Saint Vengeur - Sex and Repression in Higher Society

Pour les plus perspicaces d’entre vous, le Saint Vengeur dont il est question aujourd’hui n’est autre que le projet qui a donné naissance à l’album Par Feu et Par Flammes en 2022 chez I, Voidhanger Records. Après un léger changement de patronyme, toujours signé sur le label italien (non, Cyril, je n’en suis pas le patron, même si on ne nous a jamais vus ensemble dans la même pièce), Sex and Repression in Higher Society poursuit dans la voie engagée quelques années auparavant. Cet album donne corps aux poèmes de l’artiste polonais Herman Pańkow, qui se charge ici de toute la musique, des paroles, de la production et de la pochette.

Saint Vengeur reste fidèle à ce mélange unique entre Black Indus, Darksynth et Witch House, mais affine son style, prenant une teinte plus personnelle et émotionnelle. À l’époque, Par Feu et Par Flammes m’avait paru trop vert, pas assez solide, pour que je vous en parle ici, malgré plusieurs écoutes. Cette nouvelle cuvée, je le redis, a gagné en maturité, que ce soit au niveau de la composition, de la mise en son, de la dynamique et de la mise en place des atmosphères.

L'album Sex and Repression in Higher Society se distingue par l'ajout de voix, une nouveauté par rapport aux productions antérieures de Pańkow. Cette évolution marque une étape importante dans son parcours artistique, ajoutant une dimension supplémentaire à sa musique déjà riche et complexe. Les voix viennent renforcer l'impact émotionnel des morceaux, rendant l'expérience auditive plus immersive et captivante. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir lire l’ensemble des poèmes écrits par le Polonais, mais ils m’ont semblé traiter de la solitude, de la dépression et de la culpabilité, noyées dans l’alcool et le sexe bon marché. Les textes de Pańkow sont profonds et poignants, explorant les tourments de l'âme humaine avec une honnêteté brute. Ils racontent les errances de personnages perdus dans des nuits pluvieuses, éclairées par des néons intermittents, submergés par des passions intenses et des péchés inavouables.

Herman Pańkow dresse ici une fresque post-industrielle, chaotique et crépusculaire. Malgré la noirceur des thèmes abordés, une lueur d’espoir semble toujours présente, la lumière au bout du tunnel est à portée de main, comme dans « Prima Facie » par exemple. La symphonie repoussante mais flamboyante se bâtit progressivement, sans hâte, empruntant parfois la délicatesse et la nostalgie de la Dungeon Synth, dont la Witch House est clairement l’héritière. La musique électronique proposée ici est tordue et expérimentale, adoucie parfois par des lignes mélodiques. Elle demande, pour être appréciée à sa juste valeur, toute l’attention de l’auditeur et d’être écoutée dans son ensemble, d’une traite si possible. Chaque morceau s'enchaîne avec fluidité, créant une expérience cohérente et envoûtante. Les atmosphères sont soigneusement construites, plongeant l'auditeur dans un univers sombre mais étrangement beau.

En conclusion, Sex and Repression in Higher Society est une œuvre mature et aboutie, témoignant de l'évolution artistique de Herman Pańkow. Saint Vengeur nous offre ici une exploration profonde et poétique des aspects les plus sombres de l'humanité, tout en laissant entrevoir une lueur d'espoir. C'est un album qui mérite d'être écouté attentivement, pour en saisir toute la richesse et la complexité.

Xuaterc

le 26/04/2025