Marmozets - Knowing what you know now

Chronique CD album (45:00)

chronique Marmozets - Knowing what you know now

En 2014 sortait la PS4, raison pour laquelle Marmozets n'a pas eu l'honneur d'un article sur CoreandCo pour son excellent premier album.
 

Dans le rock, les anglais ont toujours eu un certain sens de la famille puisque pour 5 membres chez Marmozets, on ne trouve que deux patronymes : les Macintyre et les Bottomley.
L'ambiance semble néanmoins encore au beau fixe, aucun clan n'ayant porté plainte contre l'autre : le mode de vie des Gallagher n'est définitivement plus à la mode.

Toujours est-il que The weird and wonderful Marmozets fut en 2014 une petite bombasse à côté de laquelle la France est passée. Rares sont les webzines qui ont pris le temps de parler de ce disque qui a bien marché outre-Manche et qui a permis au groupe de faire quelques belles scènes.

 

Avec ce premier album, l'étiquette Rock alternatif prenait tout son sens car il offrait un peu de fraîcheur au genre rock/metal sclérosé depuis 15 ans.
Alternatif parce qu'il proposait une chanteuse qui savait aussi bien chanter (vraiment) qu'hurler, qui crachait ses paroles entêtantes avec un sens mélodique hyper naturel.
Derrière cette gueularde charismatique se trouvent 4 bonshommes dont les inspirations sont aussi larges que digérées.
Rock / Math / Metal / Pop : le groupe sait rester tout public en ayant une énergie hyper communicative. 

On pouvait penser à Paramore, à The subways, aux premiers Biffy Clyro (et même à Dillinger Escape plan sur "Vibetech" !) tout en trouvant une véritable personnalité à ces cinq jeunes anglais : The weird and wonderful était une réussite de bout en bout.

Après de très (trop) nombreux concerts durant lesquels le groupe n'a jamais fait semblant de transpirer, les anglais sont retournés en studio pour un disque qui a pris le nom Knowing what you know now.

En 4 ans, force est de constater que le groupe a beaucoup changé.

 

 


 

Il y avait dans The weird and wonderful  une énergie presque punk, une folie aussi furieuse que joyeuse, une touche quasi-artisanale et un sympathique bordel qui arrachait les étiquettes qu'on était tenté de leur coller... cela n'empêchait pas le résultat d'être aussi propre que soigné.

En 2018, Marmozets a partiellement aseptisé son propos musical. 
Le son de cet album n'a rien de naturel, tout y est surfait, surproduit, sous une couche de traitement numérique : le côté punky-foufou du groupe est complètement étouffé.

La chose est encore plus flagrante lorsqu'on s'arrête sur les clips du groupe. 


Le groupe a fait l'effort de mettre en vidéo plusieurs titres de ses albums. Comparons ce qui peut l'être en terme financier : "Major System Error" a dû coûter 3£. Deux caméras qui bougent dans un studio / salle de répète avec deux lampadaires moches et un groupe qui s'est relooké chez H&M avant le tournage.
C'est désagréable, laid et le groupe a l'air de bien s'emmerder.

 

 

"Move shake and hide" (sur leur premier LP) avait eu droit à deux clips pour ce même petit budget. Le premier inventif avec des jeux de lumières, le second "live" donnait une idée (à peine exagérée et avec des caméras qui bougent) de ce que donnait le groupe en live avec les tétons à l'air, des T-shirt de sport trop larges etc.

 

                              

 

Pour Knowing what you know now, le club des cinq a donc décidé de chambouler son image. 
Une évolution en douceur puisque le premier extrait "Play" qui ouvre également ce second album fait le pont entre l'ancien et le nouveau Marmozets.
Sur le clip : des caméras qui bougent, des jeux de lumières (et d'eau) mais aussi un groupe bien fringué pour un son que l'on découvre beaucoup plus "moderne".

 


Le chant est toujours aussi pêchu, les instruments ne manquent pas de patate, mais, encore une fois, l'incisivité de leur compo est étouffée par une couche épaisse de lissage sonore. C'est propre, mais ça manque de rugosité. Heureusement, l'écriture de ce premier morceau sauve l'entame du disque : le refrain est hyper prenant et il donne une furieuse envie de bouger (ce qui tombe bien à l'écoute des paroles).

