La Soucherie - Parasite auditif

Chronique CD album (55 minutes)

chronique La Soucherie - Parasite auditif

Avant de commencer :

-Je n'ai rien contre le rap, je ne suis pas un professionnel ni même grand amateur de cette musique, il est vrai, mais je tente de m'y intéresser. Je rappelle que cet avis est le mien, j'y expose mes arguments, tout autre avis lisible et argumenté sera intéressant à lire.

-Je ne connais pas le groupe personnellement, je ne cherche pas à clasher, bien au contraire.

-Et surtout : il faut faire un tri dans le lot de visiteurs qui arriveront au bout de cette chronique.

 

On va déjà retirer ceux qui n'ont pas ouvert la page parce qu'ils ne connaissent pas le groupe, à qui la pochette ne dit rien et pour qui la découverte n'est pas une priorité. Ensuite retirons ceux qui lisent une mauvaise note sans savoir que, peut-être, cet album pourra les attirer sur des points qui m'ont déplus.

Je vais ensuite lâcher un gros mot pour certains entre ces pages : y'a beaucoup de RAP dans cet album.

Autre gros mot pour certains : ici on hisserait presque le drapeau noir anarchiste niveau paroles.

 

Voilà, il ne reste donc que toi, rare lecteur qui pousse le vice jusqu'au bout et toi, Maman, qui lira cette chronique pour me faire plaisir.

J'ai songé à abandonner cet article, mais ma mission est de critiquer cet album qui vise à détruire les frontières entre deux styles qui ont parfois du mal à cohabiter : un point plutôt intéressant sur le papier.

 

Des exemples "historiques" montrent que des essais ont été tentés avec succès : Limp Bizkit (quoi qu'on en dise...), Bodycount (grosse réussite plus funky gangsta rap et rock/métal dans les 90's avant d'entamer une agonie depuis presque 10 ans...) ou les Rage Against the machine. Mais dans l'hexagone notamment avec la scène Frenchcore 2000, les tentatives étaient peu concluantes, incomparables à celles-ci car elles n'étaient pas aussi agressives et n'avaient pas de caractère idéologique.

 

Vulgaire, violent, le groupe n'hésite pas à jouer les méchants sur les clips et à se prendre pour des gros rebelles.

Soyons francs : le genre de personnes qu'on qualifierait  de gros blaireaux si on tombait sur une de leur vidéo.

 

Bien que musicalement on trouve des structures loin d'être inintéressantes ("Casser de l'action") ou tout bêtement efficaces ("Gêne lacrymogène" ou "Police"). Le "collectif", comme La soucherie s'auto-qualifie, doit beaucoup à ses guitares (on a même le droit à quelques soli bien exécutés sur "Souches dans la foule" ou des gros finishs métalliques sur "On défonce les portes" ou "L'éveil"). Et si le tempo ne va pas battre des records de vitesse, c'est en général pour caler au mieux des paroles et transmettre au mieux les messages. Dans des ambiances et des créations également HxC- usion osées, peut-être parfois difficiles à assimiler, on repère quelques passages bien construits.

A partir de "Représente" la confrontation des genres est plus directe entre beats et grosse guitare. Plus sombre mais clairement plus rap, la formation métal devient carrément anecdotique voire quasi-inexistante sur "Motherfucker G" et "Soucherie Unity".

Une simplicité qui gâche la recherche relativement appréciable jusqu'à maintenant... Mais là où le groupe trébuche, c'est sur le chant.

 

Parlons de la forme : 3 voix : une gangster dans le même genre de celle de Joey Starr (pour vous situer) plein de chicos qui met des "R" à la place des voyelles : le guttural du rap. On ne comprend pas toujours tout. La voix qui joue les méchants.

Une autre hardcore et une autre entre les deux, plus claire : très bavardes, très axées sur les insultes.

L'épreuve de l'appréciation passée, celle de la compréhension et du jugement des paroles va demander un effort bien plus important car rythmiquement, c'est bien fait : il y a pas mal de variations, la rencontre musicale de 3 types de voix sur deux genres musicaux offre des possibilités larges bien utilisées.

 

Maintenant, dans le fond. Virons les passages masturbatoires dans lesquels le terme "La Soucherie" (et tous les dérivés lexicaux) apparaissent (au moins une cinquantaine de fois...au bas mot).

Otons les insultes, "gros mots" en tous genres (on tombe d'ailleurs souvent sur les mêmes).

Il n'y a plus grand chose hormis les thèmes habituels de cette musique urbaine :

-La soucherie c'est les plus grands, les plus forts, ils font trop du bruit et sont ultra-novateurs ("On défonce les portes" durant lequel ils se considèrent comme "de la bombe atomique").

-Les policiers méritent tous de crever.

-Faut faire une révolution, dans leur coin c'est terrible, il n'y a rien de bien, le système c'est de la merde.

 

La Soucherie est donc une milice anti-Police, anti-fas, qui va « brûler la France », « violer Marianne » parce que, comme toutes les générations depuis des siècles, nous sommes une génération sacrifiée. Il faut se lever BLABLABLA.

La diarrhée verbale s'accompagnant parfois d'images, vous verrez donc l'innovation culturelle dont fait preuve le groupe dans sa MJC municipale (clip visible ici)

Autant d'idées que je ne creuserai pas et vous laisserai juges d'apprécier ou déprécier.

 

En achevant ce disque on a la désagréable impression que quelque chose pouvait se passer. Mais finalement, rattrapé par des clichés (le clavier de "Derniers jours"), bouffé par un nombrilisme agaçant, le collectif "La soucherie" sort un objet qui doit être défendable sur scène assez facilement (l'énergie et la passion y sont incontestables), mais imbuvable « dans le mp3 » (pour les citer).

En agrandissant son vocabulaire avec "Le petit livre des gros mots" de Gilles Guilleron (pas cher et très bien), tout cela sera peut-être déjà moins lassant.

En cessant de se mettre en scène dans chaque couplet, en oubliant ce folklore qui consiste pour un groupe à s'adorer, La soucherie pourra peut-être briser ces barrières culturelles que le collectif pense avoir déjà défoncées.

 

55 minutes durant lesquelles on trouve quelques bonnes choses pleines d'espoir pour la suite, en souhaitant un jour les placer entre les cd's cités au début de la chronique...

55 minutes durant lesquelles, à ce jour, on les placerait presque à côté de Booba et Truands de la galère pour d'autres aspects.

Une affaire complexe plutôt intrigante, bien que la finalité soit très décevante mais à suivre... Et à écouter puisque l'album est en téléchargement gratuit  ou disponible en cd à prix libre pour vous forger une opinion.

photo de Tookie
le 17/05/2011

3 COMMENTAIRES

NIP

NIP le 18/05/2011 à 21:38:35

Détesté, et je suis autant amateur de Hip Hop que de NYHC ou de Death, mais je lui mettrais plus que 3 non plus.

Cobra Commander

Cobra Commander le 19/05/2011 à 09:14:57

C'est la Boucherie d'Alain Souchon?

J'ai écouté, j'ai tenu 10 secondes.

Tookie

Tookie le 19/05/2011 à 09:38:56

Bah si j'avais été méchant j'aurai pu dire que leur album est un parasite auditif...mais je ne l'ai pas dit.
Ecoutez plutôt le dernier Beastie Boys (rien à voir mais tellement bien)

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