Carnation - Cursed Mortality
Chronique CD album (35:16)

- Style
Mel-OSDM à la suédoise - Label(s)
Season of Mist - Date de sortie
3 novembre 2023 - Lieu d'enregistrement Project Zero Studio
- écouter via bandcamp
Alentours de la machine à CoreAndCafé. Lapin trie son courrier. Crom-Cruach sirote un potage tomate / basilic. El Gep tente de passer inaperçu en imitant le ficus vulgarus (ça marche moyen vu qu’il a oublié de mettre une veste Truffaut à la place de son T-shirt Melvins)…
Lapin, excité comme une puce : « Chouette : de l’OSDM nouveau proposé par Season of Mist ! »
Crom-Cruach, goguenard : « Carnation ? Tu fais dans la seconde division tiédasse toi maintenant ? »
El Gep, immobile : « … »
… Aïe : pris en flagrant délit de me cacher derrière un collègue pour faire passer un message négatif. C’est d’autant plus lâche qu’au lieu d'en arriver à d'aussi peu reluisantes extrémités, il n’y avait qu’à glisser subrepticement un lien vers la chronique de Where Death Lies pour que le lecteur curieux se retrouve nez à nez avec 1) un 7/10 timide et 2) un « c’est du Death old school typique: vraiment sympa, mais pas super mémorable » poli, équivalent conclusif du « que des candidats atypiques » laissé par la célibataire dépitée au sein du rapport de satisfaction rendu au terme de la séance de speed dating – « non mais vous avez vu la gueule de ces gros nazes ? » aurait été plus honnête, mais pas super classe...
Parce qu’on ne va pas se mentir : sur leur deuxième et ex-dernier album, les Belges de Carnation pratiquaient, il est vrai, un mélange efficace de Death mélo à la suédoise, de Swedeath marécageux et d’effluves floridiennes… Efficace, mais peu susceptible de nous pousser à nous lever la nuit pour aller en cachette nous en écouter une tranche supplémentaire. Cool, mais pas killer, quoi.
Sauf que, attention les copains, rebondissement inattendu : après 10 ans à envoyer du riff croûteux et du growl grumeleux, les gus se sont dit qu’ils goûteraient bien de nouveaux parfums pour une fois, et que pour ce faire ils tuneraient bien leur arc, histoire d'y ajouter quelques cordes supplémentaires. Aussitôt dit, aussi tofu : et vlan, un nouveau logo plus tranchant. Et bam, une pochette plus « mystérieuse »– dont le format rappelle étrangement les opus de Coroner (… mais si, cette bande noire verticale !). Et ch'bim, un nouveau look de scène (quoi ? On s’en fout ? Ah, vous aussi ?).
… On peut dire qu'ainsi leurs velléités de changement sont clairement affichées ! Superficiellement, oui, mais clairement.
Mais attention : au niveau de la zic aussi, hein, ça bouge. Un peu, si, quand même... Car on entend du chant clair sur pas moins de deux morceaux. Et puis quelques nappes de clavier, également, si on tend bien l’oreille. Ainsi qu’un peu plus de mélanco-mélodies. En revanche adieu – ou presque – les traces de chromosomes ricains, les studios Morrisound ayant clairement été snobés au profit des non moins célèbres Unisound.
Et vous savez quoi ? Plutôt qu'à une révolution susceptible de hérisser les réfractaires aux revirements stylistiques, ce que Carnation a effectué sur Cursed Mortality s'apparente à une évolution naturelle. Tellement naturelle qu’elle est en tous points semblable à celle effectuée par Edge of Sanity quand il est passé du Death mélo à la suédoise de Purgatory Afterglow aux 40 minutes extrêmement léchées d’un Crimson nettement plus progressif. Si si, c’est comme on vous le dit. Sauf que la transition est sans doute ici moins radicale, car les 40 minutes des Belges n’en durent que 35, qu’elles sont découpées en huit pistes, et que le ton reste parfois sévèrement burné, comme sur « Metropolis » par exemple, qui rappelle un Bloodbath tout vénère.
