Capillary Action - So Embarrassing

Chronique CD album (31:20)

chronique Capillary Action - So Embarrassing

Dans la famille Nawak metal, certains choisissent l’option « Coussin péteur thermonucléaire ». Cette approche Tu-vas-rire-dis-sinon-Boum-dans-ta-tronche favorise l’éclosion des Whourkr et autres groupes reprenant la Macarena à la sauce electro-porngrind. C’est pas forcément fin, mais ça se mange sans faim. A l’autre extrémité du spectre nawakesque, certains préfèrent enfiler les patins et mettre une petite laine avant de laisser parler les marioles qui sommeillent en eux – ce qui limite forcément les débordements d’agressivité. C’est le cas, par exemple, de Fool Gator, de Kids Eat Crayons… Ainsi que de Capillary Action.

 

Ne mélangeons toutefois pas les torche-cons et les serviettes hygiéniques: même si ces groupes partagent – pour la plupart – une capacité certaine à pondre des pochettes à la « sophistication » confondante (à un tel point que pour sa sortie européenne en 2009, So Embarrasing a bénéficié d’un léger ravalement de façade – cf. ici), Capillary Action propose tout de même une musique bien plus sexy que celle de son compatriote Aligator-le-foufou. Si si. Pourtant c’était pas gagné, vu que le créneau de Jonathan Pfeffer – le tireur de ficelles de ce quasi-one man’s band à la mode Annihilator – c’est, je le cite, « …l’intersection précaire des univers de la musique contemporaine, du punk DIY et de la Performance artistique ».

 

Gné ?

 

Traduit en des termes cglaumiens, cela devient un mix improbable des fulgurances math-épileptiques d’un TDEP en costard et du swing smooth d’un big band jazzy, le tout animé d’une bougeotte expérimentale renvoyant au Disco Volante de Mr Bungle. Bref, quand on s’écoute So Embarrassing, on a l’impression de siroter un Sex On The Beach à la paille au bar lounge du Bedlam Hotel – à la paille parce que c’est plus facile quand on porte une camisole.

 

Malgré son côté « Martini en terrasse à Capri » et son extrême homogénéité (ah bon, l’album comporte 11 morceaux distincts?), ce 1er album ne s’avale pas comme ça, d’un trait, les yeux fermés et le sourire épicurien aux lèvres. D’ailleurs la toute première fois, à écouter ces cuivres chaleureux, ces violons bien élevés et ce chant de crooner Mike Pattonien, on se demande pourquoi diable on a autant de mal à digérer cette musique a priori bien sous tous rapports – voire limite « lisse » parfois. Et puis on réalise à quel point tout ça est habité d’une continuelle effervescence spasmodique, ainsi que d’une volonté manifeste – et maligne – d’emprunter constamment des détours malaisés au lieu d’attaquer de front. Sauf que la force de Mr Pfeffer tient entre autres dans sa capacité à dégainer aux moments les plus impromptus de courts instants de pure grâce musicale comme de superbes mélodies vocales (« Keep the Chaperones’s hands oo-cu-pied…. »  sur  « The Chaperone », « Sooo-clooose, it’s deafening… » sur « Bloody Nose »…). Du coup, au lieu d’être un simple interlude hispanisant sympa-mais-un-peu-longuet, « Paperweight » devient une marche onirique le long d’un corridor débouchant sur le spectacle magique de l’éclosion d’un final grandiose et serein. Et plutôt que de n’être qu’un morceau aussi inconsistant que crispant, « Father Of Mine » devient l’écrin d’un refrain ascendant lumineux.

 

Attention quand même hein: So Embarrassing ne contentera véritablement que les adeptes d’expérimentations classieuses et arty. Il existe un risque non nul que les fans de Nawak metal badaboumesque finissent les nerfs en pelote, et s’en retournent la queue basse et insatisfaite vers leurs Bungleries préférées. D’autant que « Self-Released » clôt le show sur une sorte de laisser-aller sans panache, que c’en est presque une honte – appelez-moi le directeur: j’exige un vrai grand final nerveux et focalisé, j’ai payé après tout!

 

« Bon alors quoi? Tu nous le recommandes cet album ou pas? »

 

Eh bien c’est mi-figue mi-ananas: un peu trop élitisto-foutraque et pas assez virulent, l’album est tout de même plein de bonnes choses et de réflexes clairement Bungliens. Donc c’est à chacun de voir – après tout l’album s’écoute sur Bandcamp (…et à gauche de la chro) hein! Pour la petite histoire, So Embarrassing a été suivi 3 ans plus tard par Capsized, opus plus « spartiate » d’après Jonathan, et effectivement encore moins metal que cette 1ere sortie. Donc là désolé, mais je passe. Par contre je vous invite quand même à aller jeter un coup d’œil au site de l’artiste (Jonathan, donc, pas Capillary Action) qui est très prolifique, DIY à donf, et dans un trip bien à lui qu’on ne peut que respecter.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur So Embarrassing, vous entendrez du Mr Bungle arty-jazzy-expérimental qui croone suavement et balance des cuivres pour faire croire à Mamie qu’elle regarde Drucker, mais qui secoue Papy par le caleçon lors d’accès chaotico-nawako-math-tortueux. Pas mal, bien qu’un peu frustrant aux entournures.

photo de Cglaume
le 09/04/2014

2 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 09/04/2014 à 14:36:05

ultra lol-cooloss-mdr-mdr mais pas trop quand même en somme ^^

cglaume

cglaume le 09/04/2014 à 15:10:22

C'est ça. C'est bon, mais on aurait aimé que ça soit plus badaboum, plus détendu du groove, plus pif-paf-dans-ta-face quoi ! :)

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