Maktazith - Maktazith
Chronique CD album (39:10)

- Style
Funk metal instrumental - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
13 mars 2025 - Lieu d'enregistrement Gil Feldman's Studio
- écouter via bandcamp
En effet, bien vu : le gugusse au centre de la pochette ci-dessus est bien Hadar Levi, le guitariste des Dazy’s Fasulia… Vous avez l’œil ! Le personnage central ayant à présent été identifié, vous en déduisez que Maktazith doit répéter dans un local situé non loin des quartiers populaires de Tel-Aviv. En combinant cette info avec le méchant coup dans la rétine envoyé par cet artwork rose-Malabar, vous en arrivez à la conclusion suivante : en hébreu, « Maktazith » doit signifier « tsunami de bave », ou « slimy cuni’ », ou « squirting Armageddon »…
Presque.
Le terme désigne ces canons à eau utilisés pour disperser les foules, que celles-ci veuillent être les premières à acquérir le nouvel iPhone-qui-fait-aussi-chausse-pied, ou qu’elles demandent la destitution d’un Premier Ministre que seule une alliance avec l’extrême-droite tient éloigné de la prison.
Pourtant, Maktazith n’a rien du groupe de Kibboutz Crust revendicateur. Et pour cause : il pratique un Funk Metal aussi énergique qu’épicurien, et qui plus est instrumental – ce qui limite un brin, au moment d’entonner des slogans enjoignant à monter en haut des barricades. Maktazith, c’est la fête de la disto’ toute puissante, c’est une basse marsupilami gaulée comme un catcheur, c’est une invitation constante à se frotter à son voisin / sa voisine pour lui montrer qu’on se battra jusqu’au bout, mais aussi qu’on aimerait bien sentir sa sueur de plus près, voire qu’on continuerait bien la lutte en position horizontale, et plus si affinités. Cet album est un festival d’effets roublards pour guitaristes nerds, qu’ils soient obtenus par des pédales Wah-wah tunées comme les mobylettes de ma jeunesse (le lapin – logique – vient de la cambrousse), par l’utilisation non raisonnée de ce fameux kill switch qui permet à la guitare de chevroter comme Julien Clerc, ou par l’emploi sur au moins trois titres d’une talk box qui donne l’impression que la 6-cordes se prend pour Daft Punk.
Bref : ça joue fort, ça joue expertement, mais surtout ça joue lubrique et décontracté, ainsi qu’il convient à tout album qui funke dans les règles de l’art.
Pourtant c’est un riff Spontex qui nous ouvre la porte, sur « Intro » – ce qui pourrait laisser croire qu’on va se faire brosser la couenne au gant de crin sur ces quarante généreuses minutes. Mais le morceau-titre remet vite les pendules à l’heure à l’occasion d’un ébouriffant match de slap lors duquel bassiste et guitariste se tirent la bourre comme des gamins heureux de faire ensemble leur premier tour de bicyclette sans les roulettes pour bébé. Sauf que cette seconde piste ne s'arrête pas là : son rôle est manifestement de faire les présentations plus en profondeur, et d'expliquer à l’auditeur de passage que oui, ça va funker sa mère comme rarement celle-ci s’est fait funker, mais pas seulement. D’où un détour marqué, à partir de 1:08, dans la gadoue d’un Stoner à stetson – car chez Maktazith on aime aussi les riffs « de bonhomme », ceux qui laissent les bottes crottées. Et la chose se vérifie sur d’autres titres encore, le Stoner se teintant parfois de Blues, ou tout simplement de cambouis Hard Rock – parce qu’après tout, il y a « Metal » dans « Funk Metal ».
