Something - Killing Creativity

Chronique mp3 (36:50)

chronique Something - Killing Creativity

Diantre, il semblerait que Manimal ait fait la métamorphose de trop…

 

Bon, alors: on cause ici de Manimal, le héros thérianthrope de cette vieille série que vous ne connaissez sans doute pas si vous n’avez jamais tapoté sur un minitel ni bu du Tang, pas du groupe monté par des membres de Psykup! Non parce que vous avez vu la pochette de Killing Creativity? On croirait que ledit héros est resté bloqué entre 3 eaux, à 65% loup, à 30% humain, et à 5% bovin – rapport à l’anneau dans le nez. Et manifestement cet état transitoire ne lui réussit pas trop, que ce soit en terme de sex-appeal, ou en terme d’intégrité faciale, sa partie gauche étant bien partie pour finir aussi émiettée que le P.S.

 

Alors on n’aime ou pas cette pochette, mais on ne peut nier que ce soit une métaphore pertinente de ce que propose le premier album de Something. En effet, celui-ci fait défiler 9 morceaux aux visages bien différents les uns des autres, la plupart de ceux-ci étant partagés entre plusieurs personnalités qui se côtoient sans vraiment se mélanger – ce qui impressionne, certes, un peu à la manière de cet artwork aux couleurs tranchées, mais sans toutefois nous convaincre à 100%. Après, est-ce que cela risque de vous faire exploser l’oreille gauche, je ne serais pas si pessimiste.

 

C’est que Something aime naviguer entre les genres, mais pas vraiment dans l’esprit des scènes Fusion ou Nawak, non (quoique quelques morceaux me fassent mentir…): ces Allemands préfèrent pratiquer un peu de ceci, puis passer à beaucoup de cela, la transition entre l’andouillette à la moutarde et les cerises au kirsch étant inexistante, ou presque. Et là toutes mes excuses à Madame subtilité, mais je vais devoir vous faire un état des lieux méthodique si je veux que vous preniez bien le mesure de la nature mosaïquesque de l’œuvre ici disséquée. Sortez les crayons et les calepins, et prenez des notes:

- « Carnivore » est tendu et groovy de la basse, dans un registre « Stoner-friendly » qui rappelle The Erkonauts

- « Wannabe » fait dans l’Electro metal relaxant, entre Pain et Menace, mais en plus soft, ce qui ne semble pas contradictoire avec la présence d'un solo de piano, ni avec celle de sonorités de thérémine

- « Moments » nous liquéfie la structure osseuse afin de nous couler sous la couette sans qu’on ait eu le temps de passer par la case ronflements

- « No » sort la grosse disto psyché à la Lenny Krawitz, mais place derrière le micro un coreux vénère ainsi qu’un farceur nawakophone

- « A.W.D. » démarre sur du S.Y.L. raisonnable, vire vers le Meshuggah bon teint, avant d’opter pour le Ska cuivré, puis une sieste lors de laquelle résonne au loin, subrepticement (vers 3:03), un peu d’accordéon (bon, OK, là on n’est pas loin du Nawak)

- « Yes » fait dans la musique d’ascenseur de mi-saison, tout en ménageant un final Death metal instrumental

- « A Butt That Feels Weird » démarre dans la salle de bain orchestrale de Septic Flesh, puis se laisse entraîner sur un terrain 100% Nawak Youpi Metal à la Vladimir Bozar

- « Bastards » prétend la jouer Core-pas-content, mais reste gentillet, dans un registre tantôt proche d'un Mucky Pup-sans-le-fun, tantôt flirtant avec le Megadeth-post-Youthanasia (rien à voir, je sais)

- « On The Run » nous entraîne dans un trip Metal tribal chamanique, tel un Human Fate sans le côté « Modern »

 

Désolé pour le côté étouffe-chrétien de cet inventaire systématique. Mais au moins à présent vous devez mieux vous rendre compte de l’étendue du bordel... Pas de véritable lien entre tout ça, donc, si ce n’est une capacité constante à accrocher l’auditeur, et une envie de s’affranchir des normes usuelles quant à la cohérence stylistique. Sur le papier Killing Creativity devrait théoriquement ravir le fan de Waltari que je suis. Et c’est vrai que dans l’absolu, l’entreprise s'avère intéressante. Sauf que l'oreille bute sur des petits détails. La voix de Leather Bastard Jesus Christ (oui) par exemple, qui parfois n'est pas mixée suffisamment en avant (ça, c’est minime). Plus important: ce refus des conventions et des contraintes aurait gagné à s'habiller de plus de folie, de fun et d’énergie – à la Waltari, donc – pour que ça prenne vraiment. Au lieu de ça il ressort de l'opus quelque-chose d’encore un peu confus, un peu timide… Bref: la démarche est bonne, mais l'implémentation est encore perfectible, Messieurs. On vous encourage donc à persévérer dans cette voie. On se rappelle, on s’fait une bouffe!?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: le premier album de Something part dans TOUS les sens. Stoner, Electro Metal soft, tribal, core, relaxant, Death, Djent… C’est un peu n’importe quoi, sans pourtant mériter véritablement l'appellation Nawak Metal. Du coup on est émoustillé, mais pas encore 100% convaincu. En même temps ce n’est qu’un premier album…

photo de Cglaume
le 14/05/2018

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