The Jon Spencer Blues Explosion - Meat And Bone

Chronique CD album (39:40)

chronique The Jon Spencer Blues Explosion - Meat And Bone

Attention, chronique double. Toutes protestations et têtes de chevals morts sont à adresser à l'auteur et à l'auteur seul irresponsable.

 

Aaaaah The Jon Spencer Blues Explosion... Toute ma jeunesse. Toute ma vie ! Je les ai découverts vers 1996, à la sortie du complètement déglingué Now I Got Worry.

Le choc, putain.

Déjà, première piste, première seconde : hurlement primal. Ce « AAAAAAAAAAAAAAAH » de "Skunk", à te faire bondir de ta putain de chaise ! Et ce Blues-Punk cradingue, destroy, fou. Dès la première écoute, je savais que j'étais tombé sur un truc de malade, un truc qui allait changer ma vie, ouais, carrément. De nouvelles portes s'ouvraient sur des ténèbres menaçantes mais tellement attirantes : de la noirceur de coupe-gorge puant, cette fameuse sensation de danger que seul le vrai Rock de tarés peut te procurer.

(Allô, Rock & Folk ? Ouais, bonjour, on a un tordu qui raconte n'importe quoi tout en se paluchant copieusement, ça devrait être dans vos cordes, non ? Ah bon, c'est pas ce que vous faites, d'habitude ? Vous voulez pas au moins lui payer ses clopes ?)

 

Ouaip, du Rock garage de garçons vaudou blancs. Du Punk, aussi. Ce groupe m'a introduit violemment aux quelques saveurs Punks que j'explorerai un peu plus tard grâce à quelques amis, me sortant de la torpeur NeoMetalo-Fusion, sous-culture (y'en a des biens) du trou du cul du monde à l'ère pré-internet.

Le plus drôle, c'est que j'avais acheté ce disque suite à la lecture d'une chronique de... non, pas Rock&Folk mais Guitar&Bass magazine, ah-ha ! Chronique qui, dans mon souvenir déformé du moins, était assez chouette, et mettait l'accent sur le côté voyous-trop-fous « j'ai tué et volé grand-mère pour m'acheter une bouteille de gnôle ».

 

Bah oui, c'est tout à fait ça.

Et même plus : "Fuck Shit Up" reprend le hip-hop branque et sale là où les gentils garçons de Beastie Boys s'étaient arrêtés, n'osant aller plus loin. N'osant pas, justement, prendre cette ruelle sombre où tout était possible. Ce bout de ghetto Black où n'osaient pas s'aventurer les petits blancs-culs à maman.

Alors parlons du Blues, tiens ! Oui il y en a plein dans JSBX ! A taquet, à burnes, à fond les ballons, ça balance, ma p'tite dame ! Ça balance et ça culbute, direct dans le cul ! Le beau Jon avait beau répéter à l'envie que « The Blues is number one, ladies and gentlemen ! I do not play no Blues. I do not play no Blues ! I play... Rock'nRoll. ». Oui, oui, c'est bon, tu joues du Rock'N'Roll, ce qui revient à dire que tu joues du Blues, OK ?

Le Blues, moi j'aimais déjà ça, à l'époque. Mais ce disque inaugura le travail de sape dans ma vision de la musique (me restait plus qu'à découvrir les Melvins). Petit à petit, j'allais en finir avec ce Blues-Rock de gratteux blanchettes onanistes mégalos et en revenir au fond du truc. Cette musique à poil, belle comme l'enfer et râpeuse comme le papier de verre. Cette musique qui pouvait user de savoureuses métaphores comme « I'm your backdoor man ! », niquant la censure avant qu'elle ait pu ouvrir sa sale gueule. Le Blues, seul grand-père fiable du Punk, bordeeeeel ! Après ça et R.L. Burnside, plus moyen d'écouter B.B. King, nom de dieu ! Sans parler de tous ces succédanés de Stevie Ray Vaughan And Double Trouble (repose en paix, même s'ils t'ont volé ton chapeau)!

 

Bon, là, si tu crois que je raconte ma vie, t'as rien compris (et t'es loin du compte).

Mais je ne parle pas de Meat And Bone, t'auras remarqué.

Là je parle de mon petit chouchou (même Orange n'a pas su le détrôner dans le grand palais vide de mon cœur), un disque que tout le monde devrait écouter. Tout le monde. Même ceux qui n'aiment pas le Rock, ou qui croient l'aimer, qu'ils aient au moins de bonnes raisons d'arrêter de faire semblant et de comprendre quoi que ce soit à quoi que ce soit.

Célébrons ensemble cette musique chaude et bouillante qui fera fuir ces faibles insensibles : sautons directement à la dernière plage, "Sticky", chose dégingandée, patiemment décharnée pour ne laisser que le squelette aux vautours du Blues Explosion. Fausse ballade triste de maniaque en crise, c'est un instant de toute beauté, du Bacon sonique pour mieux te mettre ta race et la niquer à même le lino. La beauté du laid ! La laideur dans la beauté ! L'espoir dans le désespoir ! Pire que la peine, l'absence douloureuse de peine ! Le sexe et l'affection ne te manquent même plus, tu es au-delà de tout ça.

 

Tu es coincé à la cave et je n'ai toujours pas parlé de Meat And Bone.

Je t'avais prévenu.

Et "Wail", c'est un Elvis mutant qui danse avec les poules en hurlant « Chicken Dog ! Chicken Dog ! »... Bon, bref, j'ai encore du boulot alors résumons : l'intégralité du disque, c'est du grand Art de la destruction, madame.

