Carnation - Where Death Lies

Chronique CD album (40:37)

chronique Carnation - Where Death Lies

Quand l’email vantant les mérites du 2nd album de Carnation a atterri dans ma boite mail, j’étais dans les conditions habituelles du chroniqueur pas-désabusé-mais-vieux-routard-quand-même face au petit groupe plein d’ambition qui prétend savoir accommoder les vieux restes moisissant dans le frigo du Death old school avec plus de talent que ses nombreux voisins: pas dupe, mais prêt à leur donner leur chance. D’autant que ma vieille carcasse partage avec ces Belges le goût des pochettes signées Dan SeaGrave – ce qui ne semble pas être le cas de celle affichée ci-dessus, bien que le style ne laisse pas de doute quant aux influences de l’artiste à l'œuvre.

 

Alors voyons voir…  A priori les gars ont déjà roulé leur bosse. Une tournée au Japon, une autre au Brésil en compagnie de Pestilence, des festoches comme le 70.000 Tons of Metal et l’Alcatraz, le tampon Season of Mist en bas à droite, le tampon Jens Bogren / Fascination Street pour le mastering en bas à gauche… Diantre, et je n’en avais pas entendu parler jusque-là?! Ah mais attends: il semblerait que j’aie chroniqué Cemetery of the Insane, leur tout premier EP, sorti en 2015... Sans en avoir plus aucun souvenir!?? Il semblerait bien qu’ils ne m’aient pas marqué au fer rouge les bougres, haha (… ne pensez même pas à évoquer Alzheimer, bande de sauvageons!).

 

En 2015, donc, – ainsi que sur son deuxième album datant de 2018 si j’en crois les papiers relatant la chose – Carnation jouait au Docteur Moreau en croisant le Death boucher-charcutier de Cannibal Corpse avec le Swedeath égoutier de Entombed. Le mariage était fort goûtu, mais pour autant je n’avais ajouté aucun des titres dudit EP à ma compil’ des morceaux-qui-tuent-la-mort-et-plus-si-affinité. Cinq ans plus tard, La Nation Automobile (ah, c’est pas le sens de Car Nation?) a mis de l’eau dans son Canniboule: si nombre de compos gardent ce côté sec et bovin qui évoque les vieilleries made in Tampa (Brutality, Monstrosity et leurs amis), on n’a plus aussi franchement l’impression que George "Corpsegrinder" Fisher déboule dans le salon quand Simon pousse la chanson. Pour tenir compagnie aux Grands Anciens qui égayaient les cimetières des alentours de Stockholm au début des 90s, Carnation a installé dans sa nouvelle collocation quelques seconds couteaux européens (Benediction, Gorefest) ainsi que – « surtout » même – la frange la plus mélodique du Death old school scandinave. Du Hypocrisy un peu, et du Edge of Sanity beaucoup, nombre de passages faisant penser aux moments les plus couillus d’albums comme The Spectral Sorrows et Purgatory Afterglow. Et dans quelques-uns de ces moments où la hache est brandie et les muscles saillent (sur « Malformed Regrowth » ou « Reincarnaion » par exemple), les Belges marient la fougue des vieux Amon Amarth avec le casque de viking de Unleashed (d’ailleurs Where Death Lies n’est-il pas un clin d’œil à Where No Life Dwells?). A noter encore une attaque plus nettement Black / Thrash aux deux extrémités de « Malformed Regrowth », qui devrait plaire aux amateurs de riffs-bourdons-furieux.

 

Ça c’était pour la description formelle de la tambouille belge. Maintenant qu’en est-il du ressenti de ce lapin jaune qui prétend juger les pauvres petits groupes sans défense? Eh bien le Death old school métissé de Carnation est fait avec goût et savoir-faire: quelques solos sont particulièrement savoureux (tiens, à 2:43 sur « Iron Discipline », la rythmique participant fortement à mettre la lead en valeur), le growl est profond et rocailleux, et quelques passages & morceaux font plus particulièrement frétiller du tympan (et là c’est « Serpent Breath » qu’il faut citer, définitivement la réussite de l’album, en mode « sprint mélo-swedo-gros-biscotos »). Malheureusement, il y a un « Mais ». Voire deux. Tout d’abord un dernier morceau inutilement long, avec un gros boulet au pied qui freine l’allure sur la première minute et demie, et deux dernières minutes en eau de boudin tiède qui se concluent sur un fade out un peu facile sentant le réchauffé. Mais le plus gênant c’est surtout que, quand on analyse l’impression globale qui nous reste après de nombreuses écoutes de l’album, on est obligé de constater que si la bienveillance prévaut face à cet hommage sincère « au bon vieux temps », on ne perçoit ce skeud que comme un anonyme de plus dans la foule de l’old school, le côté générique de l’exercice empêchant d’impressionner durablement l’auditeur. En même temps, c’est vrai: on a l’habitude de rester sur ce genre d'impression quand on s’envoie régulièrement ce type de galette…

 

En un mot (ou presque), avec Where Death Lies Carnation s’impose comme un second couteau de luxe. L’album est plaisant, quoi qu’un peu trop générique. Mais vous devez savoir de quoi il retourne si vous avez l’habitude de vous baigner fréquemment dans les eaux crapoteuses du Death nostalgique…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur Where Death Lies Carnation mélange le Death scandinave mélo mais couillu du Edge of Sanity de la première moitié des 90s avec une louche de Swedeath et une pincée de Death floridien des origines. Les dosages sont savants, la recette fonctionne… Mais si le goût est très plaisant sur le moment, le lendemain on a déjà oublié la popote qu’on a dégusté la veille. Bref, c’est du Death old school typique: vraiment sympa, mais pas super mémorable.

photo de Cglaume
le 30/11/2020

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 30/11/2020 à 12:08:25

Comme leur premier, c'est du oldskull qui va bien. Mais comme tu dis pas de quoi encorner un torero.

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