De mixologue concevant ses titres OSDM en piochant tantôt à Stockholm, tantôt à Tampa, Carnation est donc devenu un disciple doué du groupe-phare de Dan Swanö – rejoignant pour l'occasion Eye of Purgatory, Aeveron, Demiurg & co dans leur club très fermé… Tantôt majestueux et délicat tel que pouvait l’être Edge of Sanity quand il flirtait avec Opeth (cf. le morceau-titre), tantôt aussi inexorablement lourd qu’une version mélancolique du « Eaten » de Bloodbath (encore eux ? – cf. « Submerged in Deafening Silence »), tantôt à cheval entre virulence et mélodies juteuses (cf. « Cycle of Suffering » – et d’autres), tantôt épaulé par une célébrité (Andy Larocque sur « Herald of Demise »), les Belges ne sont jamais aussi bons que lorsqu’ils lâchent les chevaux conquérants d’un Death mélo embrassant les plus lointains horizons (cf. le tube « Dutroux »... dont le titre semble évoquer une certaine forme d’artisanat local).
Alors, convainquant ce « revirement » ? Oui, pour peu qu’on aime Edge of Sanity – celui de Purgatory Afterglow et Crimson – et Bloodbath. Tout n’est certes pas complètement reluisant sur ce 3e album (cf. un « Replicant » geignard à la tension vraiment faible), mais on se laisse envahir par un enthousiasme sincère quand tonnent les trompettes de « Dutroux » (…mais où est donc la contrepèterie ?) et que retentissent les sirènes de « Metropolis ». Et l’on laisse donc Carnation remonter de quelques points dans notre estime, histoire qu’il puisse aller toquer à la porte de la première division, des fois qu’une bonne âme accepte de lui ouvrir.
La chronique, version courte : attention, attention, Carnation a changé de logo, d’identité visuelle, et de look, déployez le bouclier anti-aérien, descendez dans les caves !! Non, non, pas de panique : les Belges se sont juste recentrés sur le Death old school de Bloodbath et Edge of Sanity, se permettant pour l’occasion quelques incursions progressives telles qu’on peut en trouver sur Crimson. Et cette orientation relativement nouvelle permet – joie, épanchements enthousiastes, paillettes dans les yeux – d’accoucher de compos plus mémorables que celles proposées sur Where Death Lies.
8 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 30/10/2023 à 20:09:00
Mel-OSDM ? Kezako ? L'intro de la kro est comme ac. En mode situationniste.
cglaume le 30/10/2023 à 21:09:52
Melodic OSDM.
J’ai trouvé Mel-OSDM plus efficace 🙂
el gep le 30/10/2023 à 21:37:18
_ ...
Crom-Cruach le 30/10/2023 à 22:14:08
Il faut peser le pour et le contre entre l'efficacité et l'imbitable. Balance à laquelle je ne m'adonne que très rarement.
Black Comedon le 07/11/2023 à 12:29:16
Bon album, mais qui a le temps de perdre son temps à écouter de bon albums, avec tout les très bons disponibles ?
J'entend du Blood Bath jusqu'au dernier morceau où là OUI Edge of sanity pointe le bout de son nez.
cglaume le 07/11/2023 à 12:57:41
« Bon album, mais qui a le temps de perdre son temps à écouter de bon albums, avec tout les très bons disponibles ? »
Amen. On vit une belle époque - de ce point de vue
el gep le 07/11/2023 à 13:31:27
Il faut savoir perdre son temps à écouter de bons albums car parfois, un très bon album peut finalement en surgir.
L'immédiat et la rapidité sont les ennemis de l'art, et entre autres conneries je pourrais ajouter qu'il faut aussi risquer d'écouter du mauvais pour le que le bon ait un sens.
cglaume le 07/11/2023 à 14:11:08
Je souscris également à cette façon de penser.
Je suis schizophrène et vis dans un multivers 😅
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