CUNTROACHES - Cuntroaches
Chronique CD album (31:11)

- Style
Noisecore - Label(s)
SKiN GRAFT Records - Date de sortie
23 février 2024 - Lieu d'enregistrement Autobahn Berlin
- écouter via bandcamp
J’vous jure, c’est déjà pas de tout repos d’être fan de grindcore, alors de noisecore je vous en parle même pas. Aux acouphènes que tu traînes en permanence jusque dans tes moments de détente à la cooleuleu, tu peux rajouter le gros tas d'images bien crades qui se mettent à peupler ton imagination H24 et des rythmes de parution d’albums aptes à mettre ton impatience à plus rude épreuve qu’un marathon en plein Sahara, deux poids de vingt kilos scellés aux panards. Mais bon que voulez-vous, il faut parfois s’accepter tel que la nature a décidé de nous concevoir. Ça a même ses avantages après tout ; douze ans d’expérience en la matière et me voilà presque capable de déchiffrer les logos de ses groupes les plus bizarroïdes.
Bien évidemment, en première ligne des représentants les plus salingues du genre figurent les champions toutes catégories du trash, j’ai nommé Nos Chers Voisins les Teutons. Et ça tombe bien, nous avons pu profiter en février 2024 du premier LP d’un petit poulain de son écurie, consécutif à huit ans d’errances de bouges crasseux en mini-festivals ponctuée d’à peine une démo, un EP et un split en compagnie des non moins « « « « « fameux » » » » » (comptez bien les guillemets) Guttersnipe ; j’ai nommé les Cafards de chatte. Cuntroaches, pour les intimes. Classe, élégance et raffinement.
Le résultat se synthétise en un album éponyme d’une trentaine de minutes (rien que pour ça, on est à deux doigts d’un skeud de grind progressif quand on y pense) produit dans un chaos indescriptible de méthodes d’enregistrements extravagantes (à base de « canalisations de fosse septique arrachées à la salle de bain d’un nabab en pleins travaux de rénovation bâclés » sur l’intro de « Gravity System », revendique le groupe sur son Bandcamp) et de réarrangements black et noisy en post-prod. En apparence du gros gloubiboulga frapadinguement foutraque, et par conséquent, je confirme : une approche que même la frange la plus expérimentale du genre n’hésiterait pas à qualifier de non-conventionnelle.
De fait, la formule de Cuntroaches propose un grind aussi bordélique que convaincant. Gratte ultra-saturée, mur de batterie monolithique et basses grasses à en filer un ulcère à Garfield déversent dans les esgourdes un torrent de chaos à son plus haut degré de brutalité, avec la subtilité d’un rouleau-compresseur engagé sur une piste de bébés phoques encore tout frétillants. Grind oblige, l’obscénité se niche jusque dans l’usage le plus informe de samples bruitistes, entre cris de grillons perçants sur « Borborygmus » et larsens stridents au cœur d’« Inside Me ». Ultra raw sans verser dans la facilité, Cuntroaches s’érige en hymne à la dégueulasserie sonore rehaussée à un degré de causticité cathartique, là où un SpermSwamp bruitise généralement sa production avec une brutalité qui se contente d’une esthétique dégoulinante sans que de ses compos ne ressortent une véritable harmonie.
Je persiste, je signe, je paraphe et je souligne : être fan de noisecore, c’est pas de tout repos. Mais putain qu’est-ce que c’est kiffant.
6 COMMENTAIRES
el gep le 17/04/2024 à 10:18:48
Ouhlah je vais écouter ça mais... j'ai peur que ça me fatigue, ahah, bises !
Dark Globe le 17/04/2024 à 10:45:07
Ça aura au moins le mérite de faire apprécier le silence...
Aldorus Berthier le 17/04/2024 à 11:24:01
Le burn-out te guette un peu plus de jour en jour, mon cher el gep !
Pingouins le 17/04/2024 à 11:51:13
Oh va falloir que je m'inflige ça moi dis donc, ça a l'air bonne ambiance !
Aldorus Berthier le 17/04/2024 à 14:35:26
J'adore la manière dont nous autres, chroniqueurs musicaux, parlons de nous "infliger" l'écoute d'un album etrêmental. À deux doigts de voir CoreAndCo se transformer en donjon BDSM...
pidji le 17/04/2024 à 14:43:58
Et encore je vous passe pas tous les promos que je reçois 😂
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