Belore - Eastern Tales

Littérature & Metal.

Voilà une union et un face-à-face qui, s'ils sont bien digérés et exploités, donnent des résultats des plus féconds, des plus marquants.

Je m'en suis rendu compte, par exemple, lorsque j'ai chroniqué la dernière trilogie des Suisses d'Aara qui s'est adossée sur Melmoth, le pavé gothique du début du XIXe siècle signé Charles Robert Maturin.

Je m'en suis rendu également lorsque j'ai provoqué, à l'occasion de la Seisach' Metal Night #4, en octobre dernier, une rencontre avec Ben de The Great Old Ones autour de la grande porosité entre l'œuvre lovecraftienne, la musique et la bande dessinée.​​ La Seisach' m'a également permis de rencontrer Tara Lennart, critique littéraire freelance et autrice du blog Bookalicious. Et n'a-t-elle pas eu la bonne idée de créer un podcast intitulé Noir d'encre et reliant musiques extrêmes et littérature, ses deux passions : "Le Metal est un véritable vivier d'influences littéraires multiples". Pour inaugurer la série, elle s'est entretenue avec Alexandre Ardisson, alias Aleevok, musicien connu pour sa participation aux concerts de Darkenhold et fondateur en 2019 du groupe de Black Metal épique et atmosphérique Belore. Au menu inspiration, création, musique et... bien sûr littérature ! Et pour cause : Tolkien est l'horizon culturel majeur et indépassable de ce projet solo devenu depuis peu une entité live depuis les renforts de Charles Videau à la batterie et d'Ederiel et Wÿntër Ärvn (ex Aorlhac) aux grattes. 

Le monde de Belore, un monde tolkenien

Sorti en avril dernier chez le label allemand Northern Silence Productions, Eastern Tales est le troisième long-format de Belore qui colle parfaitement au cahier des charges défendu depuis l'origine du projet, à savoir une rencontre inspirée entre Medieval Fantasy, ôde à la Nature et périples dans des contrées imaginaires. Ici, au cours de ces 7 titres, dont deux instrumentaux, frôlant les trois quarts d'heure, ce voyage - à travers ses samples nourris (sifflement d'oiseaux), ses orchestrations (usage prononcé des instruments à vent), son chant clair et plus encore ses parties de clavier décomplexées et éclatantes, Belore nous transporte vers le paysage verdoyant et le cadre apaisant de la Comté. D'accord, d'aucuns auraient sans doute préféré arpenter davantage les pentes crasseuses du Mordor. Dans ce cas, cela n'aurait pas forcément été du Belore, même si ce dernier sait défourailler et croiser le fer quand il le faut (5e-6e minutes du très beau "Battle for Therallas").

Bien que plaçant ses pas dans ceux de formations qu'il est aisé de convoquer comme Summoning, Caladan Brood, Saor ou Moonsorrow, le projet d'Aleevok n'en est pas un pâle épigone. Au contraire, Belore trace son propre chemin. Et solidement. À l'image du dernier titre ''The Rise of a Sovereign''... une absolue merveille qui méritera à lui seul que vous vous y attardiez ! Quel souffle ! Quelle émotion ! Quel élan épique s'en dégage ! Comme dans le reste de ce Eastern Tales d'ailleurs...

Seisachtheion

le 26/04/2024