il est composé de nombreux morceaux dont on garde la saveur en bouche après coup. La marque des grands quoi, un peu comme chez leurs voisins du dessus de Bloodbath.

 

PS: on ne parle ici que du premier album de cette dream team batave, mais l'EP et l'album qui suivent sont, semble-t-il, tout aussi jouissifs.

 

 

 

 

 

La chronique, version courte:  du death épais, puissant, guerrier et old school, comme on en ré-entend de plus en plus ces derniers temps, mais – différence notable – en vraiment bon, cette fois.

photo de Cglaume
le 31/07/2012

1 COMMENTAIRE

R.Savary

R.Savary le 14/08/2012 à 09:43:31

Bonnard, je vais aller ecouter ça ! Et si Van Drunen est ici aussi bon que sur les 2 derniers Asphyx, ça devrait le faire !

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