Black Bile - L'Oratoire

Chronique CD album (39:31)

chronique Black Bile - L'Oratoire

Salut à tous et à toutes, installez-vous, ouvrez la fiche promo à la bonne page, ainsi que les guillemets :

« le titre de l’album s’impose. Il s’appellera « L’Oratoire ». Il tire son nom d’un lieu réel : un bout de forêt nommé ainsi, autrefois lieu de culte, dans lequel Romane, chanteuse, a passé de longues heures à y trouver de l’inspiration.

Dans sa définition, un oratoire est un lieu de recueillement. Au-delà d’un culte, au-delà d’une étape dans une marche processionnaire, il s’agit bien souvent d’un lieu de souvenir au sens large. La musique de Black Bile s’étant toujours voulue personnelle et introspective, les thèmes abordés au fil des titres touchent ici à l’onirisme, aux voyages introspectifs, au deuil, à la marche processionnaire, au rapport au corps et à la décorporation, à l’esprit dans la matière et ce qu’il en reste après la mort ».

 

Oui, des fois, quand on se trouve à chroniquer un disque, il vaut mieux aller au plus simple et éviter de paraphraser bêtement un paragraphe de présentation qui se vaut déjà bien en tant que tel. Et en plus, ça évite de risquer de raconter trop de conneries (mais ça c'est un truc de professionnel). Frozen Records, par l'intermédiaire de Paul, nous ont donc récemment fait parvenir ce premier album des Lorientais·es de Black Bile, précisant qu'il s'agissait d'un véritable coup de cœur, en coproduction avec Code Records, de Lorient eux aussi justement.

 

Relativement jeune formation, le groupe avait sorti un premier EP, The Substance, en 2020. L'arrivée ensuite d'un second guitariste et les années passant, le groupe fait évoluer son style et déborde de ses origines plus strictement doom pour venir insérer plus d'incursions vers d'autres genres tels que le post-metal et des virages un peu plus extrêmes, pour en arriver finalement sur L'Oratoire à un équilibre que je placerais personnellement, après plusieurs écoutes, à mi-chemin entre Messa et Predatory Void (en ayant néanmoins beaucoup moins d'inclinaisons black), l'exemple le plus parlant en ce sens étant peut-être « Antephialtes ». Et ça tombe bien, le mix et master a été réalisé par Tim de Gieter (de Amenra, Doodseskader et, justement, Predatory Void), pour donner une idée de la direction sonore empruntée par le quintet lorientais, dans la composition comme dans les questions techniques.

 

Mais sur L'Oratoire, on ne se retrouve pas à se perdre dans la boucle d'un même riff répété à n'en plus finir : on y trouve réellement de nombreuses choses dans tous les morceaux, il y a de quoi se laisser embarquer pour peu qu'on se laisse prendre dans le mood, souvent solennel, posé par le groupe. Toujours intrigants, Black Bile savent maintenir l'attention et la curiosité en ne répétant pas sans fin les mêmes plans et en variant intelligemment les approches, nous laissant régulièrement dans la position de nous demander ce qui va venir ensuite, et ce dès l'introduction « In Procession » et son intensité progressive qui fait probablement une très bonne entame de concert. Très bon point donc, car souvent les intros de disque sont skippables : ce n'est pas le cas ici.

Les blasts initiaux de « Bereavement », par exemple, évoqueront immédiatement le bon souvenir de Oathbreaker / Predatory Void, notamment dans la voix de Romane, vraiment proche par moments de celles de Lina R de PV (et de Cross Bringer), bien qu'en version doomisée. Et pourtant, on y trouvera aussi du riff traînant qui fera se dodeliner bien des têtes, une aération en voix claire un peu shoegaze, qui rebasculera en riff gras et tremolo, avant que l'évolution du riff devienne vraiment 'post', qu'on trouve des zones légèrement blackenisées et une fin plutôt doom atmo qui fonctionne très bien. J'en oublie, et d'ailleurs peu importe les détails, mais le tout en quelques minutes donne une bonne idée de la richesse de ces morceaux.

 

Si la plupart des morceaux débutent de la même façon, excepté « Bereavement » justement, on trouvera donc une bascule régulière entre voix claire et voix hurlée, des assauts post-metal convaincants (« Ephialtes » après une belle montée de batterie ou le Amenra-esque morceau-titre « L'Oratoire », « A Lament »...), une paire de sections post-black qui vont bien (« Antiephialtes »), des aérations minimalistes et une bonne gestion en général des transitions entre tout ce petit monde.

Et si je trouve personnellement que la voix hurlée me parle plus que les voix claires, souvent similaires entre elles, leur aspect solennel contribue nénamoins largement à créer l'ambiance, un petit voile gothique se posant de fait sur l'ensemble de L'Oratoire.

 

En bref, on ne se trouve pas ici vraiment avec le genre de doom qui passerait tranquille en soirée enfumée : pas une once de stoner ne se trouve chez Black Bile : on est plutôt du côté du froid, pas au point de déborder dans le funéral, mais on s'en approche. Et surtout, l'école flamande de la Church of Ra a une influence évidente et directe sur la musique des Lorientais·es. Si les groupes en question vous parlent, n'hésitez pas à vous rendre à L'Oratoire.

Vous y trouverez de belles choses.

 

Par ailleurs, pour celles et ceux d'entre vous qui seraient dans la région nantaise, le groupe sera en release party le 25 octobre au Ferrailleur, ce sera une bonne occase de découvrir tout ça en live.

 

A écouter pour rafraîchir cet automne qui n'en finit pas d'être estival.

photo de Pingouins
le 13/10/2023

3 COMMENTAIRES

Arrache coeur

Arrache coeur le 23/10/2023 à 09:01:20

Hey, je tombe seulement là-dessus mais c'est très très bon ! En addition de toutes les références que tu cites, j'y aperçois aussi du Ragana par moment, ce qui n'est absolument pas pour me déplaire. Dans tous les cas, ça risque de squatter mes écoutes un p'tit temps. Merci pour la chronique ! 😃

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 06/09/2024 à 09:29:31

Un des gros coups cœur du Motoc 2024 pour ma part... 

cglaume

cglaume le 29/04/2025 à 17:16:27

Un merci : https://forum.hellfest.fr/t/coreandco-le-webzine-qui-cause-metal/838/208

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