Les amateurs de Fusion multi-canal seront sans doute sensibles au fait qu’Hadar et ses deux acolytes font véritablement le taf jusqu’au bout, en associant en profondeur paillettes et huile de vidange, et non pas en se contentant d’accoler les genres, ainsi que Plunger l’avait fait sur un Unclog Me prometteur mais un peu frustrant. À dire vrai, en termes de finition, de sensations et d’érudition, le power trio israélien est bien plus proche d’un Step in Fluid particulièrement canaille, qui serait Funk-addict au dernier degré, et fan extrémiste de Tom Morello… Cette dernière affirmation, le morceau-titre (on y revient déjà) tient à la souligner avec évidence dès la barre des 1:40. Car oui, vous l’aurez compris : cette compo est un beau résumé, pas exhaustif-mais-presque, de tout ce que le groupe peut offrir.
Mais ne vous inquiétez pas, on ne va pas se fader les 9 compos au microscope. Car l’album est un ensemble solide, qui doit se déguster comme tel, dans son intégralité. Certes, j’aurais peut-être une préférence pour la face A – « Number 5 » inclus, vu que c’est l’un des tous meilleurs titres – à laquelle j’ajouterais le superbe (quoiqu’un poil long) « Crocodile Skin ». Pour autant, nulle raison valable de faire des impasses, ici. Car on trouve des merveilles, ainsi que d'incessantes variations chromatiques, parsemées un peu partout sur la tracklist. Tels ces subtils accents orientaux sur « Nasrallah ». Telles ces saccades légèrement typées Meshuggah sur le dernier quart de « HaMAniac MeRishon ». Ou telle la jolie schizophrénie d'un « Karnabit » (… un jeu de mot peut-être ?) qui mêle gouaille à la Infectious Grooves, basse barbelée, langueurs Stoner, et détours presque Math Rock. Sans oublier les faux airs occasionnels de « Funky Town » sur « Number 5 ».
Pouvait-on espérer mieux comme premier album Funk Metal de 2025 ? Je ne crois pas. D’ailleurs, en sortant ce skeud de la main droite en mars, Hadar s’est limite tiré une balle dans le pied gauche – Planet G, le nouvel album des Dazy’s Fasulia, étant quant à lui prévu pour mai. C’est qu’il pourrait bien lui faire de l’ombre… On en reparle sous peu.
La chronique, version courte : une longue et brûlante éjaculation Funk Metal instrumentale vécue – comme il se doit – avec une douloureuse grimace de plaisir en travers de la bouille… Voilà ce que va provoquer Maktazith une fois que celui-ci aura pénétré vos oreilles. On n’en attendait pas moins d’un side-projet d’Hadar Levi, le guitariste de Dazy’s Fasulia, ce grand amateur de Tom Morello et des Red Hot n’aimant rien tant que les bonnes grosses disto’s bien appétissantes, les bons gros riffs bien gras, et les bons gros boules qui se dandinent dans un déferlement de dopamine, d’endorphine, de sérotonine et d’ocytocine.
8 COMMENTAIRES
Fabrice le 28/04/2025 à 09:09:28
Bonjour, super site! mais ont peut commander où leur album en cd j'ai cherché mais nada ! Merci pour la réponse.
cglaume le 28/04/2025 à 09:14:38
Je demande à Hadar et je te dirai...
cglaume le 28/04/2025 à 09:46:06
Il semblerait qu'il n'y ait pas du tout de support physique pour le moment, désolé !
cglaume le 28/04/2025 à 11:07:14
A la question de savoir si c'est prévu dans le futur : "Hahah we need more people that go ask for it and then maybe..." 🙂
fedaykyn le 28/04/2025 à 15:33:08
Encore une fois bonne pioche. Un cd je ne serai pas contre également (en vinyle, la pochette étant ce qu'elle est, on s'en passera). En revanche, il faudra m'expliquer le parental advisory pour une musique instrumentale et digitale...
cglaume le 28/04/2025 à 15:48:27
Je suppose que c'est parce que c'est le genre de disque qui colle au sopalin ? 😁
Aldorus Berthier le 30/04/2025 à 05:12:40
L'occase peut-être de l'acheter pendant le Bandcamp Daily tous les premiers vendredis du mois, pendant lequel les groupes décuplent leurs royalties ?
J'dis ça, eh, j'dis rien !
cglaume le 30/04/2025 à 06:51:21
Trop tard : déjà acheté 😅
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