Écoute-ça tout de suite et vive la mort.

 

Mais là je ne chroniquais pas Meat And Bone, non.

Car ce petit dernier est décevant. Oh, de bonnes premières impressions avaient surgi et la joie de la reformation charriait avec elle de belles promesses. J'étais heureux de les retrouver.

Oh, ils s'étaient un peu calmés depuis quelques disques, on ne s'attendait pas à un nouveau Extra Width non plus, alors ici on retrouve ce Roll aussi Stones que Stooges, sans déplaisir.

Au début, donc.

 

Mais, au fil des écoutes, je ne peux que remarquer qu'il manque quelque chose à ce disque. Il est troué d'une absence cruelle. Que manque-t-il, alors ? De la surprise, de l'expérimentation, de la folie, ou même cette fraîcheur qui irisait le très coloré et Rock'n'Roll Plastic Fang ? Peut-être. Mais j'ai bien du mal à cerner cette absence, ce voile fantomatique. Impression tenace de pilotage automatique, des morceaux qui s'enchaînent sans bousculer l'auditeur, sans non plus accrocher, tirer sur nos manches et nous emmener vers la danse de ce damné Guy, ou la transe malsaine de poulets étêtés.

 

Merde, c'est un comble. Une antithèse. Une erreur ! C'est pas possible, j'ai dû mal entendre, mal écouter, c'est moi qui déconne, me suis-je dit tant de fois que je renonce à comprendre.

Toujours la classe de costards froissés et trempés de sueur, mais je redoute le costume, le déguisement. Une poupée, une marionnette : a stooge. Et c'est foutrement irritant.

Certes, le disque dérape un peu parfois, avec des morceaux plus abscons et déconstruits, mais même là le plaisir d'écoute reste un peu bateau. A rames.

 

Ça rame.

Comme moi qui galère à trouver quelque chose d'intéressant (???? A quoi bon chroniquer si c'est pas pour raconter sa vie minable?) à écrire sur cet album. C'est pour ça que je préférais parler de Now I Got Worry et de mes années boutonneuses. Tenez, un scoop : j'ai encore un peu d'acné. A trente-trois ans ! Je pense sincèrement être immortel. Sérieux, je connais le secret de la jeunesse éternelle !

Mais pas le Blues Explosion, apparemment.

 

Bon, OK, on en reparle dans dix ans. D'ici là, je suis sûr qu'il y a moyen qu'ils nous pondent quelque chose d'un peu plus bandant, ne soyons pas fatalistes. Et moi, j'aurai peut-être fini par caner.

La vie est belle, j'ai de l'acné, je suis amoureux, il y a même parfois un peu de monde aux concerts des Welldone Dumboyz, non, vraiment, quelque chose ne tourne pas rond. Quelqu'un doit mourir. Now I got worry, baby.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHH ! AHHH-HA-HA-HAHAAH-HAAAA-HAAAAA !

photo de El Gep
le 15/06/2013

9 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 16/06/2013 à 13:16:26

J'étais certain que tu causerais de -Now, I got Worry- ^^
M&B est un album pour sortir, faire des concerts, ramasser de la faf et passer les longs mois d'hiver au coin du feu.
En plus Mr Spencer a la bonne idée de ne pas réactiver Boss Hog au risque de se perdre dans du sous-Garbage si ça devait arriver...

Niktareum

Niktareum le 17/06/2013 à 10:20:11

Y'a qu'à moi que cette pochette fait penser à une grosse paire de gesticules qui pendouillent ??

*Désolé pour ce post totalement non productif*

Geoffrey Fatbastard

Geoffrey Fatbastard le 17/06/2013 à 11:00:23

j'opterais plus pour des rognons de *boeuf*

el gep

el gep le 17/06/2013 à 13:16:23

Boss Hog avait mal tourné alors qu'il me semble que c'était pourtant bien au début... Faudrait que je réécoute.
Bien d'accord avec toi, sinon.
Sinon, merci les deux autres, c'est très utile car c'est ce qu'il manque à ce disque, oui: une grosse paire de nichons.

el gep

el gep le 15/09/2017 à 21:43:19

Réécouté récemment: l'ai trouvé un peu mieux que pas mal!
Comme quoi...

el gep

el gep le 18/07/2018 à 20:53:31

Parfois c'est juste l'auditeur qui déconne... Ce disque n'est certainement pas leur plus fol album, peut-être pas leur meilleur, mais c'est vraiment de la bonne musique, putain.
Et j'apprends qu'un autre, "Freedom tower" est sorti il y a rien de moins que 3 putains d'années! Commandé! Cash!
Et Jon Spencer va très bientôt sortir un album solo!
Putain, ai-je publié de vivre?
Où est mon acné?
Et toujours pas de skateboards qui volent?

el gep

el gep le 18/07/2018 à 20:54:55

"Publié de vivre" au lieu de: "oublié de vivre", joli lapsus pour un ex-chroniqueur qui ne chronique plus.
Niqueplus. Niqueplus.
Aaaaarf! Je parle tout seul!

pidji

pidji le 19/07/2018 à 07:18:11

Mais non tu ne parles pas tout seul ; et tu peux même chroniquer ce JSBE que tu n'as pas encore écouté si tu veux :D

el gep

el gep le 20/07/2018 à 10:22:33

Ma foi avec plaisir si je trouve le temps. Ça me manque d'écrire des inepties!

Ecoutez le Blues Explosion, redécouvrez la vie!

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