No Terror In The Bang - Heal

Chronique CD album (45:47)

chronique No Terror In The Bang - Heal

“No Terror in the Bang” dites-vous ? C’est à dire ?

On ne risque pas de bad trip en tirant quelques bouffées de votre pipe à eau ?

Le groupe de Scott Vogel n’est pas le bienvenu dans vos ‘touzes Hardcore ?

 

Non, le message que ce groupe de Rouen a voulu mettre en avant sur son fronton est emprunté à Alfred Hitchcock, celui-ci ayant apparemment dit « There is no terror in the bang, only in the anticipation of it. » pour indiquer que dans un film, le max de la flippette n’est pas atteint lorsqu’un évènement particulièrement redouté se produit, mais plutôt juste avant, lors de la phase d’anticipation dudit évènement. On nous signifie ainsi que :

- No Terror in the Bang aime faire monter la pression, parce que c’est ça qu’c’est bon les copains (… les préliminaires, parfaitement, depuis le temps qu’on vous le dit !)

- le cinéma fait partie intégrante de l'univers de ces Français, cette vérité se vérifiant à intervalles très réguliers tout au long des dix titres de ce 2e album

Mais tenons-nous encore un instant à distance, afin de mieux observer à quoi cette formation ressemble de loin. En se focalisant notamment sur le lettrage utilisé pour écrire son patronyme. Vous constatez quoi ? Un R auquel on a fait subir un retournement horizontal – comme chez KoЯn, parfaitement. Un A ayant quant à lui subi un retournement vertical, parce que pourquoi pas après tout. Et un O qui, si ça se trouve, a lui aussi subi un retournement – de toutes façons vous ne pouvez pas affirmer le contraire. Tout cela dans quel but ? Spéculons... Indiquer que le groupe souhaite s’inscrire un peu en marge, dans une démarche légèrement décalée – le clin d’œil en direction de Jonathan Davis pouvant au passage servir à souligner la dimension partiellement Neo Metal de la musique des loustics.

 

« Partiellement » seulement, parce que nos amis offrent bien plus que cela – ainsi que tente de l’indiquer l’étiquette stylistique inscrite tout là-haut, au sein du champ « STYLE ». Dans des proportions plus ou moins égales, nos amis mêlent en effet Neo, Metal « moderne » tel que la Klonosphere le promouvait dans la 2e moitié des 2000s, Metal progressif, Djent, Electro Metal, et ambiances cinématographiques. Et effectivement, No Terror in the Bang peut être envisagé comme une version sophistiquée – une « version Telerama », oui, pourquoi pas – de la Nébuleuse d’HIMA. Ou comme un Akphaezya plus violent, plus moderne, moins Nawak. Ou encore comme une version Alternative/Nü Metal d’un Textures à chant féminin. Sans oublier quelques similitudes avec Sybreed, quand les machines s’en mêlent plus ostensiblement. Un drôle de groupe hybride, donc, à la fois élégant et vindicatif, délicat et sinueux – joliment complexe en somme, ce qui n’est pas étonnant quand on apprend qu’au sein de ses rangs figure Alexis Damien, Mr. Pin-up Went Down. On n’a d’ailleurs aucune difficulté à imaginer Asphodel à la place de Sofia Bortoluzzi, même si cette dernière n’a nullement besoin d’être remplacée tant elle brille de mille feux derrière le micro.

 

Au sein de Heal sont entremêlés coups de sang growlés, parenthèses narratives, saccades impitoyables et atmosphères féérico-gothiques. Furie moshy et sombre poésie. Caresses et coups de griffes. En règle générale, le résultat s'avère particulièrement savoureux, les agressions auriculaires et autres trips accidentés étant contrebalancés par autant d'éclaircies lumineuses et de coulées de miel et de vin mélangés. L’auditeur navigue donc pendant trois quarts d’heure entre contrastes experts et clairs-obscurs savamment étudiés. Quand les astres sont alignés, cela aboutit à de superbes climax, parmi lesquels « King With No Crown » (doué d’un refrain aux magnifiques tresses vocales), « Insolent » (dont on adore le tapping ascendant, à 2:32), « Retch » (traversé de stridulations électroniques à la Igorrr) et mon petit préféré, « Lulled by the Waves », qui, par moments, s’envole très haut, à des altitudes si vertigineuses que le regard y embrasse un horizon devenu légèrement courbe.

 

Néanmoins l’on ne peut résumer cette chronique qu’à hourras et bravos. Car l’approche « clair-obscur » produit parfois des résultats en demi-teinte – ce qui n’est pas illogique, vous noterez. On a en effet parfois l’impression que certaines compos restent coincées entre deux, ni vraiment ici, ni vraiment là-bas, sans positionnement ni fil de conducteur net – comme si elles se paumaient en route, et nous avec. Le morceau-titre est assez représentatif de cette impression frustrante. On ajoutera à cela la conséquence logique de l’approche cinématographique adoptée par le groupe : les coupures narratives, plus axées « ambiances » que « musique », font un peu trop souvent retomber la pression. Ceci et cela expliquent pourquoi, bien qu’en apparence étincelant, cet album semble suggérer qu’il existe des axes d’amélioration le long desquels on espère voir le groupe progresser dans le futur.

 

N'empêche, s’il fallait résumer en un seul mot la sensation qui prévaut durant l’écoute de Heal, on arrêterait de tortiller du verbe pour s'en tenir à celui-ci : « kiff ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : sur son deuxième album, No Terror in the Bang l’affirme bien haut : il n’est pas de ces groupes qu’on peut cataloguer en un claquement d’étiquette. Quelque-part entre la Nébuleuse d’HIMA, Akphaezya, Textures, voire même Sybreed, le groupe entortillonne ses compos en un mélange Modern Prog / Néo / Alternatif / Djent cinématographique tout en clairs-obscurs, violence nuancée, et subtiles détours. On pourrait aussi se contenter de dire plus simplement que Heal est un grand coup de boule métallique, mais parfumé à la violette, et filmé au format IMAX.

photo de Cglaume
le 19/04/2024

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