Carnation - Cemetery of the Insane

Chronique CD album (19:40)

chronique Carnation - Cemetery of the Insane

Si en Belgique on ne choisit pas entre Moules et Frites, ni entre Lambic et Trappiste, au niveau humain par contre le pays reste profondément écartelé entre une moitié wallonne francophone et son pendant flamand néerlandophone. Et c’est peut-être pour montrer, à son humble niveau, dans la bulle death old school, qu’il n’y a pas de malédiction belge en matière de mixité culturelle, que Carnation a décidé de mélanger étroitement l’école « Death suédois fangeux » et la chapelle « Zombie Death US » dans une orgie de Groâârgl et de guitares baveuses.

 

Bon, c’est sûr: sur Cemetery of the Insane, la formation d'outre-Quiévrain commence sa démonstration tranquillou, sur seulement 5 titres pour à peine 20 minutes de traversée des catacombes. Mais, par ce couplage collé-serré de 2 scènes entre lesquelles peu de ponts ont été jetés finalement, le groupe réussit efficacement à faire entendre sa voix et sa différence (... m'enfin sans pour autant révolutionner quoi que ce soit, hein: on cause "old school" ici). Démarrant sur « Explosive Cadavers » dans un mode Lovecraftian Death peuplé de goules à T-shirt Entombed, le combo rééquilibre rapidement la donne à l’aide d’un growl nuancé de cette catégorie de glaires qu’on retrouve par pleines cuillères à soupe dans la gorge de G. « Corpsegrinder » Fisher (Cannibal Corpse saison 2). Et si les guitares ont clairement les 2 pattes lestées de grosses snowboots en plomb grésillant – façon Sunlight Studios –, les breaks et autres accélérations qui dynamisent le titre ont la nuque épaisse des cheptels ricains.

 

Sur le morceau titre, le centre de gravité stylistique se déplace légèrement du côté ouest de l’Atlantique avec un Horror death musclé qui, ce coup-ci, pour symétriser un peu la chose, s’offre le genre de break et de solo qu’on a plutôt l’habitude d'entendre au milieu des marécages des pourtours de Stockholm. Puis « The Rituals of Flesh » affiche sa dualité de manière encore plus frontale en démarrant sur un GROS clin d’œil au « Soon To Be Dead » de Dismember, suivi rapidement par un changement de cap vers la simple brutalité d’un death US trapu… A nouveau coupé par un break atmo-bourbeux suédois!

 

Mazette, on n’aurait pas le cœur bien accroché – et, surtout, le mélange ne serait pas aussi bien réalisé – on pourrait facilement se choper le mal de mer!

 

« Delusions of Power » continue sur un pur hommage à Cannibal Corpse, avant de laisser la place au très chouette « The Great Deceiver » qui, une nouvelle fois, marie les 2 mondes en grandes pompes. Petit anachronisme (parce que ça ne se fait pas dans le monde de l’old school ces choses-là, voyons!), le titre se termine sur un passage de gros blast libérateur lors duquel un bon vieux cri aigu vient renforcer encore l’impression de « hors sujet »... Mais un hors sujet qu’il est sacrément bon hein!

 

Du coup, si votre incurable schizophrénie vous pousse à apprécier à la fois les métissages juteux et la "pureté old school" du death metal de tradition, Carnation devrait illuminer votre séjour à la Clinique des Oreilles qui Déraillent... 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte:  des belges qui se vautrent avec délectation dans le death old-school suédo-américain, voilà la formule gagnante de ce 1er EP de Carnation qui jette un pont entre les serial killers de Cannibal Corpse et la Chose des Marais du père Entombed.

photo de Cglaume
le 23/03/2015

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 23/03/2015 à 19:14:06

Suffisamment délicat pour moi ça.

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 24/03/2015 à 05:46:14

"flamands néerlandophones" - ben juste néerlandophones en fait. Par contre Wallon -francophone, c'est juste, parce que Wallon, c'est aussi germanophone pour 75 000 personnes qui ont droit à leur statut de minorité protégée.
ne me remerciez pas - -

cglaume

cglaume le 24/03/2015 à 07:06:40

Merci pour cette séquence "Deep into le plat pays" Eric ;)

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