Contwig - Freibad

Chronique Vinyle 12" (19:14)

chronique Contwig - Freibad

Freibad, pris mot à mot ça donne "Bain libre". Si vous voulez, c'est l'équivalent Allemand d'un ancien dispositif hygiéniste; le bain public pensé à l'époque pour éradiquer la crasse urbaine suintant des forces productives. C'est en somme la toilette collective pour la classe laborieuse qui pendant qu'elle baigne dans son jus, l'autre profite de ses privatives commodités. Difficile d'imaginer avec le recul ce niveau d'impudeur forcé. Le partage de conditions de vie commune doit quand même avoir certaines limites et n'autorise pas tout. Pourtant, c'est désireux d'éprouver une expérience de classe singulière que je m'imagine à la "Belle" Epoque, l'élan suffisamment important pour surmonter ma frilosité, rejoindre les eaux dissuasives du "Bain libre". Vous l'aurez peut être compris au travers de cette analogie un peu foireuse, il est aussi difficile de se plonger dans Freibad que de se voir frotter le dos par Jean-Mich le camarade d'Atelier.

Un avertissement majeur s'impose donc pour tous les curieux du Zine et Badauds numériques qui voudraient s'arrêter sur le dernier ouvrage de Contwig : Assurez-vous d’être a minima acculturé à l’esthétique "punk hardcore chaotique et accessoirement délétère" avant de vous jeter dans des eaux dont le niveau de turbidité n'a d'égal que son degré d'impudeur sentimentale. Et maintenant j'arrête avec les métaphores aquatiques, je vais finir par me vomir dessus et me détester au moins autant que le chanteur de Contwig ne se déteste, je reviendrai là-dessus un peu plus tard.

 

Les premières secondes de Freibad ne laissent présager rien de très réjouissant et n’augurent pour la suite que peu de complaisance pour nos oreilles et notre santé mentale. Les larsens criards introductifs annoncent clairement la couleur de l’univers torturé dans lequel officie Contwig. Les premières déflagrations, qui arriveront peut-être à vous faire sursauter comme à l’époque de vos premiers frissons Hardcore, devraient avoir raisons des moins téméraires d’entre vous. En effet, de l’endurance et de la détermination, il vous en faudra pour arriver au bout de cette éprouvante expérience affectivo-sensorielle. INTENSE les ami(e)s !!!

 

Contwig, c’est pour résumé un Hardcore chaotique qui gesticule de manière désarticulé sur des riffs disharmoniques : « Full of Rage », «  (And) Love Is Just a Single Tiny Dot », qui sait tâcher lorsqu’il s’appuie sur de bon vieux gros Breakdowns des familles, « A Sleepless Night », et qui enfin ne transige pas avec d’éventuelles concessions, excepté peut être sur le final très allégé de "With the Target on My Knife". En effet, mis à part cet écart de rien du tout, qui fait tout de même du bien et permettra à tout le monde de reprendre son souffle, l’ambiance générale que développe Contwig sur Freibad est âpre et tout simplement étouffante. Noyer que nous sommes (et merde ! ça recommence) sous les assauts successifs des musiciens et le désespoir  brut du chanteur.

Le chanteur, gratifié d’une production très à son avantage, chante la désolation et la détestation personnelle avec une intentionnalité remarquable. Ses désirs  « malsains » et sa volonté de passer à l’acte ultime s’avèrent sincères tellement il s’égosille en hurlant. Son style traduit parfaitement ses intentions d’en finir, et chacun de ses hurlements semblent effectivement être le dernier. Les autres membres participent bien sûr à renforcer cette impression. Leurs jeux et le genre qu’ils défendent sur ce Lp se prêtent très bien aux sentiments et aux émotions qu’ils cherchent à transcrire sur Freibad. Accompagnant le chanteur dans son combat à mort contre ses forces vitales restantes et transposant esthétiquement à la perfection les idées de désespoir, de désordres psychiques ou encore de décomposition de l’ego, les membres de Contwig nous racontent une histoire qui semble apriori très subjective mais qui pourtant trouve une résonance collective. En effet, qui n’a pas un jour eu le sentiment d’être étranger à lui-même ?

 

Une note en couleur pour finir : du noir, encore du noir, toujours du noir pour un Freibad plus que tourmenté… Morbide, Cathartique, Impudique mais sacrément puissant.

photo de Freaks
le 04/04/2017

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 04/04/2017 à 12:25:33

Sep': tu t'es déjà fait frotter le doc par Jean-Mich' ? C'était aussi pénible que ça ? :D

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