Rivers Of Nihil - Monarchy

Chronique CD album (49:26)

chronique Rivers Of Nihil - Monarchy

Le phénomène n’a pas tout à fait la même ampleur que le pillage des ressources Meshugghiennes par la mafia Djent, n’empêche: on compte de plus en plus de combos dont les bourgeons discographiques ont poussé sur le fertile terreau Gojira. Tiens, pas plus tard que ‘y a pas longtemps, l’ami Xuartec vous causait ici-même du premier album de Livhzuena, exemple parmi tant d’autres de groupe hautement sous influence. Ce qui est moins fréquent par contre, c’est que ce type de bouturage soit pratiqué en dehors de l’enclos hexagonal. Et pourtant, c’est des States Unis d’America que nous vient Rivers of Nihil, et si l’on s'abstiendra de réduire sa musique à un strict recyclage du back catalogue des landais, ce n’est que pour éviter de passer sous silence les 25% de ces éléments autres qui offrent tout de même la possibilité de s’adonner un court instant au jeu des 7 différences (quoique... Ira-t-on jusqu’à 7?).

 

Bon alors si on se cantonne à lire la fiche technique officielle, ce que ces américains – fraîchement signés chez Metal Blade, après 2 EP et un 1er album – nous proposent est un Modern Death Metal agrémenté d’éléments atmosphériques hérités du Post-rock, et gonflé d’une noirceur, d’une tristesse et d’une rage alimentées par de tragiques événements personnels. Et en effet, c’est bien l’impression d’entendre un Gojira broyant du noir sur fond de nappes ambiantes et charbonneuses qui nous saute aux esgourdes à l’écoute de Monarchy. Cette pesanteur de mastodonte emprisonné dans des glaces éternelles, cette densité extrême semblant parler la langue des Trous Noirs, cette lourdeur massive déployant ses saccades avec une ampleur tectonique, ces aérations décollant sur un bouillonnement rythmique intensif, ce growl écorché typiquement JoeDuplantesque, ces incartades aux limites de la dissonance Morbid Angelienne… On est en plein dans la première moitié des 2000s, entre The Link et From Mars To Sirius, mais sans l’approche « Gaïa, Ents & Yann Arthus-Bertrand » de nos fameux Frenchies.

 

Sans blague, tout au début de la looongue introduction « Heirless », ces échos glacés semblables à un S.O.S. émanant d’un cachalot dérivant dans la froideur des espaces intergalactiques, ce n’est pas du pur Gojira? Et l’avancée massive de cette tempête cataclysmique qui, à l’horizon, menace de tout dévaster sur « Perpetual Growth Machine »? Et ces saccades qui charclent profondément l’humus de nos vertes prairies, après le démarrage relativement champêtre de « Sand Baptism »? Certes, le groupe est peut-être plus porté sur les grosses rythmiques blastées et le coulis de jus de suie que la Duplantier family… M’enfin une fois le parallèle établi, dur d’occulter l’évidente filiation qui lie les 2 formations!

 

Mais soyons sport, et constatons quand même les éléments différenciateurs qui rappellent que ces Rivières du Nihil ne se jettent pas dans le Golfe de Gascogne. Comme ces protestations aux accents indubitablement Black qui jaillissent parfois de derrière le micro. Et comme cette fine dentelle qui est parfois brodée en marge des grosses déferlantes furibardes, celle-ci pouvant évoquer le raffinement technique et « post- » de tout un pan de l’écurie Klonosphere (... en même temps, là on reste dans l’Hexagone). On reconnaitra encore que sur la 2e moitié de l’album, on trouve carrément plus de ces incartades hors des sentiers Gojiriens, ainsi qu’une propension plus nette à sortir la basse et à montrer son savoir-faire technique. D'ailleurs on en hésiterait presque parfois à coller un "Tech-" quelque-part dans l'étiquette stylistique. A ce titre, le très bon « Dehydrate » se démarque vraiment de ses consœurs, ainsi que – et même plus encore – « Terrestria II: Thrive », dont l’approche 100% instrumentale permet de couper le cordon vocal avec M. Duplantier.

 

Mais ils auront beau dire, ils auront beau faire, j’avoue avoir du mal à comprendre qu’aussi peu des chroniques lues ci et là mentionnent l’une des influences évidentes (… mais peut-être inconsciente) des américains. Tout comme j’avoue avoir du mal à m’enthousiasmer autant pour un album possédant certes de bons atouts, mais en quantité trop marginale pour justifier une quelconque apparition dans les classements de fin d’année. Fan de Death technique et de qualité, tentez l'aventure Monarchy si le cœur vous en dit, puis allez plutôt vous enivrer les tympans au son des derniers Gorod et Alkaloid.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Imaginez un Gojira rageusement déprimé, ayant haussé son niveau de violence rythmique d’un petit poil, et systématisant les nappes atmosphériques typées « Post- »… Vous obtenez alors Monarchy, 2e album des américains de Rivers of Nihil, qui – quand même, parfois – réussit  à se démarquer un peu de son modèle, notamment sur sa 2e moitié où il déploie une technicité faisant plus dans les nuances que dans le démonstratif. 

photo de Cglaume
le 29/10/2015

6 COMMENTAIRES

S1phonique

S1phonique le 29/10/2015 à 09:30:55

Lapin tes oreilles ont beau être bien longues ...tu entends de travers bouhhh !!!
vilain lapin...vilain vilain....
il est bien meilleur que le premier Na !

cglaume

cglaume le 29/10/2015 à 09:39:53

... Sans doute, mais je n'ai pas écouté le 1er (... 'devait pas être folichon ! :P ).

Mais je suis sûr que tu es d'accord avec ma conclusion:
"... allez plutôt vous enivrer les tympans au son des derniers Gorod et Alkaloid"

Pas vrai ? ;)

S1phonique

S1phonique le 30/10/2015 à 11:58:04

Toutafé lapinou les deux sont ex æquo dans le S1Pho_Top_2015 ! ! !


1) deux n° 1
ALKALOID - The Malkuth Grimoire
GOROD - A Maze of Recycled Creeds
puis pas bâtard non plus :
3) CATTLE DECAPITATION - The Anthropocene Extinction

il devrait y avoir ensuite des trucs sympatoches mais laissons les dernières semaines confirmer mon avis ^^ : du Recueil Morbide? du Angellore? du Mindscar ? du Sulphur Aeon ? et des trucs romantiques absolument pas recommandable en ces lieux ^_^

cglaume

cglaume le 30/10/2015 à 12:22:37

'faudrait que je me l'écoute, tiens, le Cattle...

Be'lakouille

Be'lakouille le 01/08/2019 à 10:18:37

Une bonne tête à claque ce chroniqueur,
Pas obligé de faire dans le condescendant et le néologisme pour faire du constructif, on dirait une manie des chroniqueur pour justifier le peu d'utilité qu'ils ont au sein d'une communauté déjà éclectique.
(bah ouais pas besoin de quelqu'un pour écouter de la musique, chacun ses oreilles)

Le pragmatisme vaincra.

cglaume

cglaume le 01/08/2019 à 19:26:04

On peut aussi respecter ceux qui ont un avis différent du sien, et ignorer les sites de chroniques quand manifestement on n'en a pas besoin. Mais cela prend du temps de devenir un utilisateur mûre du web...

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