At The Drive In - in•ter a•li•a

Chronique CD album (42:00)

chronique At The Drive In - in•ter a•li•a

« Cendrillon est un personnage de fiction inspiré par le personnage du conte Cendrillon ou la Petite pantoufle de verre de Charles Perrault issu de Histoires ou Contes du Temps Passé (...) » (Wikipedia)

 

Forcément après 17 ans, la voix n'est pas entièrement la même. Forcément, on doit être plusieurs à avoir suspecté l'arnaque, ou la supercherie, dans cette reformation à destination des festivals et des gros cachets. Mais à défaut de clairement identifier le message, on ne peut que se féliciter du retour sur ce nouvel album de la haute énergie At The Drive In. Forcément, Relationship Of Command est l'album de l'année 2000 et de la décennie qui allait suivre. Encore plus que le The Shape Of Punk To Come sorti juste 2 années avant par les Refused. Dont on s'inquiétait également de la reformation juste au même moment. Ou presque. On peut s'inquiéter mais on peut quand même être énervé tout en restant pertinent quand on est vieux. Ça s'appelle The Ex, Napalm Death, ou Sodom.

Sans connaître, ni rechercher le message, "Governed By Contagions" (best song in town !), "Incurably Innocent", ou "Torrentially Cutshaw" comme exemples, on range les appréhensions, et l'on se fait renverser par la DeLorean rechromée. Waou, les étincelles prennent, rallume la mémoire musculaire, et gloire à Relationship Of Command. Oui in•ter a•li•a est bon, très bon même, et au final pas seulement nostalgique. Ils avaient trop d'avance sur leur temps. Mais à la fin on s'en fout de tous ces discours. Seule doit compter la musique (ça en fait un paragraphe pour presque rien !).

 

D'emblée on remarque qu'Omar Rodríguez-Lopez (guitare) et Cedric Bixler-Zavala (chant) sont ultra bavards. ULTRA. Ça, ça n'a pas changé.

Le guitariste, bien identifié d'un côté dans le mix, inonde les morceaux de ses lignes mélodiques épurées, croisées à celles du chant ou de la deuxième guitare en harmonies cabossées, ou tout simplement en lead. On acceptera que certaines d'entre elles soient de trop (on se demandera même parfois s'il sait ce que les autres musiciens jouent) ou pas forcément réussies. Rien ne semble pouvoir l'arrêter.

Le chanteur, aux rythmes emportés, aux conclusions de motifs criées comme on les aime, a néanmoins fait évoluer ses tonalités. L'âge, The Mars Volta expérience, l'évolution déjà marquée depuis les débuts du groupe, alors forcément. On sera quand même interpellé de passages aux portes du maniéré (The Mars Volta je vous ai dit), mais là aussi on laisse passer car c'est à nouveau l'énergie qui porte le groupe et les chansons. L'énergie de ces deux moteurs mais aussi celle des autres membres du groupe, guitare, basse et batterie. Et ça c'est At The Drive In. C'est ce qu'on voulait.

 

On reconnaît des structures de morceaux typiques du groupe, d'enchaînements baston-break frontaux aux envolées pré ou post refrains mélodiques. Ça parle beaucoup donc, mais leur musique reste directe. On ne l'esquive pas. Elle vous frappe direct. Là on parle donc de talent qu'on espère guidé par la joie d'être à nouveau réunis. Devant cette réussite, comment pourrait-il en être autrement ? En tout cas, Cedric Bixler-Zavala semble y croire. Et il est convaincant.

 

Certes vous ne serez pas déboussolés par les riffs, le son, les motifs ou les rythmes, qui sont At The Drive In, pour qui a déjà auparavant écouté leur musique, par contre on le sera tous - et à nouveau - par leurs qualités. Encore de très grands moments entraînants, porteurs, paralysants, libérateurs. Vivants. Punk, rock, emocore (d'antan), noise, pop, post-quelquechose, avant-garde… à l'instar de groupe comme The Fall, Fugazi, The Ex, Refused, Radiohead ou 31Knots, ils reviennent comme un véritable électron libre à la croisée de chemins qui ne se rencontrent que pas assez, ou qui n'ont pas encore été tracés.

 

Alors oui c'était mieux avant, Relationship Of Command, car il y a des sommets qui ne peuvent être dépassés, et alors ? Ça n'empêche pas de profiter aujourd'hui de cet album déjà bien heureux et talentueux - surtout au regard des nombreuses sorties inanimées - tout en espérant des lendemains encore plus terribles.

> This station is operational <

photo de R.Savary
le 05/05/2017

6 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 05/05/2017 à 09:25:33

Je suis un peu moins emballé que toi, notamment pour des raisons qui t'enthousiasment !
La principale étant que c'est bavard. Trop, tout comme sur l'album d'Antemasque que j'avais apprécié mais qui a tout pour saouler les mecs sans subjectivité fans d'ATDI depuis 15 ans (dans mon genre).

En tout cas, ils ne sont pas revenus pour rien, c'est déjà ça...

pidji

pidji le 05/05/2017 à 09:54:03

Héhé, moi je suis également emballé ; en effet il est différent de "Relationship Of Command", mais ils auraient fait la même chose, on aurait crié au scandale.
Là je trouve leur retour plutôt réussi !

Noisybear

Noisybear le 05/05/2017 à 13:31:17

Je trouve l'album particulièrement mauvais. Aucune gouache, aucune énergie, la recherche de la mélodie parfaite mais sans âme. Par moment, on dirait du Sparta, par d'autres on dirait du Audioslave un peu punk. Mais ça n'a ni le talent de At The Drive-In ni même l'essence. C'est dommage.

Sam

Sam le 05/05/2017 à 21:27:50

J'ai écouté la moitié dans la voiture aujourd'hui. Déjà cette prod j'arrive pas: trop propre, trop plat, aucune spontanéité. Et puis des titres comme "Continuum" qui ne servent à rien. Franchement, on dirait le plus mauvais morceau d'une face B, y a rien. Musicalement c'est creux, la voix semble improvisée durant l'enregistrement, les effets sur la voix ne sont ni recherchés ni travaillés. Je vais me l'écouter encore attentivement, mais c'est un gros bof pour moi pour l'instant.

Michel Saindoux

Michel Saindoux le 06/05/2017 à 20:05:12

Avec les nombreux projets musicaux de la paire Bixer-Zavala/Rodriguez Lopez suite au split du groupe en 2001, difficile aujourd'hui pour la formation culte de ne pas sonner un peu trop entendue et attendue tant la marque de ces derniers s'avère prégnante ! Cet album, plutôt bon et énergique au demeurant, aurait très bien pu succéder au sympathique éponyme d'Antemasque et en duper plus d'un j'en suis sûre, s'il n'était pas estampillé ATDI. Inutile donc d'oser une comparaison avec ses sublimes prédécesseurs (In/Casino/Out en tête), gageons que cet ultime effort se bonifie avec l'âge mais j'ai bien peur qu'à l'instar de Faith No More et Refused, cet album ne marque les esprits...

Michel Saindoux

Michel Saindoux le 06/05/2017 à 20:57:39

...à l'instar du come-back de Faith No More et Refused...

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