 

C'est d'ailleurs ce que l'on peut reprocher à Knowing what you know now : le son gâche tout le plaisir d'écoute.
Parce que, dans le fond, le groupe est toujours aussi foufou : capable de mêler pop et gros rock.
"Becca" au micro démontre ses grandes qualités vocales, mais le traitement apporté sur sa voix les gâche plus qu'il ne les accentue... 

Il fait même pire puisqu'il crée involontairement une suspicion sur les capacités vocales de mon amoureuse (Ha ouais, j'suis sous le charme) là où une simple retouche suffisait.
 

Marmozets souhaite tout de même faire évoluer sa manière de composer puisqu'on retrouve des arrangements...qui mettent encore une fois en sourdine le côté brut du groupe. Entre le finish aux cuivres de "Major system error", les cordes d'"Insomnia", on retrouve de bonnes idées mais une mauvaise réalisation.
La prod' n'a toutefois pas tous les vices, puisqu'une profondeur sonore vient claquer dans les oreilles à chaque frappe de la batterie. Cette puissance met en valeur la complémentarité des percussions avec les guitares lorsqu'elles sont plus légères.

Il y a aussi des étrangetés perturbantes dans la création comme "Like a battery" aussi décontenancant que remuant que pop avec son clavier et son electro-bruyant.
On ne peut donc pas reprocher au groupe de ne pas s'oser à quelques expérimentations musicales, lui qui explore tous les horizons...même les plus sirupeux. Le pénible "Me and you" dure une éternité, casse le rythme, et ne s'avère finalement que geignard et ringard.

Un reproche que l'on pourrait faire également au radiophonique "Run with the rhythm".

 

 

Sur cette dernière piste, Marmozets rompt avec ce qu'il sait faire pour un titre plus pop, plus dans "l'émotion". Il marque aussi, avec son clip, un vrai virage. Loin de son image, loin du son dans lequel il a grandi, on soupçonnerait presque le groupe d'avoir des vues sur le rock grand public sans complètement délaisser le rock saturé...

Saturé. C'est sans doute ce qui qualifie le mieux ce son qui, malgré les reproches des dernières lignes, offre de sacrés bons moments.
Parce que le fond des compos laisse apparaître des qualités : les titres sont pour la plupart bien bougeants (plus ou moins "violemment"), les refrains hyper-entêtants etc.

Marmozets continue donc son petit bonhomme de chemin avec un nouvel album qui pourrait le mettre sur la mauvaise voie. Le groupe a de l'or dans les mains (ou dans la voix) : il a la patate, ses compos transpirent un état d'esprit enthousiasmant, c'est super nerveux, les qualités d'écriture sont indéniables MAIS ce n'est plus aussi évident que sur The weird and wonderful... car on sent que ce disque peut les faire vriller sur le prochain.


Il n'est pas rare que cette phrase résonne : "c'est dans la simplicité que s'exprime la sophistication suprême". Elle est là, sensible pendant 45 minutes, dans les compos du groupe, à condition qu'elle ne meurt pas dans entre les doigts de producteurs et d'ingénieurs du son.

 

 

 

 

 

 

Chronique version courte© : 
Cet album est une semi-déception. Marmozets n'est plus aussi secouant que sur le premier album parce qu'il prend le chemin d'une musique plus populaire et accessible marquée par une surproduction qui va presque contre ce qui faisait la réussite de leur LP précédent.

Pourtant, Marmozets demeure une formation à suivre. Les compos ne sont pas moins bonnes, l'énergie du groupe est palpable une fois le vernis de ce disque gratté. Et puis il y a cette personnalité qui, malgré la jeunesse de ses membres, est bien affirmée.

Ce disque décevra relativement les fans du premier, mais il se tourne aussi vers un public plus large qui découvrira à cette occasion, une vision moderne et contemporaine du rock hurlant.

photo de Tookie
le 22/02/2018

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 23/02/2018 à 07:00:06

Record de la chro la plus longue?

Tookie

Tookie le 23/02/2018 à 07:22:10

Je ne pense pas...j'en ai fait de plus longues, et El Gep aussi...

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