Deicide - Banished by Sin

Chronique CD album (38:59)

chronique Deicide - Banished by Sin

Cela fait 35 ans que Deicide s’obstine à vouloir fesser le petit Jésus cul nul sur la place publique. Et il le fait avec une abnégation et un premier degré qui forcent le respect. Ou pas, quand on réalise que la ferveur ressentie à l’écoute des morceaux récents n’a a priori plus trop d’ancrage dans la vraie vie de ces vieux briscards, leur christophobie étant surtout devenue un gimmick qu'ils ont tout intérêt à faire perdurer, pour la vitrine. Du reste, quand on regarde la vidéo de « Sever the Tongue », on y découvre un Glen Benton plus bouffon que terrifiant, plus Abbath que psychopathe. Par ailleurs, rien de bien nouveau à se mettre sous la dent quand on lit la tracklist de ce 13e album, « Bury the Cross... with Your Christ », « Failures of Your Dying Lord » ou « Faithless » sentant le soufre tiède et le sabot usé. Pompon pas folichon sur le démon : quand on y regarde de plus près, il semble vraisemblable que la nouvelle pochette ait été générée par une I.A…

 

… C’est un peu le Diable qui y perd de son âme !

(ce qui, il est vrai, respecte une certaine logique)

 

Certes, on s’était fait heureusement surprendre par un Overtures of Blasphemy délicieusement bestial, en 2018. Mais le premier abord de cette cuvée 2024 semble annoncer que cette fois, le Glenou va la mettre à côté…

 

C’est du moins ce à quoi ressemblaient mes réflexions en calant Banished By Sin sur la platine.

Et le rappel à l'ordre n'en fut que plus cinglant !

 

Car Deicide cogne toujours aussi vertement, menace toujours avec la même ferveur acido-basaltique, et garde toujours cette véhémence, cette méchanceté, cette brutalité dont on se fout de savoir si elles puisent vraiment leur source au fin fond des enfers ou dans un calcul cynique et bassement marketing, tant elles sonnent convaincantes ! Et puis ces riffs Maman : secs comme les coups de trique d'un faune vilainement lubrique !

 

Alors certes, avec une personnalité aussi forte et un champ d’action aussi restreint, dur de ne pas provoquer quelques sensations de déjà entendu (cf. « Doomed To Die », « Ritual Defied », « I Am I... a Curse of Death », ou l’artistiquement paresseux « Bury the Cross... with Your Christ »). Mais rien à faire : il se dégage d’une grande majorité des 12 morceaux nouveaux une classe formidablement noire et un nihilisme à la fois arrogant et aristocratique qui annihilent tout début de volonté de casser du sucre sur le dos de ces vieux renards du Death – dont la troupe s’est en partie renouvelée avec l’arrivée à la guitare de Taylor Nordberg, également membre de Inhuman Condition, et poto de Rogga Johansson qu’il épaule au sein de Ribspreader et Eye of Purgatory (... fin de la parenthèse line-upesque).

 

Mais ce n’est pas uniquement grâce à leur aura maléfique que les Belze-boys continuent de nous séduire. En effet, ceux-ci nous ont également ménagé quelques (relatives) surprises, et mitonné quelques puissants nouveaux tubes qui devraient pousser les âmes les plus festivement damnées à se scarifier fiévreusement sur le deathfloor. Au titre des surprises, on note une tonalité occasionnellement plus Black Metal, la chose se manifestant notamment via cette sombre lead qui agite son noir drapeau à l’arrière de « Sever the Tongue » (rendez-vous à 0:33 pour la première occurrence), ou cette profondeur glacée qui se fait sentir par moments sur « Faithless ». Cette même tendance pousse d’ailleurs le refrain de « Woke From God » à exprimer une certaine mélancolie qui ne dépareillerait pas sur un album de Dissection. Le riff « tondeuse » qui ouvre le morceau-titre nous prend lui aussi par surprise, ainsi que cette lead planante, presque contemplative, qui remplace le solo syndical sur « I Am I... a Curse of Death » (cf. après le rire sardonique, vers 1:30).

 

... Je vous parlais également de « hits », et c’est bien là le mot qu’il faut utiliser pour traduire (en pensant à la signification du mot en Anglais) l’impact de ceux-ci sur l’auditeur. Ils sont nombreux : « From Unknown Heights You Shall Fall », « Sever the Tongue », « The Light Defeated » – ce dernier s’avérant moins fulgurant, mais bénéficiant d’un long solo final, très volubile, à la Santolla. Certains d’entre eux s’avèrent plus particulièrement marquants : « Faithless », et son début dark mélo, qui administre par la suite de furieuses et incessantes baffes à l’auditeur, en mode bourrasques. « A Trinity of None », qui démarre la trique au vent, conquérant, inarrêtable, définitif. Il aurait d’ailleurs mérité de conclure l’album pour que le rideau tombe sur une dernière claque magistrale. Mais sur le trône de 2024, celui qui règne sans partage s’intitule « Woke From God », buterie ultime aussi houleuse que mélodique, remontée comme un suppôt de Satan avant l’assaut rectal, plein de guitares qui cisaillent, de légions qui fulminent et d’excès de vitesse brûlants. Bon dieu, quelle marque éclatante de génie malfaisant ! Quel coup de tampon définitif en bas du pacte passé avec le Malin !

 

Massif, implacable, irréductible, irréprochable (… ou presque) : ce dernier Deicide est tel que peu l’auraient imaginé – parce que, rappelez-vous, maintenant que le cap du demi-siècle est largement derrière eux, les gugusses sont censés être des darons assagis et titulaires d’assurance-vie… Ils sont peut-être cyniques, il se foutent peut-être de la trogne de fans crédules décorés de pentagrammes en plastique, ils préfèrent sans doute le whisky et les hamburgers que les menstrues de nonnes et les brochettes de testicules de moines : pourtant Glen Benton et ses sbires continuent de proposer un Death Metal méphitique de très grande classe et d’une brutalité sans concession.

… Et ça, quelque-part, ça leur confère un petit quelque-chose de divin !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : peut-être bien que les grands-prêtres du Satanic Death Metal ont de la brioche et du cynisme à revendre, n’empêche, c'est incontestable : Banished By Sin surbute ! Le 13e album de Deicide est en effet toujours aussi brutal, toujours aussi implacable, toujours aussi sec et méchant… Et toujours aussi « divinement » inspiré, ainsi que « Faithless », « A Trinity of None » et surtout « Woke From God » le démontrent avec un aplomb superbe et un panache démoniaque.

 

 

 

photo de Cglaume
le 18/04/2024

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/04/2024 à 22:28:34

Dis donc oh ça fait envie !

cglaume

cglaume le 19/04/2024 à 23:01:13

Plus que 8 jours à attendre :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 26/04/2024 à 17:47:34

Ah oui je n'y croyais pas mais il fait un sacré job.

cglaume

cglaume le 26/04/2024 à 20:45:53

Homme de peu de foi… (j’avoue que c’est de circonstance en même temps 😁)

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