Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs - Death Hilarious
Chronique CD album (45:37)

- Style
Stoner/Noise - Label(s)
Rocket Recordings - Date de sortie
4 avril 2025 - écouter via bandcamp
COCHONS COCHONS COCHONS COCHONS COCHONS COCHONS COCHONS.
On en pensera ce qu’on veut, mais ça c’est un nom de groupe. Du genre difficile à ignorer. Ça en fait du monde à la maison, 7 cochons. Et ils ont plutôt l’air branchés Ferme des Animaux que Babe, le cochon devenu berger.
En vrai 7XPIGS (j’ai pas envie de l’écrire en entier, ni vous de le lire à chaque fois, ce sera notre petit secret), c’est un peu ce genre de groupe de stoner que je croise une fois tous les 2-3 ans, en album ou en festival, que je suis bien content de faire tourner une dizaine de fois au début des beaux jours, et que je range dans un coin de mon crâne jusqu’à la prochaine. En plus ils sortent le plus souvent leurs albums quand mes voisins sortent leur barbecue, le timing est nickel pour entretenir le climat de tensions inavouées et de mépris mutuel qui fait tout le sel de la vie en collectivité rurale.
Parce que 7XPIGS, c’est pas vraiment le versant chill du stoner. Déjà ça débarque de Newcastle, donc niveau ensoleillement on est quand même loin de la Death Valley. En plus, on sent que les gars ont autant saigné leurs vieux Kyuss et Fu Manchu (« The Wyrm », "Coyote Call") que leur collection de Helmet et Shellac (« Detroit », « Carousel »). Et surtout, les copains défient toute idée de mode, même au sein d’une scène déjà pas réputée pour son avant-gardisme débridé.
Clairement, la prod aurait pu être faite dans les 90’, avec ce son de caisse claire enregistrée sous l’eau (ou le bourbon, plus vraisemblablement), ces guitares granuleuses fuzzées à point, ces leads plein de flanger, et une consigne générale qui devait être de l’ordre du « y’en a un peu plus, j’vous l’mets quand même ? Au fait faudra vous racheter des piles pour l’détecteur à fumée ».
Idem pour la voix de Matt Baty. Le gars n’a qu’une technique : articuler et laisser traîner (« Toecurler »). Mais il a quelque chose que les autres n’ont pas : une voix. Travaillée à la clope du matin avant de pointer, aux couleuvres avalées depuis longtemps, au mauvais gin et aux bonnes amitiés beuglées en sortie de pub. Probablement l’une des plus belles voix de la scène. Si on aime les cailloux, l’humanité, et les illusions perdues.
Surtout les morceaux visent tout sauf l’efficacité. Ici on fait dans le ressassement, la longueur. Ici on est venus s’accouder au zinc pour rabâcher, pas pour délivrer un message, merci de ne pas interrompre le processus (« The Wyrm », « Toecurler »). Pour la blague, les gars s’amusent même à balancer ces deux titres, les plus longs de l’album (à 7 et 8 minutes passées) en 6ème et 9ème positions. Sur 9. Une fois déjà bien rincés. Ou comment faire un album de 48 minutes qui peut paraître long.
On voit bien que ça les amuse, les loubards. Parce qu’en vrai du titre catchy ils savent faire : « Blockage » démarre sur les chapeaux de roue, véritable carte de visite du son du groupe, « Stitches » amène un côté rock’n roll dodelinant plutôt rafraichissant, « Glib Tongued » remet la noise au centre du jeu, avec un dernier couplet aussi inattendu que dantesque de El-p (dont j’ai déjà parlé dans une chronique précédente et auteur d’un « The Overly Dramatic Truth » sur son I’ll Sleep When You’re Dead de 2007 dont je ne me remettrais jamais).
Mais le catchy, c’est pour les p’tits nouveaux, c’est la porte d’entrée du rade. Le piège. Le cœur du propos, ça se passe à l’intérieur. C’est les taches de graisse, de salive et de larmes sur la toile cirée, c’est le carrelage qui colle aux semelles, c’est les tickets perdants qui servent de sous-bock aux pintes tièdes, c’est le ronflement des respirations encrassées entre deux déglutitions. Faut être sensible à ce genre d’esthétique, c’est clair. Mais quand on y regarde de plus près, on peut se demander si c’est pas à ça que la vie ressemble, en vrai, quand on la mate depuis le trottoir plutôt que depuis un coin d’algorithme.
Et quand on écoute, quand on écoute vraiment, 48 minutes c’est loin d’être assez long.
5 COMMENTAIRES
el gep le 29/04/2025 à 11:31:48
Ehéh, super chro, camarade.
Vincent Bouvier le 29/04/2025 à 13:10:54
Je plussoie. Super chro!
Moland Fengkov le 29/04/2025 à 14:20:59
Je surenchéris
Thedukilla le 29/04/2025 à 16:10:53
❤️
Greg le 29/04/2025 à 18:24:17
Excellente chronique, très bonne recrue le type. Le stoner, je m en tamponne habituellement, mais là... Voyons voir....
AJOUTER UN COMMENTAIRE